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PORTRAIT D’ENTREPRENEUR - Jérôme Touchard, managing director de YellowKorner à Singapour

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 14 avril 2014, mis à jour le 15 avril 2014

Créée en 2007, YellowKorner arrive en Asie avec l'ambition de proposer des photos d'art à des prix accessibles. Jérôme Touchard est le responsable de la marque à Singapour. Il revient avec nous sur son parcours et les premiers pas de Yellowkorner dans la cité-Etat, depuis l'ouverture du premier magasin il y a 6 mois.

Jérôme Touchard Yellowkorner
Lepetitjournal.com/Singapour — Vous venez d'ouvrir le premier magasin de YellowKorner à Singapour. Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans cette aventure ?
Jérôme Touchard — J'ai suivi un parcours assez classique. Je suis diplômé de l'IPAG Business School avec une spécialisation en commerce international. J'ai fait mes premiers pas dans le monde de l'entreprise chez American Express à la direction des ventes, puis chez NetNames, une entreprise spécialisée dans la protection des marques sur Internet ; deux expériences qui m'ont permis d'approfondir des compétences en ventes, management, gestion de projet, communication et marketing… qui se révèlent précieuses dans mes nouvelles fonctions. Après un passage à la Sillicon Valley, j'ai préparé pendant 2 ans mon projet à Singapour.

Quel est le concept de YellowKorner ?
— L'ambition première des deux fondateurs français de YellowKorner, Alexandre de Metz et Paul-Antoine Briat, est de démocratiser la photographie d'art pour  la rendre accessible à tous. YellowKorner le fait en exposant et commercialisant des photographies d'art en tirages limités, numérotés et accompagnés d'un certificat d'authenticité.

Au delà, la marque se propose d'être le trait d'union entre le public et les artistes. Le concept relève d'une équation très simple : augmenter le nombre d'exemplaires d'une photographie d'art pour la rendre accessible au plus grand nombre d'amateurs et collectionneurs. Ainsi la marque choisit d'éditer une photographie entre 30 et 500 exemplaires dans le monde entier, et de la vendre à un prix allant de 90 à 4,000 SGD.

Comment sélectionnez-vous les photographes ?
— Le comité artistique basé à Paris sélectionne les artistes, chacun d'entre eux dispose d'une connaissance d'un type de photographie et/ou d'une période, ce qui permet d'enrichir très régulièrement notre collection. YellowKorner veut donner un espace d'expression aux talents issus des différents courants de la photographie. Ainsi, des artistes contemporains peuvent côtoyer de grands noms de la photographie tels que Gustave le Gray, Eugène Atget, Man Ray, Dorothea Lange, Jean Dieuzaide, Bert Stern, Frank Horvat, Yann Arthus-Bertrand... ou encore des photographes d'époque comme le primitif japonais Kimbei, Nadar, Léon Gimpel...
L'équipe travaille par ailleurs, au quotidien, à la détection des jeunes espoirs internationaux de la photographie d'art, parmi les plus doués de leur génération. Depuis sa création, YellowKorner a su mettre en lumière, dès le début de leur carrière, Léo Caillard, Laurent Baheux, Kourtney Roy ou encore Lee Jeffries.  Aujourd'hui, on compte plus de 200 photographes partout dans le monde.

Comment a démarré l'aventure à Singapour ?
— J'ai d'abord été un client de YellowKorner, dans les débuts de l'entreprise. L'idée a rapidement germé de lancer le concept en Asie, et particulièrement à Singapour qui présentait l'avantage d'être une porte d'entrée "accessible" sur le continent et un "test market".

Avec mon partenaire, nous avons ensuite mûri, pendant 2 ans, notre projet de développement dans la cité-Etat : construction du réseau, étude de marché, compréhension des relations interculturelles avec les Singapouriens. Le fait que mon partenaire ait des origines singapouriennes a été sur ce point très utile en termes de compréhension du marché et du réseau local. La première galerie YellowKorner en Asie a ouvert en Novembre dernier.


Comment se passent les débuts à Singapour ?
— Nous sommes satisfaits de nos premiers pas à Singapour, nous observons une croissance mois après mois et le bouche à oreille se met en marche. Nous souhaitons accélérer nos actions de communications dans les prochains mois pour nous faire connaître. Le concept jouit déjà d'une certaine notoriété, avec plus de 70 galeries, en France et dans de nombreuses grandes villes dans le monde… Mais ici, à Singapour, tout reste à faire.

