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COUCHSURFING – Ces Milanais qui prêtent leur canapé

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 18 novembre 2014, mis à jour le 19 novembre 2014

Prêter son canapé à de parfaits inconnus ? L'idée peut faire peur. Pourtant ils sont nombreux à ne pas hésiter. Le Couchsurfing permet de découvrir un pays, ses coutumes, en allant vivre chez les habitants. D'autant que la gratuité va de soi. La communauté milanaise est l'une des plus actives au monde. Elle organise, grâce au réseau social, de nombreux événements.

Ils sont italiens. Mais aussi français, anglais, grecs, américains, iraniens, argentins... Ce mardi soir, ils se retrouvent tous au Long Island, un bar des Navigli, pour pratiquer leur anglais en théorie, mais surtout pour passer un bon moment ensemble.

Ils sont milanais d'origine ou d'adoption. Ils sont de passage pour une nuit ou une semaine. Ils ne se connaissent pas, mais sont heureux de se rencontrer. L'ambiance du soir reflète assez bien la philosophie du Couchsurfing (littéralement surf sur canapé, vous comprendrez le principe !). Pas la peine de se connaître pour s'amuser, rigoler, débattre, partager, échanger, autour d'un verre.

Ce soir, Daniel, un Américain, ne dormira pas dans une gare comme il l'avait prévu. Il passera finalement la nuit chez Edoardo, un Italien, qui a gentiment proposé de l'héberger. Il y a toujours de la place sur un canapé. Alors pourquoi ne pas le partager ?

Milan, une communauté active

La communauté milanaise est l'une des plus actives au monde. Elle compte entre 8.000 et 10.000 membres. Parmi eux, une centaine de personnes, très impliquées, se démènent pour organiser des événements. Il y a le traditionnel meeting du mardi, l'happy hour en anglais, ou la sortie du vendredi. Le réseau permet de rencontrer et de nouer des amitiés.

Carole est française, mais elle fait des allers-retours réguliers entre l'Hexagone et l'Italie. La communauté de Milan lui tient à c?ur. "Il y a des membres que je considère vraiment comme des amis." Pour Maurizio, l'un des ambassadeurs du Couchsurfing en Italie, cela ne fait pas doute. "Nous sommes en quelques sortes une grande famille."  

Chaque année, deux grandes fêtes de la communauté ramènent des voyageurs du monde entier à Milan. En septembre, il y a l'anniversaire et en février le carnaval. A cette époque de l'année, Niccolò peut accueillir jusqu'à une quinzaine de personnes dans son appartement. Le Couchsurfing, un mélange entre voyage, hospitalité et rencontres, pourrait-on résumer.

Un canapé et de nombreux souvenirs

Tous se sont inscrits sur le réseau à des moments différents mais pour des raisons souvent semblables. Maurizio Mangano est

d'origine sicilienne et pour lui, cela explique en partie "son sens de l'hospitalité". Depuis 8 ans, ce quinquagénaire a vu passer sur son canapé des voyageurs de toutes les nationalités ou presque. Ambassadeur du réseau en Italie, il a lui aussi voyagé partout dans le monde. Il se souvient d'un meeting à St-Petersburg, l'année dernière, où en l'espace d'une soirée, il a vu plus d'une vingtaine de personnes qu'il avait hébergées auparavant. "C'était la plus belle émotion de ma vie. Toute la soirée, des gens sont venus me saluer." Des histoires sur le Couchsurfing, il n'en manque pas. Dans son esprit trotte toujours une rencontre faite il y a cinq ans avec une jeune fille japonaise. "Quand on reçoit, on se doit de se renseigner sur les coutumes du pays pour ne pas rendre l'invité mal-à-l'aise". Quand il accueille la jeune fille, il lui tend la main, et fait de même lors de l'au revoir trois jours plus tard. Mais celle-ci, qui a pu observer les pratiques italiennes le "prend dans ses bras et me fait la bise. Et bien j'en ai versé une larme."

Certains reçoivent des hôtes chaque mois ou chaque semaine et ne les comptent même plus. Ce n'est pas le cas de Niccolò, qui a accueilli, il y a deux semaines, son millième invité. "J'accueille des personnes que je n'ai jamais vues", résume-t-il. Rien de plus normal pour lui. "Le Couchsurfing n'est pas une seconde vie, c'est ce que je suis". Le jeune homme est de tous les meetings et accueille sans se poser de question. "Même ceux qui n'ont pas de références". Des histoires, lui aussi, en a plein la tête. Il voyage souvent en Europe afin de revoir ses invités, devenus des amis. Et l'expérience se passe presque toujours bien. "Cela m'est arrivé une seule fois, de renvoyer des gens de chez moi".

Carole a franchi le cap il y a 10 ans. Elle voyage partout. "Je me souviens de ce séjour hallucinant à Copenhague. L'appartement de notre hôte était un véritable vivarium, avec des reptiles partout. Et pourtant, nous avons été reçus mieux que dans un cinq étoiles." Elle souhaite d'ailleurs transmettre ces valeurs à son fils, lui apprendre à être "open-minded" (ouvert d'esprit) et projette de partir en voyage à la découverte d'autres contrées avec lui.

Aux origines du Couchsurfing

A l'origine du Couchsurfing, un jeune Américain en voyage et des idées plein la tête. En 1999, Casey Fenton décide de partir en Islande. Il souhaite vivre cette expérience au maximum et au plus près des habitants. Il arrive à trouver le mailing d'une université et envoie des e-mails à plus de 50.000 étudiants. Il recevra plusieurs dizaines de réponses positives et trouvera donc un hébergement gratuit chez l'habitant. L'idée lui trotte dans la tête. En 2004, il crée la plateforme Couchsurfing. Selon le site, le réseau compte actuellement 9 millions de membres.

Maurizio se rappelle avoir accueilli le fondateur à Milan. Ce dernier a laissé une référence. "Il avait tant d'histoires intéressantes sur les communautés de Milan et d'Italie, au fils des ans. J'ai aimé écouter ses histoires. Elles m'ont définitivement rendu plus proche de la communauté Couchsurfing en Italie et à Milan. Pendant mon séjour à Milan, il (Maurizio) m'a présenté à de merveilleuses personnes et m'a laissé un beau sentiment sur la ville", a écrit le fondateur sur le profil de son hôte.

Certains comme Niccolò prêtait déjà leur canapé bien avant. "J'ai commencé en 2001. Il n'y avait pas de site donc pas de règles." Le site leur a permis de rencontrer des personnes du monde entier. Tous regrettent cependant la progressive commercialisation de la plateforme depuis 3 ans. "La sécurité y est moins présente, puisque les profils ne sont plus vérifiés", déclare Maurizio.

Toinon Debenne (Lepetitjournal.com de Milan) ? mercredi 19 novembre 2014

Crédits photos : Maurizio Mangano

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Publié le 18 novembre 2014, mis à jour le 19 novembre 2014

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