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LEGISLATIVE PARTIELLE – Athanase Contargyris :  "Une autre politique économique est possible"

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 28 mai 2013

Les électeurs de la 8e circonscription des Français de l'étranger sont appelés aux urnes le 26 mai et le 9 juin prochains. Cette élection fait suite à l'invalidation des comptes de campagnes de la députée élue en juin 2012. Athanase Contargyris, candidat indépendant au début de la campagne représente Europe Ecologie ? Les Verts depuis le retrait de Pierre Jestin. Auto-entrepreneur et vivant à Athènes, il se présente pour défendre une certaine idée de la politique, plus proche des préoccupations des Français et plus morale.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Athanase Contargyris : Je suis Franco-Grec et je vis à Athènes. L'expatriation fait partie de ma vie puisque j'ai longtemps vécu en Afrique avec mes parents. Nous fuyions alors la dictature en Grèce et mon père avait trouvé du travail sur le continent noir. Je suis engagé à gauche depuis toujours, avec des variantes selon les époques, sans pour autant être membre d'aucun parti. J'ai travaillé dans le secteur public français ainsi que dans le secteur privé. J'ai ensuite monté ma société en France, puis en Grèce. Je suis consultant sur des projets européens de développement régional. Je travaille d'ailleurs régulièrement avec l'Italie, que ce soit dans le textile à Milan ou sur le développement régional en Sicile.

Européen convaincu, je ne soutiens pas cette Europe actuelle qui fait souffrir beaucoup de citoyens, la Grèce en particulier mais aussi l'Italie qui est touchée par la crise.

Qu'est ce qui vous a poussé à vous présenter à ces élections ?

J'ai le sentiment, partagé par beaucoup de monde que les politiques professionnels ne nous satisfont plus, que ce soit dans leurs comportements ou dans leurs décisions. Les Français semblent se détacher de plus en plus de la politique, et c'est particulièrement vrai dans cette circonscription où le taux d'abstention était très important lors des législatives de juin 2012.

De plus, nous ne percevons pas autant que nous le voudrions une présence amicale de la France dans les pays où nous nous trouvons. Nous connaissons tous la perception israélienne de la politique française hostile à Israël. Certains Grecs disent que la France fait partie de la Troïka et en Italie, j'ai pu voir une certaine arrogance française qui n'est pas fait pour aider au rapprochement. L'une des missions d'un député élu dans cette circonscription est de rapprocher les préoccupations des Français vivant dans ces pays là sur tous ces sujets. Se battre contre la politique d'austérité, qui n'arrange rien me paraît important. Nous devons aller vers une autre Europe plus proche des citoyens. La France doit retrouver son rôle de leader d'antan qu'elle a perdu au profit de l'Allemagne. Enfin, le sentiment de beaucoup de Français expatriés est qu'on ne les écoute pas, qu'on les prend peu en considération.

Que pouvez-vous nous dire à propos de l'Italie ? Comptez-vous vous y rendre ?

L'Italie est un pays que je connais bien puisque je m'y rends environ tous les deux mois pour des raisons professionnelles. Je compte m'y rendre pendant ce mois de campagne et souhaite aller à la rencontre des Français sur place une fois élu. Cependant, je n'ai pour l'heure pas le droit de dépenser un euro, mon compte de campagne n'étant pas encore activé. C'est d'ailleurs l'une des difficultés majeures dans cette campagne. J'ai commencé en tant que candidat indépendant puis j'ai reçu le soutien d'Europe Ecologie ? Les Verts, ce qui m'a aidé dans l'ouverture d'un compte.

L'électorat en Italie est ma base, c'est l'électorat sur lequel je compte le plus et auquel je compte me consacrer le plus possible, sans pour autant négliger les autres. Je n'ai pas une manière nationale d'aborder les problèmes. Je cherche les points communs entre tous les ressortissants des pays concernés. Je connais bien les problèmes structurels italiens mais je compte tirer le meilleur de l'Italie pour faire bouger les choses, que ce soit en terme d'écologie ou de solidarité.

