Édition internationale

ANTOINE DE CLERMONT-TONNERRE – "Singapour est la ville d’Asie où les gens vont le plus au cinéma"

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 23 décembre 2012

 

Partenaire du festival du Film Français à Singapour, Unifrance Films est en charge de la promotion du cinéma Français à l'international. Son Président Antoine de Clermont-Tonnerre était présent dans la cité-Etat à l'occasion du Festival mais aussi pour participer au Screen Singapore Forum. Il nous livre sa réflexion sur les forces du cinéma français et les opportunités complexes mais réelles du marché asiatique.

Lepetitjournal.com - Vous êtes le Président d'UniFrance films. Quelle est l'importance de ce double rendez-vous à Singapour ?
Antoine de Clermont-Tonnerre - Je suis à Singapour à l'occasion du festival du film français et du Screen Singapore forum. Cette année, les deux événements se sont déroulés heureusement aux mêmes dates. En ce qui concerne Screen Singapore, je faisais partie du groupe des Ambassadeurs comme représentant de l'Eurozone. C'est l'opportunité de rencontrer des représentants de cinémas différents. Il y a beaucoup de conférences. J'ai animé moi-même une table ronde avec des producteurs singapouriens.

Comment se porte le cinéma Français en Asie ?
L'Asie ne constitue pas le marché principal du cinéma français, mais c'est un marché qui comporte un fort potentiel de croissance. La Chine reste à part, car son marché reste étroitement administré et contrôlé. Les films étrangers sont soumis à un contingentement, et il n'y a, chaque année, guère plus de 3 à 7 films français qui sont effectivement distribués en Chine. Unifrance Films a un bureau à Pékin. Nous organisons chaque année un Panorama du Film Français en Chine. Certains films comme Les femmes de l'Ombre avec Sophie Marceau ou Adèle Blanc Sec, de Luc Besson ont obtenu de beaux succès. Mais le marché chinois n'est qu'entrouvert. Nous verrons les positions que prendront sur le sujet les nouveaux gouvernants. Sur le marché libre, dans le reste de l'Asie, Le Japon est très important. Singapour est une plaque tournante. C'est la ville d'Asie où les gens vont le plus au cinéma et les salles de cinéma disposent d'un excellent équipement. Plus modestement, la Thaïlande, l'Indonésie et les Philippines constituent des marchés intéressants, de même que la Corée du Sud.

Quelles sont les contraintes et opportunités particulières du marché asiatique ?
Le cinéma en Asie se heurte à plusieurs difficultés. Il y a d'abord l'abondance des multiplexes qui voient les salles de cinéma intégrées dans des centres commerciaux. Ces dispositions favorisent davantage les films américains que les films d'art et essai, qui ne survivent bien qu'au Japon. En Asie, nous nous efforçons de convaincre les réseaux d'exploitation que les films français ont leur place. Dans un certain nombre de pays, notamment en Corée et au Japon, le cinéma est soutenu par les gouvernements. L'ambition d'UniFrance Films est de développer la place du cinéma français dans les pays émergents et notamment en Asie du Sud-est. Certes l'anglais y est largement dominant, mais le développement de populations avec un bon niveau d'éducation crée une demande diversifiée.

Quels sont les points forts du cinéma français sur les marchés asiatiques ?
Les points forts du cinéma français et européen, ce sont sa qualité et sa capacité à proposer des histoires différentes. Parce qu'il produit des films dont les budgets sont moins coûteux que ceux des films américains, et parce qu'il bénéficie de soutiens, le cinéma européen aborde une plus grande diversité de sujets. Parmi les pays européens, la France est n°1 dans la production de films, avec, en moyenne, la sortie de 260 nouveaux films chaque année.

Vous-êtes vous-même producteur. A ce titre, venez-vous à Singapour avec l'objectif de repérer des talents ou des opportunités de co-productions ?
Ce qui me motive dans mon métier, c'est la confrontation à d'autres cultures. Au travers de la maison de production que j'ai créée avec ma femme, nous avons travaillé avec de très nombreux metteurs en scène étrangers : Alexandre Sokourov, Walter Salles, Manuel de Oliveira, Raoul Ruiz, Eran Riklis. Comme producteur, j'ai participé à de nombreuses co-productions internationales. Il y a 10 jours, j'ai encore assisté à la fin d'un tournage en Palestine et en Israël, fruit d'une coproduction avec l'Allemagne et l'Italie.  On a aussi tourné en Chine. A Singapour, beaucoup de gens aimeraient coproduire des films avec l'Europe. Un nouveau fonds, Cinéma du Monde a été créé sous l'égide du CNC (Conseil National du Cinéma) et du ministère des Affaires ;etrangères. Le MDA* (Media Development Authority) a son propre fonds de financement. Rien ne s'est passé pour le moment, mais tout est possible.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com-Singapour) mardi 11 décembre 2012

L'Asie représentait en 2011 7,6% des recettes d'exportation des films français. Le CA (12Millions d'? en 2011) marque un repli sensible par rapport à 2010, mais aussi sur une période de 10 ans (21,4M en 2004 ; 22,6 en 2005), notamment en raison de la baisse des exportations vers les deux plus grands marchés de la zone : le Japon et la Corée. En Chine, 3 sorties de films seulement contre 7 l'année précédente, ont eu pour conséquence une baisse de 40% des entrées. Source : L'exportation des films français en 2011/CNC.

*MDA : Né de la fusion, en 2003 de la Singapore Broadcasting Authority, du  Films & Publications Department et de la Singapore Film Commission. Il est en charge de la promotion et de la régulation le secteur des média à Singapour. Il est- en association avec EDB, IDA et JTC - à l'origine de la création de Mediapolis, un hub dédié au développement des médias.


logofbsingapour
Publié le 11 décembre 2012, mis à jour le 23 décembre 2012
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.