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JULIEN LABRUYERE – "Créer mon entreprise s’est fait naturellement"

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 4 mars 2013, mis à jour le 1 mars 2013

Serial intrapreneur devenu entrepreneur, Julien Labruyère a commencé par mener tambour battant une carrière de commercial dans la high tech. En France et, depuis 2008, à Singapour, il a multiplié les rôles, se spécialisant dans l'ouverture de nouveaux bureaux pour le compte de ses employeurs successifs. Il était logique qu'il crée un jour sa propre structure, mais Julien attendait l'idée.

Lepetitjournal.com- Comment est né le projet de GET4X ?
Julien Labruyère - C'est lié à une expérience personnelle. Il y a un an, au moment de revenir en France, je cherchais à changer de l'argent et je me suis trouvé confronté à une difficulté : comment convertir mes dollars singapouriens en euros au meilleur taux ? Comment savoir si l'on fait une bonne affaire ou pas. En creusant la question, je me suis inspiré des sites comparatifs qui existent dans d'autres domaines. J'en ai discuté avec des amis. Ils m'ont dit que c'était une bonne idée et je me suis lancé.

Comment passe-t-on du statut de salarié à celui d'entrepreneur ?
Tout naturellement. Quand on travaille dans de petites structures et spécialement quand il s'agit d'ouvrir de nouveaux marchés, il faut avoir une vraie vocation d'entrepreneur et travailler pour l'entreprise comme si c'était la sienne. Travailler dans ces conditions apporte beaucoup de satisfaction. On a énormément de liberté. On prend goût au fait de gérer des projets de A à Z. On finit par se dire que, le jour où on aura une bonne idée, on pourra aussi se lancer. Les choses viennent dans cet ordre, simplement. Quand j'ai eu l'idée de GET4X, je n'ai pas hésité. Je suis assez confiant sur le fait que, en cas d'échec, je n'aurai pas vraiment de problème à retrouver un emploi. Dans ce contexte, la création d'entreprise ne constitue pas réellement un risque. Evidemment, j'ai divisé mon salaire par 4 ou 5.

Concrètement comment cela s'est-il passé ?
J'ai investi personnellement la totalité de mes économies et nous avons fait une première levée de fonds de avec mes amis et un fonds d'investissement. A partir de ce moment, nous avons développé un premier prototype, en faisant appel à une société extérieure, Haiku. La version Beta a été mise en ligne dès le mois de Septembre. Puis, nous nous sommes concentrés sur les retours d'utilisateurs de manière à faire évoluer la plateforme en tenant compte de leurs remarques. En Janvier 2013, l'application avait été téléchargée 3.000 fois et 15.000 fois un mois plus tard suite au lancement officiel dans les medias singapouriens. Un résultat très encourageant dans la mesure où il a été obtenu avec un investissement publicitaire presque nul.

Est-ce difficile de trouver des financements à Singapour ?
Non je n'ai pas eu de difficulté. L'un des investisseurs avais été mon patron chez Orange. Un autre est un contact que j'ai eu à travers la Chambre de Commerce Française de Singapour. Dans les deux cas, je pense que les gens sont certes sensibles à l'idée et au business model, mais qu'ils investissent avant tout sur une personne, quand ils pensent qu'elle est de confiance, qu'elle a les compétences et le niveau d'engagement requis pour réussir.

Quels sont les services couverts ?
GET4X est une application disponible sur iPhone (l'application pour android est en cours de développement) et sur le web qui permet à un utilisateur, de comparer les taux pratiqués par les bureaux de change de Singapour. Nous  n'intervenons que dans la mise en relation et non dans la transaction. L'utilisateur qui souhaite changer de l'argent peut faire une réservation en ligne : pour un montant donné, à un taux déterminé. Il dispose ensuite d'un laps de quelques heures pour se rendre physiquement dans le bureau de change auprès de qui il a fait la réservation et réaliser la transaction.

Qui sont les utilisateurs ?
Au début, c'était essentiellement des français. Aujourd'hui ce sont majoritairement des singapouriens et étrangers vivants à Singapour. Les singapouriens ont le goût de l'optimisation. Ils peuvent utiliser l'application pour réaliser le meilleur deal, même quand le montant en jeu est faible. Certains utilisateurs, au contraire, ne souhaitent pas changer. Ils veulent seulement se rassurer sur le fait que les taux pratiqués par leur bureau de change habituel ne sont pas prohibitifs par rapport au reste du marché.

Quelle est l'ambition que vous poursuivez avec cette entreprise ?
L'objectif est de faire une entreprise qui marche, c'est à dire qui génère des revenus et qui ne se contente pas de succès virtuels, comme c'est beaucoup le cas dans la net économie. Le modèle de GET4X est essentiellement fondé sur la publicité. La plateforme affiche près de 500.000 pages vues chaque mois. Elle constitue de surcroît un media intéressant, en termes de segmentation, puisque les devises concernées donnent des indications sur les pays dans lesquels les utilisateurs ont des projets de voyages ou des connexions. Ce qui est compliqué dans notre activité, c'est de convaincre les bureaux de change d'utiliser le service et d'être proactifs dans cette utilisation. Il y a ceux qui voient d'emblée le bénéfice qu'ils peuvent tirer du dispositif et il y a les méfiants. Pour les utilisateurs les plus fréquents, GET4X est loin d'être négligeable en termes d'acquisition de nouveaux clients. Nous avons à ce jour 30 bureaux de change participants. J'espère aussi que notre développement aura un impact en termes de transparence sur les taux de change. Actuellement, les marges pratiquées par les différents acteurs du marché sont extrêmement variables : les bureaux de change appliquent en moyenne un taux inférieur à 1% et les banques de 2 à 5%, alors que les concessionnaires des bureaux dans les aéroports pratiquent des taux de l'ordre de 5 à 10%.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com-Singapour) lundi 4 mars 2013

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Publié le 4 mars 2013, mis à jour le 1 mars 2013

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