La métamorphose de Picasso au Mudec

A Milan, le Mudec accueille Picasso jusqu’au 20 juin 2024. L'exposition propose une réinterprétation de la très riche production du peintre, à la lumière de son grand intérêt pour les sources artistiques « primitives ».

Picasso ne considérait pas comme « primitif » l'art qui l'inspirait ; il ne voyait pas d'« avant » ni d'« après » dans l'art. « Il n’y a ni passé ni avenir dans l’art – soulignait-il –. Si une œuvre d’art ne peut pas toujours vivre dans le présent, elle n’a aucun sens.» Pablo Picasso a en effet su, plus que n'importe quel artiste de sa génération, les comprendre et les réinventer.
Avec cette exposition, le Musée des Cultures de Milan (MUDEC) propose au public de lire la très riche production de Picasso - depuis ses premières œuvres jusqu'à ses dernières - à la lumière de son grand intérêt pour les sources artistiques « primitives », pour « l'art primitif » et raconte cette réélaboration intellectuelle constante, l'héritage artistique de sa vision à travers un projet d'exposition spécialement conçu pour être hébergé au Musée qui raconte les cultures du monde, leur influence mutuelle et constante.

Avec le retour au « primitivisme », vers 1925, l'artiste puise les outils du langage plastique à partir d'exemples africains (des masques tribaux), mais aussi néolithiques et proto-ibères (sculptures de l'Espagne pré-romaine), il s'inspire de l'art océanien, de l'art antique égyptien et celui de la Grèce classique (vases à figures noires). Picasso invente des transpositions, remodèle des figures aux volumes disproportionnés, dans une métamorphose constante qui ont souvent une forte connotation érotique, et qui régiront l'évolution de sa peinture et de sa sculpture, notamment dans les moments de crises personnelles ou sociales.

Plus de 40 œuvres du maître espagnol au Mudec

L'exposition, organisée par Malén Gual, conservateur honoraire du Musée Picasso de Barcelone, avec Ricardo Ostalé, présente plus de quarante œuvres du maître espagnol, dont des peintures, des sculptures, ainsi que 26 dessins et croquis d'études préparatoires, du précieux Quaderno n. 7 prêté par la Fondation Pablo Ruiz Picasso - Musée Casa Natal de Malaga.
Avec la Casa Natal de Malaga, le Musée Picasso de Barcelone, le Musée Reina Sofia de Madrid, ainsi que de nombreux collectionneurs privés, l'accompagnement dans ce voyage particulier et inédit de tous les principaux musées espagnols, qui possèdent les collections les plus importantes de Picasso, apparaît fondamental.

Le projet est également l'occasion de revoir la "Femme nue" appartenant aux collections civiques milanaises (conservé au Musée du Novecento), un merveilleux tableau qui fut un prélude fondamental au chef-d'œuvre de Picasso "Les Demoiselles d'Avignon".
Dans un jeu de miroirs et de références qui va du passé le plus lointain au présent, la sélection de la production du maître espagnol dialogue avec un corpus de sources anciennes et de trouvailles archéologiques et ethnographiques, constituées par les collections permanentes du MUDEC.
 
"La métamorphose de la figure" vient clôturer idéalement une longue année 2023 de célébrations du 50e anniversaire de la mort du peintre avec une exposition fortement et volontairement espagnole dans l'identité du projet, mais aussi universelle, conformément à la démarche artistique que Picasso offre au public.