Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ELISABETH DUDA - Une Française en Pologne et vice versa...

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 31 mai 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

 

Nous sommes dans la dernière ligne droite avant les élections législatives françaises et LePetitJournal.com a déjà interviewé beaucoup de candidats, généralement installés en Allemagne (pays où sont inscrits 80% des électeurs de la 7ième circonscription)... Pour changer nous avons interrogé Elisabeth Duda. Suppléante du candidat ARES, elle est d'abord la figure la plus médiatique de la communauté française en Pologne. Elle nous parle avec passion de son parcours, de politique et de culture...


LePetitJournal.com: TV, radio, théâtre, roman, photo... Vous écrivez, exposez, présentez des émissions, dansez et jouez la comédie. Et vous vous lancez maintenant dans la politique... Quand on vous demande ce que vous faites dans la vie, que répondez-vous ?
Elisabeth Duda : Je suis comédienne de formation et comédienne de vocation. La première étudiante étrangère de l'Ecole de Cinéma de ?ód? diplômée au sein du département "comédie". Mais la comédie n'est pas qu'un métier, c'est ma vie depuis plus d'une dizaine d'années.

Le reste de mes activités culturelles sont beaucoup liées à ma position singulière de française en Pologne.  Et quand l'on a la chance d'être le porte-drapeau français dans les médias et la vie culturelle d'un pays étranger, cela devient naturellement de la politique. Finalement, je n'endosse pas de nouvelles valeurs en me lançant dans la vie politique, je ne porte pas une nouvelle "casquette" : les valeurs que je défends aujourd'hui, je les ai portées et intégrées dès mon arrivée en Pologne.

Justement, il y a 12 ans vous avez quitté la France pour la Pologne, pourquoi ?
Je souhaitais retrouver mes racines. Je ne savais rien du pays dont j'étais originaire. Et puis je ne me retrouvais pas dans les études que je faisais à l'époque : après un bac scientifique et deux années en école de commerce international, j'étais à la recherche d'un second souffle, d'un défi plus grand.

Je me suis donc expatriée, à proprement parler. J'ai été instinctivement attirée par la Pologne, qui m'a laissé une chance de réussir dans ce que je voulais faire vraiment. Je voulais aussi comprendre ce pays, riche d'une histoire tourmentée complètement éludée par l'enseignement français. Par exemple je n'avais jamais entendu parler de l'héroïsme des Varsoviens pendant l'Insurrection de Varsovie. J'y ai découvert aussi un fabuleux paradoxe, celui d'une joie de vivre après cinquante années de communisme. Je n'ai pas de regrets. Ces 12 années m'ont ouvert un univers nouveau, et m'ont apporté beaucoup de sagesse. Très utile dans mon métier où "l'homme est un loup pour l'homme".

Pourquoi aujourd'hui retourner en France ?
Je crois que j'avais vraiment besoin de partager mon expérience d'expatriée avec mon entourage parisien. Ce que j'ai appris en Pologne, l'humilité, le partage, la solidarité et cette incroyable volonté manquent souvent aux Français. Je pense que c'est le meilleur des moments pour revenir en France. Et puis Paris m'a beaucoup manqué...

Heureusement je continuerai à animer Napoleonka. Malheureusement, je n'ai pas encore pu trouver de soutien financier pour enregistrer les émissions depuis Paris. [Ndlr: Tous les lundis E. Duda présente Napoleonka ("Le Mille-feuille") sur Radio Dla Ciebie - à 19.00 sur 101 FM ou en cliquant ?posluchaj na zywo? sur www.rdc.pl. Chaque semaine elle y fait découvrir aux Polonais une nouvelle page, ou une "feuille" plutôt, de la culture musicale française.]

Les Polonais vous perçoivent-ils comme française ?
Oui, les Polonais me perçoivent plus comme française que polonaise. Et vice versa d'ailleurs ! Et dès que je prends le train en Pologne, j'ai souvent l'impression de devoir rendre des comptes sur l'Histoire commune de la France et la Pologne. En particulier sur les heures sombres de la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd'hui encore les Polonais se demandent où était partie "leur S?ur, la France", qu'ils avaient toujours soutenue dans les pires moments... Mais ça, ça reste de la politique, comme on aimerait ne plus entendre... Et c'est aussi le but de mon combat politique, de rassembler toutes les forces de nos diversités...

