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Pitcher son expérience à l’étranger

Savoir pitcher son expérience, qui plus est quand on vit et travaille à l’étranger, c’est essentiel. Cela permet de valoriser et capitaliser sur son expérience, ses atouts et ses compétences. Pourtant c’est difficile, car le risque est grand d’ennuyer rapidement votre interlocuteur ou bien de passer pour quelqu’un de prétentieux, et c’est l’impact inverse que l’on veut avoir. Dans ses accompagnements, Bénédicte Franchot aide des expatriés à maîtriser l’art du pitch. Elle partage ses conseils pratiques pour construire les bases d’un pitch qui va susciter l’intérêt de vos interlocuteurs.

un homme fait un pitch devant des personnes assisesun homme fait un pitch devant des personnes assises
Photo de Austin Distel sur Unsplash
Écrit par Bénédicte Franchot
Publié le 2 avril 2024, mis à jour le 7 avril 2024

Pourquoi pitcher son expatriation ?

Quand on rentre d’expatriation, on a tellement de choses à raconter, à partager !
Pourtant, parler de son expatriation ne va pas de soi. Il faut savoir faire un pitch percutant, qui va attirer l’attention, susciter l’intérêt et permettre de tisser ou renforcer les liens avec vos interlocuteurs, qu’ils soient vos managers, collègues ou recruteurs.

Lorsque je suis revenue à Paris, après 9 ans au Japon, beaucoup de gens étaient curieux de mon expérience. Ils m'ont posé des questions sur le Japon, sur ce que j'aimais dans ce pays, sur ce que je n'aimais pas, sur ce qui me manquait maintenant que j'étais de retour, etc… J’ai observé un phénomène récurent : quand je commençais à répondre à leurs questions, rapidement la conversation changeait de cours et c’était eux qui m'expliquaient ce qu'ils savaient sur le Japon, ce qu'ils aimaient ou n'aimaient pas (qu’ils y soient allés ou non d’ailleurs) …

Je ne leur jette pas la pierre, car je sais que nous sommes tous - en tant qu'humains - "câblés" comme ça : lorsque nous écoutons, nous nous concentrons sur ce qui nous importe, ce qui nous intéresse. Nous écoutons ce que nous disent les autres si cela fait sens pour nous, rarement par curiosité pure. Nous aimons parler de nous-mêmes - bien plus que d'écouter les histoires des autres.

Ecouter demande une certaine disposition d’esprit, de la disponibilité et de la curiosité. Dans la réalité, au quotidien, ce n’est pas le cas. Lorsqu’on parle de soi, peu sont ceux prêts à nous écouter, et ce pour deux raisons.
D’abord, nous avons tous une vie bien remplie et 5 minutes d’attention continue sont déjà une rareté. Pour aller au-delà de cela, il faut que ce que l’on a à dire apporte une valeur ajoutée ou réponde à un intérêt précis de notre interlocuteur.
Ensuite, il est difficile d’écouter si l’expérience qu’on nous narre ne correspond à rien qui nous est connu ou familier. Si cela nous est étranger, si cela ne s’apparente pas à quelque chose que l’on a soi-même vécu, on décroche rapidement.

Si on tente de raconter sa vie en expatriation avec un certain degré de détails, au mieux on perd notre auditoire au bout de quelques minutes. Au pire, ils seront irrités et prendrons cela comme de la vantardise, une façon de se mettre en avant. “elle nous la ramène encore avec sa vie de princesse…”

Donc en résumé il faut savoir faire court et être accrocheur pour parler de son expérience et avoir des chances d’être perçu comme digne d’intérêt : c’est donc l’art du pitch qu’il nous faut maitriser.


La magie du « Storytelling »

Raconter son histoire, quand on sait le faire, c’est magique !
Nous sommes tous fascinés par les histoires, comme celles que nous écoutions, dans notre enfance. Nous sommes formés par les histoires que nous avons entendues, et celles que nous avons lues.

Dans notre pitch, il nous faut faire court mais aussi parler au cœur autant qu’à la raison. Une histoire permet d’inspirer, motiver, faire réfléchir, stimuler la curiosité et l’intérêt de ceux qui l’écoutent. La création d'un récit authentique, unique, original et convaincant est essentielle pour susciter la confiance et influencer nos interlocuteurs.

Les gens s'identifient plus facilement aux histoires et sont plus susceptibles de se souvenir du message qu'elles véhiculent. Cela vaut aussi bien pour une communication informelle que pour un environnement plus formel, telle qu'une présentation.

Une histoire permet de:
-    Mettre en évidence des comportements,
-    Rendre des informations et des données techniques beaucoup plus mémorables
-    Partager les leçons et les valeurs qui nous définissent
-    Persuader et motiver les gens à suivre notre cause
-    Inspirer les autres à passer à l'action

 

Comment choisir son « histoire »?

