Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

L'Allemagne, partenaire privilégié de la Chine en Europe

Les deuxième et troisième économies du monde sont bien plus partenaires que rivales. La récente visite d’Olaf Scholz en Chine a permis de le prouver.

German industrial park PékinGerman industrial park Pékin
Le China-Germany Industrial Park de Pékin, symbole de la coopération sino-allemande (photo N5O9FZ sur Creative Commons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 21 avril 2024, mis à jour le 22 avril 2024

Investissements mutuels entre Chine et Allemagne

Quelques jours avant de se rendre en Chine, du 14 au 16 avril, Olaf Scholz, le chancelier allemand, a publié le 8 avril sa première vidéo sur son compte Tiktok. Cette marque de confiance envers un réseau social chinois contesté dans d’autres pays occidentaux symbolise plus que tout la Realpolitik allemande face à la Chine, marquée par une stratégie coopérative gagnant-gagnant.

Non seulement l’empire du Milieu est le premier partenaire commercial de l’Allemagne depuis 2016, mais Berlin a de plus creusé l’écart avec ses rivaux européens dans la course au marché chinois. En 2022, la valeur des exportations allemandes en Chine était plus de quatre fois supérieure à celle des exportations françaises dans ce même pays.

De fait, le voyage exceptionnellement long d’Olaf Scholz en Chine a commencé par deux visites d’usines symboliques : Bosch à Chongqing et Covestro à Shanghai. A l’opposé de la stratégie de « derisking » (ou réduction des risques de dépendance) voulue par ses alliés verts, le chancelier social-démocrate a au contraire embarqué dans sa délégation des grands patrons de son pays (Siemens, Bayer, Mercedes, BMW, ThyssenKrupp) pour chercher à signer des contrats, qui peuvent apporter de nouveaux débouchés à l’industrie allemande au moment où l’économie européenne ralentit.                                                                       

Objectifs écologiques sino-allemands

Cependant, la délégation ne comprenait pas que des PDG. Ainsi, parmi les membres du gouvernement accompagnateurs, figuraient les ministres des Transports, de l’Agriculture et de l’Environnement, alors même que la ministre verte des Affaires Etrangères, Annalena Baerbock, très critique envers la Chine, n’était pas du voyage.

A travers la composition de cette délégation, le message de la prépondérance du thème de l’environnement a été clairement identifié comme un élément fort de rapprochement entre les deux pays. A l’heure où d’autres pays remettent en question des normes écologiques ou des objectifs de réduction des gaz à effets de serre, Berlin et Pékin ont insisté sur les objectifs en matière de climat et de biodiversité. « Ce n’est qu’ensemble que nous parviendrons à trouver des solutions pour stopper le changement climatique et gérer la transition écologique de manière équitable », a ainsi affirmé Olaf Scholz.

Dans ces conditions, le gouvernement chinois a aussi pu insister pour que l’Allemagne s’oppose aux sanctions envisagées par la commission européenne contre les véhicules électriques, les éoliennes ou les panneaux solaires chinois. En effet, ces produits, accusés de concurrence déloyale, ont la caractéristique commune d’être des produits de la transition écologique. En contrepartie, Olaf Scholz a demandé la disparition des « désavantages anticoncurrentiels » dont se plaignent beaucoup d’industriels allemands en Chine.

Chine et Allemagne pour la paix en Ukraine

Dans ce même souci de préservation de la planète, au moment où les guerres se multiplient et impliquent des puissances nucléaires, les deux pays ont de nouveau insisté sur la nécessité absolue de ne recourir en aucun cas à l’arme atomique. Sur le cas particulier de la guerre russo-ukrainienne, où les deux pays soutiennent des camps différents, Berlin et Pékin se sont dit favorables à l’organisation d’une conférence sur la paix en Ukraine, ce que la Suisse compte faire les 15 et 16 juin prochains.

Bref, au moment où, d’un côté, le couple franco-allemand bat de l’aile, et, de l’autre, la Chine fait face à une stratégie « dure » de désinvestissement et de « derisking » de la part notamment des Américains et des Japonais, le deuxième voyage d’Olaf Scholz dans l’Empire du Milieu, après celui de novembre 2022, risque bien d’entraîner d’importantes répercussions économiques, écologiques et géopolitiques.

Sujets du moment

Flash infos