Imelda, Bertille et Michaela partagent une même soif d'entreprendre. Une Singapourienne à la tête de Citizen Pop, une gamme de sodas naturels, une coach sportive française fondatrice de Singafit ; une néo-zélandaise enfin, qui s'épanouit dans Woolf Works, l'espace de bureaux partagés qu'elle a monté sur East Coast. Joli trio de femmes entrepreneurs qui voient en Singapour une belle terre d'accueil pour ces projets qui leur tiennent à cœur.
Parlez-nous chacune de vous…
Imelda Mo – Je suis née à Singapour mais ma mère est Indonésienne et j'ai grandi avec cette forte influence indonésienne. Nous allions régulièrement à Jakarta en famille quand j'étais plus jeune. J'ai toujours aimé les arts, les langues et la sociologie mais j'ai finalement atterri dans une école de commerce. Et comme je suis mauvaise en finance, j'ai choisi le marketing et la communication. On m'a offert un poste dans la pub juste avant mon diplôme, j'ai donc poursuivi dans cette voie.
Bertille Tillot – Je suis originaire du Lot-et-Garonne, où je suis restée jusqu'à 18 ans. Très tôt, j'ai eu envie de partir à l'étranger, j'ai fait une année d'échange à Bangkok avant de commencer une école de commerce. Mes études m'ont amenée à Madrid, Sao Paulo et finalement à Singapour où j'ai trouvé mon premier emploi chez AXA. Après avoir travaillé 6 ans en gestion de projet puis dans le marketing digital, je voulais assouvir mon rêve de monter ma propre boîte.
Michaela Anchan – Je viens de Nouvelle-Zélande, j'y ai grandi et j'en suis partie en 2003. J'ai passé quelque temps en Corée pour enseigner l'anglais et, comme de nombreux kiwis, j'ai fait un tour du monde. En Inde, j'ai rencontré un très bel homme, prénommé Kishore, et depuis je ne l'ai plus quitté ! Nous nous sommes mariés et avons eu une fille deux plus tard. Pendant ma grossesse j'ai quitté mon poste de chef de projet pour une entreprise ferroviaire et j'ai pris des cours d'écriture à l'université. Nous sommes arrivés à Singapour en 2011, notre fils y est né en 2013.
En quoi consiste votre entreprise ? Quelle a été la genèse de ce projet ?
Je crée des sodas totalement naturels à partir de jus de fruits frais, associés à des notes originales qui évoluent au gré des saisons. Nous n'utilisons ni conservateurs ni arômes artificiels. Je n'ai jamais aimé les sodas car je les trouve souvent trop sucrés ou chimiques. L'eau m'ennuie et je trouve les jus de fruits frais souvent trop chers pour ce que je pourrais faire moi-même à la maison. Mais surtout, j'aime les bulles, notamment après un bon repas. Alors j'ai joué avec mon siphon et j'ai tenté de concocter mes propres jus de fruits à bulles. Mes amis et ma famille ont adoré et j'ai poussé l'idée plus loin, en développant de nouvelles recettes avec des ingrédients locaux et d'autres du monde entier.
Qui sont vos clients ?
Imelda – Nous avons plusieurs types de clients : des fins gourmets qui privilégient la qualité, la fraîcheur et une alimentation saine ; ceux-là acceptent de payer un peu plus cher pour ce type de produit. Nous attirons aussi les aventuriers et les curieux de découvertes culinaires. Ils sont souvent créatifs et à l'affût de nouvelles expériences. Enfin, beaucoup de nos fans sont des expatriés qui apprécient le côté "fait maison", ils sont aussi plus ouverts à des associations inédites. Nous sommes actuellement distribués dans les cafés et les restaurants, nous faisons aussi des livraisons à domicile.
Bertille – Nos clients sont majoritairement français. Des adultes mais aussi des enfants. Leurs objectifs sont variés : remise en forme après la quarantaine, du pré et post natal, de la perte de poids, du perfectionnement en natation ou de l'entraînement à un événement sportif.
