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RESPONSABILITE SOCIALE – « Le chemin est long jusqu'à une consommation responsable »

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 21 avril 2013, mis à jour le 21 avril 2013

Saviez-vous que les entreprises de Singapour affichent un nombre important de politiques de responsabilité sociale des entreprises (RSE) ? La cité-Etat a été une des premières en Asie à devenir leader sur ce concept mondial qui ne cesse de faire parler de lui.

Définie comme un concept et une pratique d'intégrations volontaires des préoccupations sociales et environnementales des entreprises dans leurs activités commerciales et leurs relations partenariales, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) n'est pas un effet de mode mais "un moyen pour l'entreprise de renforcer  ses profits à court, moyen et long terme" explique la présidente du Medef, Laurence Parisot.

« Les études montrent en effet, que la RSE est une bonne chose en termes d'innovation et de fidélisation des employés », nous confie Joëlle Brohier, consultante RSE à Singapour et co-fondatrice du portail rse-et-ped.info. Des normes, des directives internationales ont été mises en place et l'Asie s'est ouverte peu à peu: « avant 2005, les Etats asiatiques étaient réticents à la RSE perçue comme une exigence occidentale. Entre 2005 et 2010, on a observé un changement radical. Il y a eu l'émergence de beaucoup de mesures dans le domaine de la RSE : obligation de reporting pour les entreprises en Malaisie et en Indonésie. La Chine a amendé sa loi pour inscrire la RSE comme une priorité. Parallèlement, les entreprises ont suivi le mouvement » nous explique Joëlle Brohier.

En effet, après des hésitations sur la norme ISO 26 000 (sécurité des consommateurs, service après-vente, protection de la vie privée des consommateurs), les autorités chinoises l'ont adopté car convaincus de l'intérêt stratégique de la RSE dans le nouvel ordre économique mondial. Ce qu'avait compris depuis longtemps la cité-Etat.

Singapour, la pionnière en matière de RSE
« En Asie, le concept de RSE est apparu grâce à des maitres à penser ayant des idéaux éthiques comme à Singapour, suite à une pression gouvernementale comme en Chine ou encore suite à une coopération internationale avec des entreprises occidentales », précise Joëlle Brohier.
Au-delà de l'instauration du dialogue tripartite (Etat, entreprises, syndicats) en 1972, vision chère à Lee Kuan Yew, le gouvernement singapourien a ratifié quatre conventions fondamentales de l'OIT en rapport avec la RSE.

2003 fut une année charnière pour Singapour avec Remake Singapore, mouvement du gouvernement instaurant un examen du rôle, des droits et des responsabilités de la société civile, des ONG et du monde des affaires à l'égard de la société. Une démarche unique et originale.

Les 12 et 13 juillet 2004, une série de séminaire a eu lieu à Singapour sur la Responsabilité sociale des entreprises. Une première pour la région Asie-Pacifique qui avait rassemblé des marques comme Swiss Re, Readers Digest, British Petroleum et Coca Cola... toutes s'engageant sur des initiatives de RSE au niveau mondial.

En 2005, un Centre pour la responsabilité sociétale des entreprises: Singapore Compact for CSR, un réseau RSE à but non lucratif pour les entreprises fut créé par un groupe de professionnels ayant le même état d'esprit et une conscience civile, dans le but d'encourager la réflexion sur les questions liées à la RSE, et leur promotion. 

Depuis, la RSE est passée dans les m?urs. Des entreprises de tous secteurs affichent un nombre important de politiques de RSE sous la forme de code de déontologie avec des dispositions concernant la corruption ; de politique de contrôle des installations des fournisseurs en matière de santé, de sécurité et des aspects environnementaux ainsi qu'en matière de commerce équitable et de vérification du prix du détail et enfin des normes de travail appliquées par leurs fournisseurs dans les pays en voie e développement.

On peut citer des entreprises singapouriennes comme CDL spécialisée dans l'environnemental building, Origin exterminator's, Banyan Tree, Keppel Land, Capital Land, Senoko?

Même les entreprises françaises installées à Singapour ont signé la charte RSE de la French Chamber of Commerce in Singapore (FCCS). « Quarante-deux à ce jour », nous confie Joëlle Brohier qui est également  co-présidente du comité Energie et Environnement au sein de la FCCS. « Parmi elles, nous pouvons citer Accor avec son initiative phare "Planet 21" dont c'est l'anniversaire ce 22 avril ; Danone et son social business au Bangladesh et en Indonésie ; Essilor et ses lunettes pour les personnes pauvres en Inde; Arkadin avec la mise en place de vidéo conférence pour les entreprises réduisant le nombre de voyages en avion? ».

Des progrès à faire en matière de consommation responsable
Une enquête menée par Echo Research en 2011 dans 10 pays et qui analysait les perceptions des consommateurs au niveau de la RSE, a fait ressortir que les consommateurs souhaitaient aussi s'engager dans leur acte d'achat.

A Singapour, le chemin reste encore long même si les consommateurs cherchent des façons de mener un mode de vie plus sain, compte tenu notamment de leurs horaires de travail et de l'augmentation des personnes âgées. Ils orientent désormais leur choix vers des produits alimentaires sains, les produits biologiques et les produits naturels. Devant cette hausse de la demande, les supermarchés ont augmenté leur offre en produits alimentaires biologiques. "Des magasins bio et des greenstores voient le jour dans les centres commerciaux, à l'image d'une jeune entreprise Green Caravel créé par une française Linda Aich et qui commercialise des produits fair trade à base d'huile d'arcan", nous cite Joëlle. Chose impensable il y a encore cinq ans.

Cependant, "consommer responsable", c'est donner un sens éthique et une utilité sociale à son acte d'achat. Le consommateur doit devenir un consom'acteur, en ayant une démarche d'achat réfléchie : il ne doit plus être passif dans son acte de consommation. C'est pourquoi depuis quelques années, des greendrinks : des rendez-vous café où l'on apprend à lire une étiquette, encourager les bonnes pratiques de consommation et dénoncer les mauvaises attirent de plus en plus d'adeptes. Mais tout reste encore à faire?

« Les actes d'achats responsables constituent un véritable levier économique puisqu'ils représentent tous les achats quotidiens et ponctuels. Informer les autres (son entourage, ses collègues?) sur la fabrication très polluante d'un produit, sur les pratiques d'industriels peu scrupuleux, ou qui ne respectent pas les règles de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) ; changer nos habitudes de consommation, boycotter certains produits ; soutenir les campagnes d'information ou de sensibilisation ; consommer des produits issus du commerce équitable?toutes ces actions responsables sont à la portée de chaque individu, il suffit juste de le vouloir et devenir acteur de sa consommation » conclu ainsi Joëlle Brohier.

Propos recueillis par Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) lundi 22 avril 2013




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Publié le 21 avril 2013, mis à jour le 21 avril 2013

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