Les bonnes histoires ont un certain nombre de caractéristiques : elles nous surprennent, elles nous font réfléchir, elles nous marquent et nous aident à nous souvenir d'idées d'une manière qu’un message standard ne peut pas faire.
Pour que les gens accrochent à notre histoire, il faut leur parler d’eux-mêmes, de ce qui leur tient à cœur. Notre pitch devra donc être basé sur quelque chose qu’ils connaissent et qu’ils ont vécu.

La clé est de trouver et d'utiliser un point fort ou une anecdote de votre expérience d'expatrié, comme matériau pour construire une histoire originale et authentique.

Le thème de notre histoire doit être à l’intersection entre :
-    Un moment vécu par nous-même (non pas rapporté ou vécu par quelqu’un d’autre), un moment remarquable et unique
-    Un sujet familier à notre interlocuteur – pour cela on peut utiliser un stéréotype, en allant dans son sens ou au contraire en l’invalidant
-    Un sujet qui dit quelque chose de spécifique sur vous
-    Le « pourquoi » de votre pitch : le message que vous souhaitez faire passer. Celui-ci peut être la valorisation d’une compétence que l’on a acquise ou au contraire « désapprise », à travers un comportement. Il peut être aussi la mise en relation avec d’autres sources ou experts sur le sujet, etc…


Les sujets de pitch sur lesquels mes clients ont construit des pitchs réussis tournent autour des thèmes suivants :
-    Comment l’expatriation me change ou m’a changé
-    Mes apprentissages, notamment lors de situations cocasses
-    Des anecdotes au sujet de moments où je suis sortie de ma zone de confort
-    …


Un pitch = un « message »

Il s’agit d’une autre étape-clé, car il est important d’avoir un lien logique et évident entre notre histoire et ce qu’elle représente. La “morale” de notre histoire doit être simple, faisant apparaître clairement le pourquoi du choix de cette anecdote ou cette situation et le message que l’on souhaite faire passer.

Message positif ou négatif ? Succès ou échec ? En fait, les gens auront tendance à nous faire davantage confiance si on parle d’une situation embarrassante ou cocasse  - cela crée une plus grande vulnérabilité qui est un signe de force plutôt que de faiblesse. Si on peut en rire, cela signifie qu’on a appris notre leçon et qu’on en est sorti plus fort.

Cela dépend également de la culture et des attentes de notre interlocuteur. Dans la culture japonaise, par exemple, où l'autopromotion est proscrite, le fait de parler de nos réalisations est perçu comme de la vantardise avec un impact négatif. Il vaut mieux choisir une situation où l’on fait preuve d’humilité.


3 étapes pour écrire son pitch

Le choix du sujet et de la situation ou l’anecdote est la première étape. Elle est clé mais il en reste deux autres, et non des moindres !

La 2ème étape est celle du choix du démarrage, de “l’accroche”. Vous pouvez choisir de commencer par une question, un chiffre marquant, par « il était une fois… »
Ceci permet de capter immédiatement l’attention, de créer une sorte de suspens.
Il faut surtout éviter de commencer par de longues explications sur le contexte, destinées à planter le décor. Au bout de trois phrases on aura perdu notre interlocuteur !

La 3ème étape est celle de la rédaction, puis de la relecture et de la réécriture.
On dit souvent qu’écrire, c’est 10% d’écriture et 90 % de ré-écriture…
Une première version une fois écrite, il nous faut tester, nous enregistrer, récrire, raccourcir, simplifier…


Utiliser l’Intelligence Artificielle, ou pas ?

C’est un sujet récent. L’IA peut effectivement aider à la rédaction, pour rendre notre narration plus fluide, plus percutante, ou en changer le ton, plus ou moins formel par exemple. Mais le fait d’ancrer notre pitch sur une anecdote ou une situation vécue, réelle et personnelle, garantit le fait que notre histoire reste unique et ne peut être confondue avec une histoire générée par un outil AI.

Mon dernier conseil est de terminer notre pitch par une question. Pourquoi ? Car il ne faut pas perdre de vue que l’objectif de ce pitch c’est de parler de nous mais aussi de créer un contact, une connexion, avec notre interlocuteur. L’amener à parler de lui/elle, de ce qu’il pense, pouvoir discuter et échanger.

Et vous, quel est votre pitch?

Pour en savoir plus, vous pouvez suivre Bénédicte Franchot sur les réseaux sociaux :
-    LinkedIn
-    Page Facebook : The Great Floating Tribe
 

Vous pouvez faire appel à elle pour participer aux ateliers qu’elle organise sur ce sujet, en anglais et en français, ou la solliciter sur un accompagnement individuel et personnalisé.

 

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