Et pourquoi la politique au fait ?
Je suis amenée dans mon métier à rencontrer énormément de gens, de citoyens de divers horizons. Et lorsqu'on détient, comme cela est mon cas, une double nationalité, les discussions ne se bornent pas simplement à l'échange culturel. En effet, dans mes déplacements à travers toute la Pologne, en tant qu'auteure ou conférencière, mais aussi dans mes apparitions médiatiques, les discussions sont très politisées. Et beaucoup de concitoyens, Français et Polonais, m'ont fait part de leur défiance vis-à-vis des hommes politiques. Or, cela engendre chez eux une frustration non dissimulée, car leur désir ? notre désir
? de débat public et de politique n'a jamais été aussi flagrant. Et ce à l'heure où la crise touche chacun de nous. Alors pourquoi cette défiance ? Car tout simplement les dirigeants politiques, en majorité, rencontrent rarement leurs administrés, qui se sentent par conséquent incompris.

Par ailleurs, lors de ces nombreuses rencontres, je me suis rendu compte à quel point le français et la culture française en général étaient battus en brèche par l'enseignement de l'allemand ou du russe. Je me suis toujours efforcée de défendre malgré tout notre langue et notre spécificité.

Enfin, ce qui m'a surprise, c'est le manque d'entrain qu'ont les Français de l'étranger à aller voter. Par exemple, au second tour des présidentielles, seuls 41% des votants s'étaient déplacés aux urnes. C'est là que le bât blesse : personne ne semble les représenter convenablement ni légitimement. Moi-même, j'ai ressenti cette impression.

Alors c'est vrai, ce constat, mais également la proximité que j'ai avec mes compatriotes polonais et français ont forgé mes opinions politiques. Et l'obtention du Prix du Sénat de la Présence Française à l'Etranger m'a définitivement convaincue de jouer un rôle dans le débat public français.

Lorsque Nicolas Jeanneté m'a proposé d'être sa suppléante, je n'ai pas hésité. Je me suis toujours sentie centriste, rejetant l'idée des clivages politiciens et préférant le rassemblement d'idées. Et puis je pense sincèrement que ni une cohabitation, ni les pleins pouvoirs de la gauche ne sont aptes à redresser un pays en situation de crise, surtout quand celle-ci concerne toute l'Europe. Par exemple pourquoi le candidat UMP s'entête-il à maintenir et étendre la PEC (prise en charge des frais de scolarité) à l'ensemble des classes de lycées et de collèges alors même que ce principe est critiqué par les parents eux-mêmes notamment pour son coût très élevé ? Et pourquoi le candidat PS s'entête-t-il à vouloir ? au titre d'une idéologie "étatique" ? ouvrir des bureaux consulaires un peu partout alors qu'il suffit simplement de renforcer les tournées consulaires existantes en les équipant par exemple de "valises mobiles" ?

Il me semblait naturel aussi de vouloir prolonger mon engagement en me présentant à ces élections auprès de Nicolas Jeanneté. Il réside à Berlin depuis 9 ans et a créé une PME culturelle franco-germano-polonaise chargée de défendre et de promouvoir la culture francophone en Europe. Il est impliqué dans la vie associative et politique locale. Son projet concernant la culture, l'enseignement et la défense de nos valeurs françaises à l'étranger est le seul qui soit proposé de façon noble. Je pense avec détermination que c'est pour moi un devoir de concitoyenne de soutenir la meilleure candidature qui soit pour les Français à l'étranger, dans la 7ème circonscription aux élections législatives.

La Rédaction (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) jeudi 31 mai 2012


Pour en savoir plus : vous pouvez rencontrer Elisabeth Duda lors de sa dernière réunion d'information à Varsovie ce  jeudi 31 mai, à 20h à l'Institut Français, au 12 rue Widok (Médiathèque au 1er étage).


lepetitjournal.com varsovie
Publié le 31 mai 2012, mis à jour le 5 janvier 2018