Michaela Anchan– Nos membres sont très différents. Nous avons des coaches sportifs qui viennent pour écrire et organiser leur agenda, un photographe, une femme qui travaille à distance pour une société américaine, une autre vient pour monter sa boîte. Nous avons aussi un écrivain qui a pris deux demi-journées par semaine pour rédiger tranquillement. Le nombre de membres est encore petit mais ça décolle doucement, avec de nouvelles demandes d'informations chaque jour.
Quel est votre plus grand défi ?
Nos deux barrières à l'entrée sont l'éducation des clients sur nos associations inédites et sur nos prix. Les occidentaux semblent plus ouverts à nos créations que les locaux. Quant au prix, nous sommes plutôt haut-de-gamme. Nous devons donc expliquer que nos sodas sont faits à partir de produits et d'ingrédients frais et que tout est fait main.
Mes journées ne sont pas extensibles et je dois m'entourer de personal trainers qui véhiculent l'image que je souhaite donner à Singafit – plaisir dans l'effort, résultats et transmission de connaissances. Il est difficile de trouver des coaches qui répondent à ces critères. Plus que des aptitudes, il nous faut des attitudes pour que le client se sente à l'aise. Je suis toujours à la recherche de nouveaux coaches pour agrandir la famille Singafit.
A quoi ressemble une journée type pour vous ?
Imelda – Je fais généralement les choses les plus laborieuses le matin. Aller au marché pour faire les courses, puis terminer la production en cuisine. J'essaie de visiter au moins un café/restaurant par jour pour voir s'il y a des opportunités d'inclure Citizen Pop à leur menu. Le reste de l'après-midi, je fais des courses et quelques rendez-vous. Je fais une pause au dîner pour passer du temps en famille ou entre amis. Le soir, je rejoins généralement mon partenaire Edwin, ou je fais des mails, j'abats les tâches administratives et je fais des recherches.
Bertille Tillot – Debout à 5h, départ de la maison en vélo à 5h30, premier client à 6h. Puis la matinée s'enchaîne avec 2 ou 3 clients avant un break entre midi et deux. J'en profite pour faire mon admin' et le marketing. Je reprends de 15h à 18h avec les cours de natation pour les enfants. A la sortie des bureaux les cours adultes reprennent de 19h à 21h. Retour à la maison vers 22h pour un dodo bien mérité. Les journées sont longues, d'où mon plus grand défi : recruter du monde pour pouvoir alléger mon agenda et passer plus de temps à développer l'activité.
Michaela – je me réveille très fatiguée car mon petit de 17 mois ne dort pas beaucoup ! Je vois mon coach sportif à 6h30 trois fois par semaine. Je prépare un semi-marathon et si personne ne m'attendait pour m'entraîner, je crois que je n'arriverais jamais à me lever. Je dépose ma fille à l'école à 8h30 et je viens au bureau. Si j'ai un événement je prépare le lieu, sinon j'ai toujours un certain nombre de rendez-vous qui s'enchaînent pendant la journée. Ensuite nous allons souvent déjeuner avec les membres dans le quartier. Il y a plein de petites pépites à deux pas, comme cette cantine vietnamienne ou Loving Hut, un restaurant végétarien. L'après-midi, je fais des mails, j'assure la promotion du lieu, je réponds aux besoins des membres. J'essaie de partir à 17h pour pouvoir dîner avec mes enfants et faire les devoirs. Ensuite, je sors au moins une fois par semaine à des événements de networking, et j'essaie de rentrer avant 22h pour me coucher tôt. Mon mari travaille souvent jusqu'à 21h ou 22h donc on ne se voit pas beaucoup en ce moment. Le samedi on est ravis de sortir tous les deux et de débriefer notre semaine !
De quoi sera fait demain ? Quel est votre rêve ?
Propos recueillis par Raphaëlle CHOËL (www.lepetitjournal.com/Singapour) mardi 9 septembre 2014
En savoir plus: CitizenPop (Imelda)/ Singafit (Bertille)/ Woolfworks (Michaela)