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Entre objecteurs et attentes interminables, le recours à l’IVG est en recul en Italie

Alors que la France vient d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, de moins en moins de femmes ont recours à l’IVG en Italie, où plus de la moitié des praticiens sont objecteurs de conscience.

médecin en blouse blanche les bras croisésmédecin en blouse blanche les bras croisés
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 10 mars 2024, mis à jour le 23 mars 2024

46 ans après la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, avorter en Italie est toujours difficile. Dans la Péninsule, le droit à l'avortement est protégé par la loi 194, adoptée en 1978. Le texte autorise l'IVG jusqu'à 90 jours d'aménorrhée (environ douze semaines après les dernières règles), soit un délai semblable à celui en vigueur dans la plupart des autres pays européens.

Le recours à l'IVG connaît malgré tout un recul massif dans le pays. En 2021, dernière année de référence pour les chiffres officiels, 63.653 IVG ont été dénombrées en Italie, soit 4,2% de moins que l’année précédente. Et bien moins qu’en 1983, où 230.000 IVG ont été pratiquées. Il s’agit de l’une des valeurs les plus basses au niveau international, indique le rapport annuel transmis au Parlement en octobre 2023.
À l’inverse, le nombre de recours à l'IVG augmente en France au cours de ces dernières années : plus de 240.000 IVG ont été pratiquées en 2022, contre 210.000 en 1990.
 

Plus de 6 gynécologues sur 10 sont objecteurs de conscience

Comment expliquer le recul italien ? Si la prévention a sans doute permis de réduire le recours à l’interruption volontaire de grossesse, les femmes se heurtent aux objecteurs de conscience, des praticiens qui refusent de réaliser la procédure pour des raisons éthiques. Selon les chiffres officiels du ministère de la Santé, ils représentaient 63,4% des gynécologues, 40,5% des anesthésistes et 32,8% du personnel non médical en 2021 (les derniers disponibles, publiés en octobre 2023). Le pourcentage d’objecteurs atteint même 100% dans 22 hôpitaux italiens, pointe la recherche "Mai Dati" de l’Association Luca Coscioni.

L’accès à la pilule abortive Ru486 est également autorisé depuis 2009 en Italie. Depuis 2020, elle est accessible non plus seulement à l’hôpital, mais aussi dans les plannings familiaux. Néanmoins, seules trois régions la garantissent de manière homogène : l’Emilie-Romagne, le Latium et la Toscane.
 

Des différences d’accès à l’IVG selon les régions d'Italie

En Lombardie, 12 structures sur 50 ne sont pas en mesure de garantir l’accès à la pilule Ru486, souvent faute de moyens. Et sur 62 structures publiques lombardes, 5 d’entre elles ne pratiquent pas l’IVG à cause des objecteurs de conscience.
Dans le Piémont, un médecin sur deux est déclaré objecteur de conscience, contre 71 % en Vénétie.
La situation est accentuée dans le centre-sud du pays, comme dans les régions des Pouilles, des Abruzzes et en Sicile, où 80 % des gynécologues se déclarent objecteurs de conscience. Résultat, le pourcentage des structures qui assurent la pratique de l’IVG est souvent bas.
En 2021, 59,6 % des établissements dotés d'un service d'obstétrique et/ou de gynécologie (335 sur 560 dans tout le pays) ont pratiqué des IVG, mais avec de fortes différences selon les régions. Ils n’étaient que 45,5 % dans le Latium par exemple et seulement 26,2 % en Campanie.
De quoi obliger les femmes à se déplacer dans des régions plus favorables.

 

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