La rétrospective Pino Pascali à la Fondation Prada de Milan

La Fondazione Prada présente une vaste rétrospective consacrée à l'artiste italien Pino Pascali (1935-1968). Le projet explore le caractère innovant de son œuvre, notamment en ce qui concerne sa production sculpturale. A voir jusqu’au 23 septembre 2024.

La Fondazione Prada propose une exposition d'envergure dédiée à l'artiste italien Pino Pascali (1935-1968). Son impact fondamental sur plusieurs générations d'artistes et de critiques au cours des cinquante dernières années continue de susciter un vif intérêt à l'échelle mondiale.

Organisée par Mark Godfrey, l'exposition est divisée en quatre sections, chacune offrant une perspective précise sur la production de l’artiste, et se déploie dans trois bâtiments du siège de Milan : le Podium, la galerie Nord et la galerie Sud. Conçu par 2×4, le parcours d'exposition comprend quarante-neuf œuvres de Pino Pascali provenant de musées italiens et internationaux ainsi que de prestigieuses collections privées ; neuf travaux d'artistes d'après-guerre ; une sélection de photographies et une vidéo représentant l'artiste avec ses œuvres.

La première section analyse l'approche avec laquelle Pino Pascali a réalisé ses expositions de 1965 à 1968, créant des environnements originaux plutôt que de simples sélections d'œuvres de son atelier. La deuxième partie explore ses interventions les plus significatives dans d'importantes expositions collectives de cette époque et inclut les travaux des artistes qui ont exposé avec lui. La troisième section examine l'interaction de Pascali avec ses sculptures dans les photographies prises par Claudio Abate, Andrea Taverna et Ugo Mulas et comment ces images suggèrent des modes d'approche fantasques de son travail. La quatrième section étudie quant à elle l'utilisation par Pascali de matériaux naturels et industriels, en examinant leur origine, leur utilisation commerciale, quels autres artistes les ont utilisés et leur évolution au fil du temps.

Pino Pascali, le destin écourté d’un artiste

Né à Bari en 1935, Pino Pascali déménage à Rome en 1955 pour étudier la scénographie à l'Académie des Beaux-Arts. Il travaille comme assistant scénographe dans différentes productions télévisuelles de la Rai et collabore en tant que designer et scénographe pour le cinéma et quelques agences publicitaires. En 1965, il tient sa première exposition personnelle à la Galleria La Tartaruga à Rome. En 1968, il décède tragiquement dans un accident de moto à l'âge de 32 ans, la même année que sa présentation monographique à la Biennale d'art de Venise.

Comme l'écrit Mark Godfrey dans le texte publié dans le catalogue, "Pascali a exploré la relation entre sculpture et éléments de scène et a opposé sculpture et objets d'usage. Il a créé des œuvres qui semblent être des ready-made de loin, mais qui se révèlent être fabriquées à partir de matériaux de récupération à un examen plus attentif. Il s'interrogeait sur les potentialités d'une sculpture 'fausse' ou 'simulée'. Il donnait à ses œuvres des noms comme s'il s'agissait de corps solides, clin d'œil à son public, conscient à son tour qu'il s'agissait de volumes vides. Il utilisait des éléments naturels comme la terre et l'eau ainsi que des matériaux de construction comme l'amiante-ciment, et il divisait ses mers et champs en unités modulaires. Il apportait en studio de nouveaux produits de consommation et des tissus synthétiques pour créer des animaux, des pièges et des ponts. Et si la complexité de son approche de la sculpture est indéniable, le facteur qui rend sa pratique artistique si brillante et originale en est un autre. Pascali est un artiste toujours actuel parce qu'il était un 'exhibitionniste'. [...] Pascali comprenait que les artistes d'après-guerre devaient consacrer autant d'énergie à l'exposition de leurs œuvres qu'à leur peaufinage en studio."

Marie SORS