La situation politique en Italie est très intéressante. Les résultats des dernières élections montrent la résistance passive du peuple italien. Quant aux expatriés qui quittent l'Italie ou la Grèce à cause de la situation économique, cela traduit un épuisement quant aux politiques d'austérité qui touchent ces pays. Je veux leurs dire de tenir bon, que cette politique est à bout de souffle. Nous ne pouvons pas continuer dans cette voie.

Quelles idées voulez-vous défendre ? Quel est votre programme ?

Tout d'abord, il me semble important de faire de la politique autrement. Je serai un représentant et donc à l'écoute des citoyens. Dans une circonscription grande comme celle-ci, ce n'est pas facile mais c'est largement surmontable grâce aux nouvelles technologies notamment. Je suis un pionnier dans la région et je compte les utiliser le mieux possible pour être en contact avec la population.

Je défendrai la moralisation de la politique. Il faut que les politiques soient là pour servir et non pour se servir. Je soutiendrai donc le projet de loi du gouvernement sur la moralisation et la transparence des élus de la République. Je suis à 100 % d'accord avec la publication du patrimoine des élus pour veiller à ce qu'il n'y ait pas d'enrichissement personnel au cours d'un mandat.

Au niveau économique, une autre politique est possible. Il faut travailler dans le sens d'une relance de l'économie, aussi bien en France qu'en Europe. Cela doit passer par le social et l'écologie, qui sont des foyers de créations d'emplois durables.

Si vous deviez présenter un proposition de loi, quelle serait-elle ?

Concernant les expatriés, il y a énormément de problèmes à propos des retraites. Les dossiers de retraites, la double imposition et la remise en cause des conventions fiscales ; tout le dispositif est à revoir. Mais pour commencer, il faudrait déjà appliquer et améliorer les conventions bilatérales et européennes dans ce secteur.

Concernant l'emploi, un projet de loi pour l'utilisation plus facile des dispositifs qui existent en France dans l'accompagnement pour la création d'entreprises serait une bonne avancée. Les Français vivant à l'étranger sont souvent laissés pour compte et livrés à eux-mêmes. Les aider serait aussi un bon courant d'échange entre la France et les pays dans lesquels les Français créent des entreprises.

Que pensez-vous de la politique de François Hollande ainsi que de l'action des deux ministres issus d'EE-LV ?

Je trouve que Cécile Duflot fait du bon travail au ministère du Logement. Il y a des avancées intéressantes dans les dispositifs qu'elle met en place. Mais le problème avec les politiques concernant le logement, c'est qu'elles demandent beaucoup de temps pour que l'on en ressente les effets. En ce qui concerne François Hollande et sa politique, je dois dire qu'il a fait beaucoup en un an mais que ses actions passent inaperçues. Il fait un véritable travail de fond et n'est pas dans l'effet d'annonce. L'attente des Français étant très grande, il est normal qu'il y ait une certaine déception. Je serais par contre plus critique quant à la représentation de la France au niveau européen. Cela a des conséquences graves et l'Allemagne est en train de donner le la toute seule. C'est dommageable.

Propos recueillis par Aurélien Bureau (www.lepetitjournal.com de Milan)  - mercredi 8 mai 2013

Retrouvez les autres candidats ici :
Cyril Castro : humaniste, euro-méditerranéen et indépendant
Alix Guillard : "Il y a un gros déficit de démocratie dans notre pays" (Parti Pirate)
Marie-Rose Koro : "Je me bats pour des valeurs" (PS)
Michèle Parravicini : "La pire des choses est de baisser les bras" (Front de Gauche)
Valérie Hoffenberg : protéger des valeurs qui nous sont chères (UMP)
David Shapira : "Je serai à l'écoute de mes compatriotes" (indépendant)
lepetitjournal.com rome
Publié le 7 mai 2013, mis à jour le 28 mai 2013
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