Le port de Valencia, pourquoi l'agrandissement bloque ?

1,5 milliard d’euros en attente d'investissement. C’est la somme d’argent qui a été débloquée pour mettre en place le nouveau quai du port de Valencia. L’objectif : renforcer la position de la ville en tant que hub logistique de premier plan capable de répondre aux exigences croissantes du transport maritime international.

Agrandissement du port de Valencia : éviter la saturation et dominer le trafic méditerranéen

Valencia est déjà l’un des premiers ports de la Méditerranée en termes de tonnage ou de trafic. Cependant, le point de saturation est proche, car le port s’est construit au fil des années en grattant sur la mer. Avec cet agrandissement, l’idée est de continuer sur la lancée d'une croissance qui ne s'est jamais démentie depuis 2002, période depuis laquelle le port de Valencia a connu un développement considérable, devançant celui de Barcelone. 

Ce projet est aussi un gage pour l'avenir, sécurisant la place de Valencia comme un pivot central dans la logistique maritime internationale et faisant de son port le plus grand port méditerranéen à tous points de vue. L’extension prend comme base une partie existante du port - le brise-lame construit en 2012 - afin d’y construire une plateforme logistique de très grande échelle. 

Les investissements publics devraient s’élever à 543 millions d'euros, représentant un tiers de l'investissement total ; tandis que le reste (environ un milliard d’euros) est censé être assumé par le géant du transport maritime, la compagnie MSC.

La levée de bouclier du gouvernement espagnol

Le gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sanchez, a bloqué la procédure d'approbation, retardant ainsi l'attribution des autorisations nécessaires pour l’expansion du port. En toile de fond, le contexte politique complexe, accentué par les récents scrutins de 2023, semble avoir redessiné le paysage politique et influencé cette décision.

Les récentes élections du 28 mai ont marqué un tournant politique à Valencia, avec une victoire de la droite tant au niveau local que dans la Comunitat. Dans le même temps, les élections législatives ont abouti à un statu quo complexe, faisant peser une incertitude sur l'échiquier politique national.

L’actuel président du conseil, Pedro Sanchez, se retrouve à la croisée des chemins ; son avenir à la tête du gouvernement dépendant désormais du soutien de partis locaux, y compris des indépendantistes catalans et basques. Cette configuration a ouvert un champ de négociation, avec des partis désireux de propulser des enjeux régionaux au-devant de la scène nationale.

Ainsi, à Valencia, même si le PSOE local était en faveur du projet d'expansion portuaire, Compromis, le parti d’extrême-gauche valencien, a trouvé une opportunité de monnayer son aide. Le parti offre son soutien au gouvernement, mais exige en contrepartie l'arrêt du projet du port pour des raisons écologiques.

La droite valencienne refuse de céder sur le projet portuaire

De l’autre côté de l’échiquier, le nouveau gouvernement de Valencia, constitué du Parti Populaire (PP) et de Vox (extrême-droite), ne veut pas abandonner le projet, qui pourrait être une manne financière sans équivalent pour la ville.

La mairie de Valencia a adopté ce jeudi 26 octobre une motion exhortant le gouvernement central à accorder l'autorisation pour démarrer les travaux d'agrandissement du port. Mais la réponse du gouvernement ne viendra sûrement pas avant la fin des négociations pour l’élection de Pedro Sanchez, dont la date n’est toujours pas annoncée, bien que l'échéance soit fixée au 27 novembre.