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PHOTOGRAPHIE - Festival Voilah! 2017 - Chris MORIN-EITNER « Il était une fois Demain »

Festival Voilah! Singapore Chris Morin Voilah.SgFestival Voilah! Singapore Chris Morin Voilah.Sg
Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 6 avril 2017, mis à jour le 6 février 2018

Chris Morin-Eitner, photographe et diplômé d'architecture, est à l'honneur du festival Voilah! 2017, avec une exposition « il était une fois demain », présentée du 8 avril au 21 mai à Gardens by the Bay. Ses photographies recomposées de villes où la nature a repris ses droits présentent une vision poétique du futur des villes après disparition de l'Homme de notre planète.


(c) Chris Morin-Eisner - Singapore, Super Tree Of Life

Dans son exposition « Il était une fois Demain », Chris Morin-Eitner présente des photographies recomposées de villes délaissées par l'homme et où la nature semble avoir repris ses droits.

Dans un futur imaginaire, les hommes ont disparu, ils sont ailleurs ou vivent un monde virtuel 3D. Effet du réchauffement climatique sans doute, une végétation tropicale florissante envahit les villes du monde entier, recouvrant les édifices historiques emblématiques de nos grandes capitales, et les animaux sauvages sont revenus.

Présentée à Paris, à la galerie W et lors de la COP21, l'exposition sera à Singapour dans le cadre du festival Voilah !, avec des photos inédites de Singapour.

Rencontre avec le photographe et architecte Chris Morin au jardin botanique de Singapour, qui semble inspirer particulièrement l'artiste.

www.lepetitjournal.com/singapour - Comment est né ce projet artistique ?

Chris Morin-Eitner, photographe et architecte
Chris Morin-Eitner ? Cela remonte à 2007, lorsque j'ai découvert les temples d'Angkor au Cambodge. Ce fut un véritable coup de foudre, j'ai été saisi et ému par la beauté inouïe du site et la poésie qui s'en dégage, en particulier aux temples de Preah Khan et Ta-Prohm, où les racines des arbres s'entortillent autour des pierres.

Peu de temps après, j'ai dû me rendre à Dubaï pour un déplacement professionnel, et le contraste m'a sidéré. Une ville en plein désert, qui n'existait pas il y a encore peu, et qui est plus étendue et plus haute que Manhattan, c'est assez terrifiant.

J'ai alors fait une sorte de superposition des deux villes, et j'ai commencé à me poser la question de l'avenir de nos cités. Qu'est-ce qu'il restera de tout cela, lorsque nous ne serons plus là.

Un regard sur nos villes et notre rapport à la nature ?

- A travers cette projection dans monde abandonné par l'homme, ou en tous cas réapproprié par la nature, ce qui m'intéresse c'est la ville, ce joyau de notre civilisation, et notre rapport à la nature. Aujourd'hui dans nos villes, on se coupe de nos racines en repoussant la nature pour vivre dans le béton, et on en souffre. Cessons de lutter contre la nature et construisons des lieux pour vivre en harmonie avec la nature, à laquelle nous devons rendre hommage !

J'utilise en général un bâtiment iconique parce que c'est une référence commune, qui parle à tout le monde, mais surtout parce que les bâtiments, modernes ou anciens, sont des éléments emblématiques de la trace de l'homme. Ce sont des témoignages des civilisations passées sur lesquels je m'appuie pour raconter mon histoire.

Vos photographies ont été exposées lors de la COP21 à Paris, et on y voit beaucoup d'éoliennes. Un message écologiste militant ?

-  Beaucoup d'éoliennes oui, et de panneaux solaires aussi. L'énergie est indissociable de notre civilisation et de nos villes. On va vers une transition énergétique, les éoliennes commencent à fleurir de partout, en tous cas en Europe on en voit beaucoup, et il y en aura nécessairement de plus en plus dans le monde pour fournir l'énergie dont on aura besoin dans le futur.

Pour relever les défis de l'accès à l'énergie et du changement climatique, les énergies renouvelables sont notre avenir. Elles sont donc présentes dans le monde de demain tel que je le représente. Et puis je trouve ça très esthétique, très élégant.

Dans vos clichés, l'homme a-t-il vraiment disparu ?

- Dans mes photos, au fond, les hommes ne sont ne sont pas représentés mais ils sont présents en filigrane, ne serait-ce que par leurs constructions, et ils n'ont pas forcément disparu.

Nous sommes peut-être toujours là, mais nous avons délaissé nos villes immenses car elles sont devenues invivables et obsolètes, nous ne sortons plus car nous vivons dans une réalité virtuelle, ou bien nous sommes ailleurs, peut-être sur une autre planète. Ou alors notre espèce a en effet disparu.

Tout cela est possible, mais ce qui m'intéresse n'est pas tant où nous sommes, mais ce qu'il reste de nos villes. Comment la nature revient-elle, comment les arbres repoussent-ils, comment les animaux reviennent-ils ? Ce n'est pas une vision pessimiste, ni même scientifique du futur, mais plutôt une sorte de renaissance, de ré-enchantement et de repoétisation de la cité.

