Édition internationale

LEGISLATIVE PARTIELLE – Julien Lemaître : "Il faut barrer la route aux pilleurs financiers"

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 28 mai 2013

A trois semaines du 1er tour des élections législatives partielles dans la 8e circonscription des Français de l'étranger, le petitjournal.com Italie continue de vous présenter les candidats. Dans un souci d'égalité, chacun a la parole, des représentants des grands partis aux candidats indépendants. Aujourd'hui, c'est Julien Lemaître de "Solidarité & progrès", le mouvement de Jacques Cheminade qui répond à nos questions.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Julien Lemaître : J'ai 32 ans. J'ai un parcours d'autodidacte puisqu'après des études scientifiques et de génie électrique, je me suis dirigé dans la conception de sites internet. Je suis aujourd'hui webdesigner à Lyon, où je vis. Je me suis intéressé à la politique vers l'âge de 20 ans, moment où je me suis rendu compte que le monde actuel ne nous promettait pas un avenir radieux. C'est à ce moment là que j'ai commencé à m'intéresser aux causes du monde qui m'entourait. Petit à petit, mon envie d'intervenir s'est faite ressentir et je me suis engagé politiquement dans le parti "Solidarité & progrès" dans lequel je milite depuis une dizaine d'années. Je travaille aux côtés de Jacques Cheminade et j'ai participé à la campagne présidentielle de 2012 en tant que coordinateur de l'infrastructure internet.

Pourquoi vous présentez-vous à ces élections ?

Déjà candidat en juin 2012, je défends les mêmes idées que nous avions développées au cours de la campagne présidentielle. Jacques Cheminade a été le premier à avertir de l'arrivée imminente d'une grave crise économique à l'échelle internationale. Au vu de la situation actuelle, il ne s'est pas trompé. Cependant, nous pensons que c'est une question politique et qu'il aurait été possible de l'éviter en mettant fin à la mainmise d'une oligarchie financière sur l'économie et sur le destin des populations. L'enjeu est évidemment international et c'est pour cette raison que j'ai trouvé intéressant de me présenter dans une circonscription comme celle-ci. En effet, les personnes qui vivent à l'étranger ont un autre regard, un double point de vue sur la situation du monde.

De plus, cette circonscription est à cheval entre plusieurs mondes, à savoir l'Europe, l'Asie et le Moyen-Orient et se trouve toute proche de l'Afrique. Je pense que construire un lien entre tous ces mondes est possible et primordial. Encore faudrait-il qu'il y ait une réelle volonté politique. Par exemple, il existe un projet de tunnel reliant la Sicile et la Tunisie. Il est dans les cartons mais la réalisation de grands projets de ce type a du mal à voir le jour. Ce serait pourtant créateur d'emplois. Autre exemple : le projet de liaison Lyon-Turin serait un projet intéressant si nous ne détruisions pas le tissu industriel de la région. Sans un volume d'échanges de fret suffisant, le projet ne peut pas être viable.

Que représente l'Italie pour vous ? Que vous inspire sa situation politique ?

L'Italie, pour moi c'est déjà la culture. Son rayonnement s'est fait ressentir dans toute l'Europe et même dans le monde. Au-delà de ça, l'Italie c'est un acteur essentiel de l'Europe. Malgré un ralentissement de son économie, il y a encore un fort potentiel industriel dans la péninsule. Je pense à des industries de pointe, à la recherche qui sont des domaines cruciaux pour son développement et le développement de toute l'Europe. De plus l'Italie, de par sa situation géographique doit être un lien avec l'Afrique. Il n'y aura pas de salut européen sans l'autre rive de la Méditerranée.

En ce qui concerne la situation politique de l'Italie, je suis assez horrifié de la situation présente. L'alliance de la droite et de la gauche pour sauver le statu-quo d'une relation avec l'Europe actuelle et la politique des financiers et de l'euro sont assez désolantes. En face, il y a Beppe Grillo qui est assez irresponsable dans ce qu'il propose mais qui pose des questions importantes qui font écho au ras-le-bol de la population. C'est pour cela que je pense qu'il faut réorienter l'institution même de l'Europe en faisant face aux milieux financiers internationaux et de la City en particulier. Le scandale de la banque Monte dei Paschi illustre bien l'incapacité des politiques à encadrer les banques, en Italie comme ailleurs. Dans certains cas, ils les couvre même, à l'instar de Mario Monti dans ce scandale.

