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Rencontre avec Caroline Billot à l’occasion de la journée des droits des femmes

Une journée pour célébrer les droits de la femme, 364 autres pour appliquer ces mêmes droits, jamais parfaitement acquis, souvent sur le fil de l’oubli ou de la dénégation.

Caroline Billot Francfort SessunCaroline Billot Francfort Sessun
Écrit par Helena Delbecq
Publié le 7 mars 2024, mis à jour le 11 mars 2024

Caroline Billot qui est responsable de la filiale sessùn à Francfort, une marque française de prêt-à-porter premium, et chargée des sponsors et de la communication interne à Francfort Accueil, évoque avec clarté et conviction les raisons d’un combat toujours d’actualité.

 

Cette journée des droits de la femme, instituée en 1977 par les Nations Unies, garde-t-elle tout son sens aujourd’hui ? 

Plus que jamais quand on voit ce qui se passe dans certains pays ! Il faut aussi rappeler en effet qu’il s’agit bien de la journée des droits de la femme et non de celle de la femme ! Le glissement est facilement fait. Dans une société multiculturelle comme Francfort, on constate couramment des divergences de représentations à ce sujet. J’ai plusieurs collègues ou connaissances qui se voient offrir des fleurs à l’occasion de cette journée…

Il est clair que c’est une journée pour y penser spécialement mais ça ne dispense pas d’une action tout au long de l’année. 

 

Alors, une ou des actions particulières à mettre en place, que cela soit au sein des entreprises ou de la société civile ? 

L’éducation et la formation sur le sujet restent indispensables. Si on prend le monde des entreprises, beaucoup d’actions de formation existent aujourd’hui sur le leadership, la Communication NonViolente (CNV), l’empathie, etc. On pourrait assez facilement mettre en place une sensibilisation sur cette question de la nécessaire égalité de traitement homme-femme, notamment au sein de l’entreprise. Une sensibilisation, y compris pour les femmes bien entendu ! 

 

Les femmes sont souvent les premières à s’imposer toutes sortes de croyances limitantes.

 

Combien parmi elles ont complètement intégré - à leur insu -  certains stéréotypes de genres et agissent en conséquence, par exemple en hésitant à négocier un salaire perçu comme trop élevé ? Beaucoup trop de femmes. Sheryl Sandberg (ancienne COO de Facebook) en parle abondamment dans ses différents livres et discours TED. Les femmes sont souvent les premières à s’imposer toutes sortes de croyances limitantes.

 

Au sujet de l’égalité homme – femme justement, comment contribuer à faire évoluer les consciences sans décréter cette égalité de manière parfois artificielle, comme on le voit par exemple dans l’imposition de quotas par genres ? 

Ça ne me choque plus d’imposer des quotas hommes - femmes. A côté des actions de formation évoquées plus haut, qui doivent être faites avec finesse, il faut aussi afficher et brandir des valeurs - ici l’égalité homme femme - le temps qu’elles imprègnent les consciences collectives. Ca paraîtra ensuite tout à fait normal. 

La comparaison avec le cinéma est assez parlante. On affiche maintenant dans les films et séries une certaine diversité ethnique. Ça peut paraître artificiel pour certains mais c’est nécessaire dans un premier temps. Nous avons besoin de modèles multiples et divers pour pouvoir nous sentir tous représentés. Comme je l’entendais dans les médias, et à juste titre, le cinéma ne change pas le monde mais la vision qu’on se fait du monde. C’est pareil pour la cause des femmes et les valeurs à afficher.

 

Vous qui venez du monde professionnel de la beauté, est-ce que les stéréotypes de genres n’y sont pas encore particulièrement marqués ? 

Paradoxalement, cet univers nous permet aussi de voir aux premières loges certaines des évolutions par rapport à cette problématique. Aujourd’hui, les soins du corps et du visage ne sont plus une histoire exclusivement féminine. Si on prend aussi l’exemple concret du maquillage, on ne le voit plus obligatoirement comme instrument de séduction mais comme une pratique où on va prendre soin de soi et comme un outil d’affirmation de soi. Certains hommes l’utilisent aussi de manière décomplexée et c’est très bien.

 

Equipe sessun francfort
De gauche à droite, Aylar Artykova, Véra Harea et Caroline Billot de l'équipe sessùn de Francfort.

 

Vous êtes née en Allemagne et y avez grandi jusqu’à vos 6 ans. Puis la France et de nouveau l’Allemagne. Une différence significative entre les deux pays par rapport à cette question des droits de la femme ? 

On a de la chance que l’Allemagne et la France aient des conceptions plutôt avancées en la matière. S’il y a des divergences, ça concerne moins les droits que des différences d’approches. De façon un peu caricaturale, on vous parlera régulièrement des femmes allemandes qui prennent un congé parental très long versus la française qui retourne au travail après le congé légal, suite à une naissance. On vous parlera de l’habitude plus française qu’allemande pour un homme de courtiser une femme. Mais tout ça relève plus d’une forme de trait culturel que de droit fondamental en la matière.

 

Un homme ou une femme inspirante qui vous vous vient à l’esprit à l’occasion de cette journée de célébration ?

Angela Merkel ! Elle ne s’est pas spécifiquement battue pour la cause des femmes mais sa vie en soi est un modèle de simplicité et d’engagement, loin de l’ego inapproprié de certaines autres personnes de la classe politique. J’imagine tout ce qu’elle a dû affronter, en tant que femme scientifique de la RDA, pour évoluer et arriver à son poste ! Le tout avec la parfaite humilité et conscience du devoir qui devraient s’imposer à tous ceux qui dirigent un pays.  

 

 

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