Le 18 mars a eu lieu à Lisbonne la quatrième édition de la conférence économique luso-française (1) ayant pour thème "la contribution de l'investissement français dans l'économie portugaise" avec près de 250 participants. Un franc succès. Le secrétaire d'État chargé du Commerce Extérieur, de la Promotion du Tourisme et des Français de l'étranger, Matthias Fekl s'est déplacé pour l'occasion ; il a par ailleurs profité de cette venue pour participer à l'événement gastronomique "Goût de France" qui s'est déroulé sur les mêmes jours et a aussi rencontré des membres de la communauté française résidant à Lisbonne. Lepetitjournal/Lisbonne a rencontré le secrétaire d'Etat qui s'est particulièrement exprimé sur les relations franco-portugaises et sur l´importance des échanges économiques entre les deux pays.
700 entreprises françaises au Portugal, 60 000 emplois
Matthias Fekl, a tenu à aller droit au but dès le début de l'interview donnée lors de la 4ème édition de la conférence économique luso-française, en annonçant des chiffres clés concernant les relations économiques entre les deux pays. "Près de 700 entreprises présentes au Portugal, ont créé 60 000 emplois au Portugal. Entre les deux pays les échanges s'élèvent à près de 10 milliards d'euros en 2015, en effet le chiffre d'affaire est estimé à 9 milliards et demi d'euros l'an dernier. Ce sont des chiffres qui montrent l'intensité des relations et les échanges se font dans tous les domaines économiques : secteurs industrie, des services du tourisme..."
(@ Ambassade de France)
Tourisme : 2 millions d'emplois en France
Le secrétaire d'Etat nous apprend que 750 000 touristes portugais sont venus en France l'an dernier alors que le Portugal a reçu un million de visiteurs français "Nous sommes deux pays très engagés dans une démarche volontariste en matière de tourisme, qui représente deux millions d'emplois en France et près de 7% de notre richesse nationale. Nous souhaitons renforcer les relations dans ce domaine ». Il ajoute être venu pour délivrer un message aux Portugais : les encourager à venir en France « Nous sommes engagés dans une politique offensive d'accueil, d'hospitalité pour les touristes avec le développement de l'offre d'hébergement, du numérique et des différentes formes d'innovation en la matière".
Accompagner les entreprises françaises qui veulent investir dans le secteur du tourisme au Portugal
"Nous avons mis en place une filière prioritaire à l'export en matière de tourisme appelée le French travel, c'est une structuration d'entreprises de ce secteur. Ces entreprises ont été reçues au Portugal par la secrétaire d'État au tourisme, Ana Mendes Godinho, pour voir comment concrétiser un certain nombre de choses" nous dit le secrétaire d´Etat. Et, il poursuit : "Avec cette dernière, nous élaborons une feuille de route commune pour favoriser les investissements croisés et favoriser la venue des touristes dans les deux pays, puis identifier les secteurs ou il y a des besoins pour que le savoir-faire des entreprises françaises puissent continuer à se développer au Portugal et inversement que toujours plus de touristes portugais viennent en France [...] Il y a des dynamiques très fortes. Il est donc très important de présenter aux Portugais toute la diversité d'expériences qui peuvent être faites".
300 français ont obtenu le statut de non résident habituel en 2014
"La France a un taux d'expatriation inférieur à celui de l'Allemagne et du Royaume-Uni. La thématique de la fuite des cerveaux, est une polémique qui ne correspond pas à l'image de la France. Nous travaillons d´ailleurs également sur le retour en France des Français voulant rentrer et avons un site dédié à cette question. Qu'il y ait une croissance de la communauté française au Portugal est un fait incontestable et une réalité au sein de l'Union européenne. Nous sommes dans un espace européen. Cependant, les statistiques concernant l'obtention par des étrangers du statut NRH au Portugal en 2014, est de 300 français. Un chiffre faible en terme d'exemption fiscale. L'immense majorité des Français ne sont pas là pour des raisons contestables. Le comparatif entre le nombre de Français installés au Portugal, soit 60 000 et ceux possédant le statut de non résident habituel en 2014 soit 300, est assez éloquent" affirme Matthias Fekl.
La problématique de la bureaucratie et de la fiscalité
"Nos deux pays sont engagés dans des projets de simplification. En France, un secrétaire d'État travaille sur les problèmes de bureaucratie afin de raccourcir les délais de décisions publiques et pour que la temporalité de l'économie corresponde davantage. C'est aussi quelque chose qui inspire le gouvernement portugais, il y a des réformes menées au Portugal qui correspondent à ce qui se passe en France.
On regarde avec beaucoup d'intérêt ce qui se passe au Portugal, sur les politiques en cours. Il existe des messages communs pour une Europe de l'investissement, de la croissance. Il y a aussi des stratégies communes à mener sur les évolutions du tourisme, l''économie collaborative, et les problématiques fiscales" a communiqué l´homme politique. (@ I.Bertin)
Europe : "la stabilité de tous dépend de la stabilité de chacun"
"L'Europe ne peut atteindre son but que s'il y a des projets communs [...]Ce qui est sûr c'est que l'Europe n'atteindra son but que si nous sommes capables de relever ensemble les grands défis. C'est vrai en matière fiscale. La concurrence fiscale au sein de l'Union européenne est à terme fatale pour tout le monde, il y a un travail commun à faire là-dessus comme sur la question de l´'immigration ou encore sur le respect de l'environnement. L'Europe est à un tournant avec la montée de l'extrémisme, des nationalismes. Soit l'Europe se ressaisit, soit elle y perdra son âme et son avenir, j'en suis convaincu" a rajouté Matthias Fielk.
La question de l'Euro
Il poursuit : "L'Europe est le bon niveau d'action face à des géants économiques dans le monde d'aujourd'hui. Se replier sur soi me semble être une erreur d'analyse complète et une faute majeure contre l'intérêt des citoyens. Le président de la République a joué un rôle majeur dans le maintien de la Grèce dans la zone euro et la France a toujours assumé ses responsabilités là-dessus. La France est toujours attachée à l'euro et l'a prouvé par le passé. La stabilité de tous dépend de la stabilité de chacun."
"Goût de France" : la diplomatie gastronomique
Matthias Fekl nous a également livré à la fin de cette interview son avis concernant l'opération culinaire mondiale Goût de France, qui s'est déroulée le 21 mars et à laquelle il a participé. Un événement organisé dans 1700 restaurants du monde pour rendre hommage à la gastronomie française.
"La gastronomie française fait partie de l'identité de notre pays. C'est une identité de partage généreuse. Une occasion de présenter le savoir-faire français, mettre à l'honneur des chefs du monde entier. Ici au Portugal 34 restaurants s'y sont engagés, c'est deux fois plus que l'an dernier, c'est donc un franc succès. C'est un moment de fête, de partage et qui rejoint la défense de nos appellations. Notamment dans les négociations commerciales parfois difficiles avec les États-Unis, les partenaires du monde entier. Nous souhaitons défendre un certain modèle agricole et alimentaire français avec la qualité des produits, le respect des terroirs, les modes de productions et cette diplomatie des terroirs trouve aussi son aboutissement dans la diplomatie gastronomique. S'il y a une gastronomie de qualité, c'est parce que il y a des agriculteurs qui produisent des choses extraordinaires et qui doivent être défendues."
Custódia Domingues avec la collaboration de Iris Bertin (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 30 mars 2016
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- 3EME CONFERENCE FRANCO-PORTUGAISE - "Le Portugal, terre de production : le cas des entreprises françaises"
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