A quels types de difficultés avez-vous été confrontés ?
— La gestion des ressources humaines n'a pas été de tout repos. Nous avons constitué une équipe de deux personnes. Mais j'ai été confronté à la démission de l'un d'entre eux, 10 jours après l'ouverture… J'avoue avoir été un peu désorienté même si l'on m'avait déjà alerté sur le risque, particulièrement fort dans le commerce de détail. Aujourd'hui, 2 personnes s'occupent de la galerie au quotidien, mon associé et moi nous occupons du marketing, des approvisionnements, des ventes BtoB et de la recherche des artistes locaux.

Comment réagit le public depuis l'ouverture ?
— C'est difficile de dresser un portrait type de nos clients car la photo touche un public large et varié. Les clients YellowKorner sont de tous âges : des amateurs, des passionnés et même des collectionneurs avertis. Aujourd'hui 80% des ventes sont faites avec des particuliers. Le reste est réalisé avec des entreprises (hôtels, restaurants, designers d'intérieur…). Les expatriés ont déjà une bonne sensibilité à la photographie ; ils connaissent parfois la marque et rentrent dans la boutique plus facilement pour découvrir les photographies. Convaincre les Singapouriens est un exercice beaucoup plus ardu et l'un de nos plus gros challenges ici.

Dans quelle mesure adaptez-vous vos produits aux goûts des consommateurs singapouriens ?
— YellowKorner est un concept global, l'esprit et l'expérience voulus pas les fondateurs doivent être les mêmes, que l'on se trouve à New York, à Paris ou à Sydney. Néanmoins, on s'adapte aux goûts des clients localement. Depuis notre ouverture, certaines tendances se dessinent. Les Singapouriens semblent apprécier particulièrement les photos de paysage ou de nature et les photos abstraites ; ces dernières se rapprochant parfois de la peinture dans leur composition. L'influence du Feng Shui se ressent dans le choix des photos. De plus, les services d'encadrement, de livraison et d'installation sont renforcés car la demande est beaucoup plus forte.

Quels sont vos prochains challenges ?
— Accroître nos actions de communication, convaincre encore et toujours les Singapouriens et par la suite ouvrir une seconde galerie à l'horizon 2015. D'un point de vue business, nous souhaitons développer les ventes et les partenariats corporate, notamment avec les designers d'intérieur. A plus long terme, une fois que la structure logistique sera mise en place, nous prévoyons de lancer un site de vente en ligne pour Singapour. En effet, notre centrale logistique étant aujourd'hui basée en France, il est difficile de satisfaire des commandes avec des délais courts.

Quels sont les trucs et astuces que vous partageriez pour expliquer comment réussir à lancer son projet à Singapour ?
— La préparation est la clef de la réussite, comme dans tout projet. Il faut prendre le temps d'intégrer les contraintes et les spécificités locales. Il ne faut pas oublier que l'on est dans un pays qui a sa propre identité et sa culture. Il faut rester humble dans les échanges, ne pas aller trop vite et être capable de s'adapter. Le respect de l'identité singapourienne est crucial pour lancer un projet ici. Il faut faire confiance à ses compétences mais il faut être prêt à remettre en question ses acquis et ses certitudes.
Pour ma part, j'ai bénéficié de la connaissance et du réseau de mon partenaire.  Cela m'a permis de faire moins d'erreurs… Néanmoins, réussir son lancement ne suffit pas, encore faut-il perdurer et faire prospérer son concept et c'est dans cela que réside notre plus gros défi à ce jour.

Une anecdote à partager ?
— Je me souviens d'un jour ou l'une de mes clientes appréciant l'une des photos me demande si je pouvais retirer la dame qui y figurait car elle ne la connaissait pas et ne pouvait en conséquence pas l'avoir chez elle… Bien sûr il m'a été très difficile de répondre à son exigence. Les portraits sont plus difficiles à vendre ici et cela se complique encore si la personne en photo ne fait plus partie de ce monde…

Propos recueillis par Christine Despret-Chhua (www.lepetitjournal.com/singapour) mardi 15 avril 2014

Voir le site de Yellowkorner

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Publié le 14 avril 2014, mis à jour le 15 avril 2014

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