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Peter Gordon: "J'adapte des opéras français pour le public de Hong Kong"

Si la culture française est présente à Hong Kong, c’est grâce à des personnes comme Peter Gordon. Ce metteur en scène américain est passionné d'opéra et de théâtre français. Nous l’avons rencontré.

peter gordonpeter gordon
Peter Gordon et son équipe
Écrit par Iris Martet
Publié le 11 avril 2024, mis à jour le 11 avril 2024

J'ai découvert le théâtre à Hong Kong

Qu'est-ce qui vous a amené à Hong Kong ?

A l’origine, je ne suis pas arrivé à Hong Kong par le biais de l’art, mais grâce à une entreprise informatique américaine. J’avais passé une grande partie de mon enfance en dehors des Etats Unis, en expatriation, et j’avais envie de repartir à l’étranger. C’est donc par hasard que je suis arrivé là, mais j’y suis resté pendant plusieurs décennies. C'est un lieu international mais où il est facile de mener à bien ses projets et de se lancer dans ce qui nous intéresse, c'est-à-dire pratiquement un village. C’est donc ainsi que j’ai commencé à travailler dans l’art, d’abord au travers de prix littéraires, puis au travers du théâtre.

J'ai d'abord découvert Edmond Rostand

Qu’est ce qui vous a conduit à vous intéresser à la France ?

J’ai commencé petit à apprendre des langues latines, notamment l’espagnol, ayant vécu en Colombie. En revenant aux Etats Unis, En revenant aux Etats Unis, l’école où mes parents m’ont inscrit était heureusement tournée vers les langues et m’a permis de continuer mon apprentissage. Le programme était spécialisé dans la langue française, mais c'était linguistiquement assez proche de l’espagnol. Il était donc simple de basculer d’une langue à l'autre. Mon apprentissage du français s’est notamment fait au travers de la découverte de la littérature française, et particulièrement des dramaturges français comme Edmond Rostand ou Eugène Ionesco. C’est à ce moment que j'ai commencé à développer une appétence particulière pour le théâtre non anglophone.

L'opéra transcende la culture et la langue

Et pourquoi l'opéra ?

Je m'intéressais déjà à l'opéra plus jeune grâce à mes lectures. A 18 ans, je me suis rendu a mon premier opéra, et ce fut un coup de foudre. Au théâtre, les émotions passent par la tête, alors que pour l'opéra, les émotions affectent le corps et le cœur. Avec la musique, il est plus simple de communiquer et il n’y a pas la barrière de langue. Il est très facile d’assister à un opéra dans une langue étrangère et de l'apprécier sans comprendre le texte. Je souhaitais exporter mon travail pour le faire connaître sans barrière de culture, et l'opéra s’y prêtait tout à fait. Je suis donc lancé il y a 10 ans environ dans l'opéra à Hong Kong.

Je privilégie les petits opéras

Comment procédez-vous en matière d'adaptation ?

Je m’inspire du travail de Jacques Offenbach. Quand je me penche sur une opérette, je mets peu de chanteurs, environ trois, et pas de chœur. Ce modèle est peu coûteux, et donc facile à implémenter dans divers environnements. En effet, beaucoup d'opéras nécessitent de gros budgets et s'adresse en plus à une élite. Je choisis des oeuvres dont les textes ne comprennent guère d'éléments géographiques spécifiques, afin de pouvoir facilement l’adapter. Cela permet de mettre en scène la culture de l'endroit où la pièce est jouée. Par ce biais il est possible d'être plus proche du public. Le petit nombre de comédiens permet aussi de donner une chance aux jeunes chanteurs hongkongais de se faire connaître par une participation importante. Ce format a jusqu'ici fait ses preuves, en séduisant un public jeune, le modèle rappelant beaucoup les “comédies musicales” déjà très populaires. La Chine a d'ailleurs décerné à l'opérette “Rita” plusieurs prix, ce qui est une première pour ce genre.

Je m'adapte toujours à la culture locale

A qui s'adressent vos œuvres ?

Pour ce qui est du public, je cherche à toucher toutes les origines sociales et culturelles mais j’aime que la mise en scène s'adapte à la culture locale. Si nous faisons une représentation en Chine, je tente d'établir des liens avec la culture chinoise, quitte à légèrement modifier le texte. Les histoires ne faisant pas de références géographiques directes, c’est chose aisée. 

dr miracle
Dr Miracle de Bizet par Peter Gordon

Nous continuerons alors à promouvoir la culture française à travers le monde

Quels sont vos prochains projets ?

Cette année, comme lors des deux années précédentes, nous serons présents au French May Festival avec 'Le toréador' d'Adolphe Adam. Précédemment, le “Dr Miracle”, en partenariat avec HKUST et le French May a très bien marché. Nous continuerons à promouvoir la culture française à travers le monde. Nous sommes d'ailleurs déjà sur la liste officielle des célébrations de l’anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises. Par la suite, je voudrais m’attaquer à des formats plus grands, comme “Carmen” de Bizet. On verra.

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