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ECONOMIE – Valls et Renzi font-ils la même politique ?

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 21 avril 2014, mis à jour le 5 mai 2014

Ils sont plutôt jeunes, libéraux, mènent des politiques de centre-gauche et ne s'en cachent pas, ou presque. Ils sont tous les deux à la tête des deuxième et troisième économies de la zone-euro. Ils doivent faire face à une dette qui ne cesse de grimper et un déficit sur le fil. Ils veulent taper dans la fourmilière au risque de se brûler les ailes. Manuel Valls et Matteo Renzi imposent leurs styles et dissimulent à peine leurs ambitions. Mais que valent les annonces en matière d'économie des deux Premiers ministres ?

Déficit VS endettement

Manuel Valls et Matteo Renzi sur la même ligne économique ? C'est ce que bon nombre de commentateurs se plaisent, en tout cas à dire. Il est vrai que des ressemblances existent entre les deux chefs de gouvernement mais plus sur la forme que sur le fond. L'énergie et la volonté de changement de cap du jeune Premier ministre italien ont peut-être inspiré le Premier ministre français dans une certaine mesure mais les deux hommes empruntent des chemins sensiblement différents pour faire face au déficit.

Côté français, l'amorce d'une austérité qui ne dit pas son nom a plombé l'aile gauche du Parti socialiste qui est d'ailleurs monté au créneau après que Manuel Valls ait annoncé, la semaine dernière des mesures sensiblement trop à droite comme le gel des salaires des fonctionnaires ou de certaines prestations sociales. Mais un chiffre peut expliquer à lui seul cette volte-face du gouvernement socialiste français. Alors que le déficit de la France atteignait 4,3 % du PIB fin 2013, l'Italie pouvait, elle, se targuer de se situer sous la fameuse barre des 3 % imposée par Bruxelles. Une différence de taille alors que la Commission européenne a fait savoir qu'elle n'accorderait aucun sursis à la France.

Côté italien, ce fameux diktat européen, on connaît plutôt bien. L'austérité aussi depuis que Mario Monti l'a mise au c?ur de sa politique lorsqu'il était aux affaires. Mais le talon d'Achille de la Péninsule, malgré une certaine maitrise de son déficit public reste son endettement abyssal qui se situe autour de 132 % du PIB. En comparaison, celui de la France était de 93 % à la fin de l'année 2013. Ce sont justement ces chiffres qui sont à l'origine des politiques économiques menées par les deux pays.

Quelles mesures économiques ?

Mais quelles mesures Manuel Valls et Matteo Renzi ont-ils pris pour réduire le déficit et stopper l'hémorragie de l'endettement ? Hasard du calendrier, les deux chefs de gouvernement présentaient le 8 avril dernier leurs programmes en matière d'économie et de réforme du système. De part et d'autre des Alpes, les points communs sont nombreux. Le projet phare est la simplification du millefeuille administratif. Mais le rythme n'est pas le même de Rome à Paris. Alors que Manuel Valls a annoncé sa volonté de supprimer les départements et de réduire de moitié le nombre de régions d'ici à 2017, le Parlement italien votait dans le même temps l'abolition des provinces, voulue par Matteo Renzi.

Ces mesures, sensées faire économiser les deux états ne sont évidemment pas suffisantes. Et, si la politique du nouveau Premier ministre français pouvait rappeler celle se son homologue italien, les mesures annoncées et la reprise du plan d'économie de 50 milliards lancé par François Hollande ont rompu les similitudes existantes. Manuel Valls a pris le risque de se fâcher avec une partie de l'électorat de gauche en annonçant, entre autres des coupes budgétaires. Tout le monde doit payer parce que la France "vit au-dessus de ses moyens" a-t-il annoncé, tout en s'évertuant à expliquer que ce plan était juste. Pas sûr que l'opinion publique le suive alors que les fonctionnaires, les retraités et les familles, mais aussi les classes moyennes et les plus modestes seront touchés. Et pourtant, il limite la casse puisque selon un sondage, 50 % des Français approuvent ses mesures.

En Italie, Matteo Renzi a rompu avec la politique d'austérité. Il a annoncé une baisse d'impôts de 6,7 milliards d'euros pour les ménages les plus modestes et les classes moyennes. Dans les faits, ce sont 80 euros de salaire supplémentaire qui seront distribués aux plus modestes ; le tout étant financé par l'Etat. Pour pallier cette dépense, alors que l'Italie cherche à réduire sa dette, le président du Conseil présentait un plan de diminution des dépenses publiques ponctué de nouveaux impôts, notamment sur les rentes financières. Autres mesures importantes, il souhaite continuer les privatisations, que son prédécesseur, Enrico Letta avait initiées. Enfin, Matteo Renzi compte sur une hausse des recettes de la TVA due au retour de la croissance, qui devrait atteindre 0,8 % en 2014 alors que le pays était encore en récession en 2013. Mais la mesure qui a fait grincer le plus de dents est le plafonnement des salaires des patrons des entreprises publiques.

Aurélien Bureau (Lepetitjournal.com de Rome) ? mardi 6 mai 2014

Crédits photos : Manuel Valls: libre de droit, Matteo Renzi: capture d'écran youtube

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Publié le 21 avril 2014, mis à jour le 5 mai 2014

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