 Paris Arc de Triomphe #4 When We Where Kings, (c) Chris Morin-Eitner

 Paris Arc de Triomphe #4 When We Where Kings, (c) Chris Morin-Eitner

Quelle technique utilisez-vous ?

- Chaque image finale est composée de centaines de photos, que j'ai prises moi-même. Je prends tout en photo, les bâtiments, les arbres, les plantes, les fleurs, les animaux, le ciel et ses nuages, les graphitis, ... toutes sortes de composants.

Ensuite, c'est vraiment un travail de composition à partir de ces prises de vues et en fonction de mon inspiration. Une réflexion et un regard sur la lumière, la couleur, la texture, à partir d'un motif qui serait le bâtiment emblématique. Puis enfin un travail purement technique, assez long, de traitement sur ordinateur.

Toutes ces photos que vous assemblez sont comme la palette du peintre. Comment définissez vos images ? S'agit-il encore de photographie ?

- Je dirais que ce sont des photos-peinture ! Ca me paraît assez juste car le travail de fond est vraiment de la photographie, et ensuite c'est retravaillé, recomposé, ... redessiné en quelques sortes. Je suis architecte et photographe, alors j'ai ce regard particulier sur la ville, et j'utilise la photographie et le dessin pour m'exprimer, mais le parallèle avec la peinture est évident.

Je fais d'ailleurs souvent des croquis de la photo que je veux faire, soit en amont soit en cours de réalisation. Il y a cette idée de faire un croquis pour réfléchir et trouver l'inspiration, comme en architecture ou en peinture. Parfois je n'ai pas besoin de faire un dessin parce que je sais déjà exactement ce que je veux, d'autres fois les choses se précisent, se mettent à fonctionner en dessinant et en composant.

Où sont prises les photos des animaux ?

- Je photographie les animaux en général en Afrique, et principalement en Tanzanie car c'est une réserve naturelle, où les animaux sont en liberté. Plus rarement, je les photographie dans des zoos, car je n'ai pas encore réussit à voir tous les animaux en liberté !

Et d'ailleurs à Singapour, il n'y a pratiquement que des animaux que j'ai photographiés au zoo de Singapour, qui est vraiment extraordinaire.

Pour la végétation, c'est un peu différent, les photos viennent d'Asie et d'Afrique ou jai la chance d'avoir beaucoup voyagé. Il s'agit de végétation tropicale, car quelque part, dans le monde de demain, avec le réchauffement climatique, elle aura envahit également les zones aujourd'hui tempérées. Et ce qui est frappant, d'ailleurs, c'est qu'on retrouve souvent la même végétation dans les forêts de ces différents continents. Il y a différents types de ficus, de palmiers ou de bananiers, mais ce sont souvent des sous-espèces et elles se ressemblent. 

Quelles photos seront exposées à Singapour ? 

- 70 photos de cette série « il était une fois demain » seront exposées. Beaucoup de grands formats, et également des plus petits, ainsi que des croquis.

J'ai voulu proposer un tour du monde des villes. On part de Singapour, on fait le tour du monde en passant notamment par Paris, New-York, Dubaï et Moscou, puis on revient à l'Asie avec Shanghai, Hong-Kong ou Pékin.

Cinq photos de Singapour seront présentées pour la première fois dans cette exposition.

South Bridge Road, Room#502, (c) Chris Morin-Eitner

South Bridge Road, Room#502, (c) Chris Morin-Eitner

Est-ce que Singapour, City in a garden, vous inspire ?

- L'architecture ici et ce savant mélange d'urbanisme et de végétal me parlent en effet beaucoup, et c'est esthétique et agréable, on se sent bien. Mais cela reste très cadré, façonné par la main de l'homme et savamment entretenu. Il manque quelque part le côté sauvage. J'admire cette volonté de déterminer, d'organiser et construire, c'est très important, mais il faut aussi laisser une part de liberté à la nature, de poésie.

C'est en fait trop sculpté et récent pour être dans mon propos, et finalement, même pour Singapour, je rajoute encore énormément de végétation.

Quelle sera votre prochaine destination ?

 - Je souhaite faire un vrai tour du monde des villes. Ma prochaine destination sera sans doute le Brésil, et j'aimerais aussi aller à San Francisco, et à Sydney.

Toutes les grandes villes m'intéressent, mais pas uniquement les architectures modernes et les gratte ciel. J'ai d'ailleurs fait une photo du Colysée à Rome, et de bâtiments de la renaissance ou du moyen-âge en Europe.

Je rêverais de faire des photos en Syrie, mais c'est absolument impensable actuellement, et en Egypte, les pyramides à Luxor, et les temples d'Abu Simbel.

Propos recueillis par Cécile Brosolo (www.lepetitjournal.com/singapour), le Vendredi 07 avril 2017.

 

Toutes les photos (c) : avec l'aimable autorisation de l'artiste, Chris Morin-Eitner

http://chrismorinphoto.com

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Chris Morin Eitner au festival Voilah :

   - Exposition photo gardens by the bay, du 08 avril au 21 mai 2017 ? Gardens by the Bay, Colonnades (Supertree Grove)
   - Public talk : le dimanche 9 avril 2017, de 11h30 à 13h, à:?Cannonball Room (Supertree Grove). Gratuit. Inscription

 

 

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