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BENOIT RUTTEN - "L'apprentissage du français est un combat qui n'est jamais fini"

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 19 mars 2014, mis à jour le 20 mars 2014

Aujourd'hui la Roumanie, comme de nombreux autres pays francophones, célèbre la Journée internationale de la francophonie. L'occasion de faire le point sur la francophonie en Roumanie avec Benoît Rutten, représentant de la Délégation Wallonie-Bruxelles à Bucarest et président du Groupe des ambassades, des délégations et des instituts francophones en Roumanie (GADIF).

Lepetitjournal.com/Bucarest : Quelles sont les activités mises en place ou soutenues par le GADIF à l'occasion des célébrations de la francophonie ?

Benoît Rutten : Durant ce mois de la francophonie, le GADIF organise de nombreux événements dont le festival du film francophone qui, cette année, a pour thème la famille. Nous avons décerné le "label du Gadif" au Musée du paysan roumain car nous avons estimé que toute sa nouvelle signalétique en français méritait d'être saluée, ainsi que son engagement pour le plurilinguisme et les valeurs de la francophonie. Nous avons par ailleurs soutenu la journée de la femme qui a eu lieu au Lectorat français de Bucarest, à laquelle ont notamment été conviées les femmes ambassadeurs du GADIF. Et ce soir, au gala de la francophonie qui se tiendra à l'Athénée, nous remettrons le prix du GADIF à une personnalité pour son engagement en faveur de la langue française.

Quelle est selon vous l'empreinte actuelle de la francophonie en Roumanie ?

Alors que dans le monde entier, on célèbre la journée de la francophonie, en Roumanie on parle du mois de la francophonie. C'est un signe qu'en Roumanie, grâce à ses ancrages profonds dans la latinité, grâce à ses racines solides dans la culture française, et grâce à son amour de la langue française parlée et apprise par de nombreuses personnes, la francophonie est plutôt bien installée. Il faut dire aussi que la Roumanie, surtout par rapport aux pays qui l'entourent, est la plus francophone de la région ; c'est donc une tête de pont, aussi d'un point de vue économique et commercial. Certes, aujourd'hui, par la force des choses, on étudie plutôt l'anglais car c'est une langue utile, mais j'estime nécessaire d'avoir plusieurs cordes à son arc. Nous essayons donc de faire en sorte que le français devienne la troisième langue, et que ceux qui l'apprennent le fassent par amour pour cette langue. Je pense que le français permet parfois d'apprendre à aimer ce qui ne s'achète pas.

Comment imaginez-vous le futur de la francophonie en Roumanie ?

Si on veut maintenir cette empreinte dans la région, il faut commencer par les "tout petits". Il y a d'ailleurs beaucoup de choses qui sont organisées dans les lycées et les collèges. Je rappelle qu'encore 9600 professeurs de français enseignent sur l'ensemble du pays, soit le taux le plus élevé de la région. Mais il faut que le gouvernement roumain, quitte à être soutenu par le GADIF, essaie davantage de donner aux plus jeunes le goût d'apprendre le français et de le parler. J'imagine qu'il est tout à fait conscient de l'enjeu, mais nous devons davantage le sensibiliser. C'est pourquoi le GADIF rencontrera sous peu le ministre de l'Education afin que nous partagions nos visions des choses sur ce sujet. L'apprentissage du français est un combat qui n'est jamais fini.

Vous avez représenté la Wallonie-Bruxelles notamment au Chili et en Bolivie. Comment se passe la francophonie dans ces pays-là ? Le dicton "loin des yeux, loin du c?ur" se confirme-t-il pour le français ?

La situation était plus compliquée au Chili car ce pays est bien plus tourné vers la Chine, les Etats-Unis, l'Australie ou le Canada, que vers ce que l'on nomme parfois "la vieille Europe". Le gouvernement comme le citoyen chilien n'est pas très attiré par la langue française. D'autant que l'espagnol est la langue officielle et qu'elle est l'une des plus parlées au monde ; donc le français s'en sort moins bien qu'ici. Il y a quelques années, le français était obligatoire comme deuxième langue, maintenant il est optionnel, donc il y a un relâchement. Même lorsque le Gadif local mettait en place des actions, il était difficile d'avoir un public. Donc oui, loin des yeux, loin du c?ur... De mon point de vue, il est important de conforter la francophonie là où elle existe déjà, par exemple en Roumanie, et de la faire rayonner depuis ce pays.
Propos recueillis par Julia Beurq (www.lepetitjournal.com/Bucarest) jeudi 20 mars 2014


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Publié le 19 mars 2014, mis à jour le 20 mars 2014

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