Que pouvez-vous dire aux Français expatriés qui rentrent en France à cause de la situation économique ?

Il faut s'engager dans une bataille pour changer les choses. Pour l'instant, c'est l'Europe du sud qui est le plus touchée par la crise mais ça ne s'arrêtera pas là. Les choix politiques qui sont fait en Europe ne sont pas les bons. Il faut se retrousser les manches et barrer la route aux pilleurs financiers. Il faut porter un autre projet pour l'Europe et la Méditerranée. La première chose est d'aller voter pour élever la voix et donner la possibilité de construire un autre projet. Ce qu'il manque le plus, ce sont des projets alternatifs comme celui de "Solidarité & progrès". Sans les financiers aux commandes de l'économie, nous ne serions pas dans cette situation.

Quelles idées défendez-vous ? Quel est votre programme ?

Mon objectif principal est de faire adopter une loi de séparation stricte des banques financières et des banques de dépôt. Ca ne résoudra pas tous les problèmes mais c'est le point de départ absolument nécessaire à toute autre chose. Si nous voulons une politique de justice sociale, il faut faire sauter le verrou financier qui pèse aujourd'hui. C'est en faisant en sorte que l'Etat ne soit plus sous le chantage des banques d'affaires et des pertes des groupes financiers que l'on rendra à la population de notre pays le choix de son destin.

En ce qui concerne les Français vivant à l'étranger, je sais qu'il y a une grande inquiétude à propose des retraites. Je tiens donc à être à l'écoute des citoyens de la circonscription pour amener ces sujets là devant l'Assemblée. En outre, mon projet de réindustrialisation et de mise en ?uvre de grands projets est une réponse à la crise et aux problèmes de chômage qui gangrènent l'Europe du sud.

Que pensez-vous de la politique de François Hollande un an après son élection ?

Je suis l'un de ceux qui espéraient beaucoup le changement qu'il avait annoncé. Son orientation de campagne contre le monde de la finance lors de son fameux discours du Bourget nous avait donné de l'espoir mais ce n'était finalement qu'un effet d'annonce. Sans cette réforme bancaire, le reste de sa politique économique n'apportera pas beaucoup de changement dans la vie des Français. Je suis donc très critique vis-à-vis de ce manquement. De manière plus générale, François Hollande n'est pas encore président de la République. Il n'a pas encore mis en place une seule mesure de caractère et il serait temps qu'il le fasse. En ce qui concerne la loi sur le mariage pour tous, c'est tout bonnement une astuce politique pour cacher les vrais problèmes. Je ne suis pas contre la loi en elle-même, je constate juste que l'on a occupé l'espace médiatique sur le sujet et qu'on n'a pas éduqué la population sur les questions financières.

Après l'affaire Cahuzac, M. Hollande a souhaité proposer une loi sur la moralisation de la vie publique. Qu'en pensez-vous ?

Déclarer son patrimoine lorsque l'on est élu est tout à fait normal. Nous sommes élus par le peuple et nous lui devons des comptes à ce titre. Le plus problématique, c'est le financement des partis politiques. Les gens s'étonnent, à tort de voir toujours les mêmes têtes mais lorsqu'on sait que 75 millions d'euros sont versés chaque année aux partis politiques ayant une grosse assise financière ou une base de députés, ça ne risque pas changer. C'est en somme, un système d'immobilisme organisé et ça n'encourage pas une moralisation et une mobilité du paysage politique.

Propos recueillis par Aurélien Bureau (www.lepetitjournal.com de Milan) ? lundi 13 mai 2013

photo: julienlemaitre.fr

Retrouvez les autres candidats ici :
Cyril Castro : humaniste, euro-méditerranéen et indépendant
Alix Guillard : "Il y a un gros déficit de démocratie dans notre pays" (Parti Pirate)
Marie-Rose Koro : "Je me bats pour des valeurs" (PS)
Michèle Parravicini : "La pire des choses est de baisser les bras" (Front de Gauche)
Valérie Hoffenberg : protéger des valeurs qui nous sont chères (UMP)
David Shapira : "Je serai à l'écoute de mes compatriotes" (indépendant)
Athanase Contargyris :  "Une autre politique économique est possible"
Albert Fratty : ?L'homogénéité et la clarté sont nécessaires?
lepetitjournal.com rome
Publié le 12 mai 2013, mis à jour le 28 mai 2013
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos