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ENERGIE – Pourquoi est-elle si chère en Italie ?

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 3 novembre 2014, mis à jour le 3 novembre 2014

Il n'y a pas de doute. L'Italie fait partie des pays européen où l'énergie est la plus chère. Un constat qui prend ses racines dans ses prises de position, notamment contre le nucléaire. Ne produisant pas assez d'énergie sur son sol, elle doit l'importer, et c'est principalement vers la France qu'elle se tourne.

L'Italie, dépendante de ses voisins européens

Vous aussi, en recevant votre facture d'électricité, vous vous êtes demandé : "Mais pourquoi l'énergie est-elle si chère en Italie ?" Et bien, tout simplement, parce que le pays n'est pas indépendant en matière d'énergétique. Elle doit donc faire appel à ses voisins, notamment la France, pour en importer sur son sol. Un choix voulu puisque le pays a renoncé par deux fois à l'énergie nucléaire. 

Tout d'abord, suite à la catastrophe de Tchernobyl, la population est appelée aux urnes, lors d'un référendum en 1987. Avec 62% des voix, elle renonce à l'utilisation du nucléaire civil. Les centrales nucléaires alors en activité sont progressivement arrêtées. C'était sans compter sur le gouvernement Berlusconi, qui en mai 2008, annonce un retour à l'énergie nucléaire afin de résoudre la dépendance énergétique du pays. Un accord est signé le 24 février 2009 visant à la création d'une société détenue à moitié par EDF (Electricité de France) et Enel. Mais l'émotion soulevée par la catastrophe de Fukushima de mars 2011 contraint le gouvernement à abandonner le projet. Lors d'un second référendum, quelques mois plus tard, les Italiens n'ont pas créé la surprise. Un nouveau refus franc et massif marque un adieu sans doute définitif à l'atome dans la Péninsule.

Vous l'aurez donc compris, l'énergie nucléaire influence fortement les prix, à la baisse. Olivier Martinelli, spécialiste de la question chez EDF Fenice, explique que "Dans les pays qui disposent de moyens de production nucléaire, le coût de production relativement faible du MWh d'origine nucléaire, pèse à la baisse sur la formation des prix sur le marché de gros et surtout sur le marché de commercialisation au détail. Ayant renoncé au nucléaire, l'Italie ne dispose pas de cet effet modérateur. De surcroit, les moyens de production hydraulique du pays dépendent des conditions climatiques, déterminant le taux de remplissage des barrages et le débit  des fleuves dans les vallées. Les derniers hivers, peu rigoureux, n'ont pas permis l'appel massif à l'électricité d'origine hydraulique, dont le coût de production est lui aussi relativement faible. Il n'y a donc pas de contrepoids aux effets inflationnistes de l'usage de centrales thermiques à combustibles fossiles et du subventionnement des énergies renouvelables, qui s'est étalé durant toute la décennie 2000 en Italie, au final payé par le consommateur ou le contribuable." 

France, Italie : "un rapport de complémentarité et d'échange"

Une situation qui fait de l'électricité italienne l'une des plus chères d'Europe. Selon les chiffres de l'institut de statistique européen Eurostat, pour les consommateurs domestiques au deuxième semestre 2012, la Péninsule se classe en quatrième position sur 35 pays ayant l'électricité la plus coûteuse avec 0,23 centimes/KWh. La France, elle, est au 13ème rang avec 0,15 centimes/KWh.

Entre les deux pays, un rapport énergétique s'est créé. "L'Italie dépend de ses importations pour une part très élevée de ses besoins d'énergie : pétrole, gaz naturel, charbon. Du point de vue de l'énergie électrique, le marché unique de l'énergie a conduit à renforcer l'interconnexion des réseaux de transport en Europe. Dans ce cadre, la France est un fournisseur régulier en Italie. L'énergie électrique importée de France représente en moyenne 6% de l'approvisionnement brut total du pays chaque année. Dans ce secteur, le rapport entre la France et l'Italie est donc clairement un rapport de complémentarité et d'échange." 

Enfin, pour tenter de tirer les prix vers les bas, la Péninsule, conformément aux règles de l'Union européenne, a autorisé depuis 2007, les ménages italiens à choisir leur fournisseur d'électricité. Ou comment jouer la concurrence... Un décret qui aujourd'hui attend toujours de faire ses preuves. Et ce n'est pas l'Unione Nazionale Consumatori, association de consommateurs, qui dira le contraire. "L'énergie est un des secteurs où nous recevons le plus de plaintes. Souvent, parce que les personnes ne comprennent pas le montant si élevé de leur facture.",reconnait l'expert en charge des questions énergétiques. Des incompréhensions qui ne sont, malheureusement, pas prêtes de s'éteindre. 

Sarah Cohen (Lepetitjournal.com de Rome) ? mardi 4 novembre 2014

Crédits photos : Blog

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Publié le 3 novembre 2014, mis à jour le 3 novembre 2014

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