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Frédéric PETIT : « La foule menace la démocratie ! »

Frédéric Petit député des Français de l'étrangerFrédéric Petit député des Français de l'étranger
© Valerie Keyser lepetitjournal.com/Francfort
Écrit par Valérie Keyser
Publié le 1 mars 2019, mis à jour le 23 mai 2019

De passage en Allemagne dans le cadre des réunions publiques sur le thème du « Grand Débat national » insufflé par Emmanuel Macron, Frédéric Petit, député MoDem de la 7ème circonscription des Français établis à l’étranger a répondu à nos questions, en marge de la réunion organisée à la Haus am Dom à Francfort en février 2019 par Jean-Marie Langlet, conseiller consulaire, et le comité En Marche local.


Lepetitjournal.com/Francfort : Vous avez entamé vos réunions autour du Grand Débat dans votre circonscription sur la situation en France et les enjeux démocratiques, sociaux et économiques soulevés par la crise des gilets jaunes. Quel écho ces réunions ont-elles reçu ? 

Frédéric Petit : Le 15 décembre lorsqu’Emmanuel Macron a souhaité rassembler les maires autour du Grand Débat, j’ai de mon côté pris tout de suite contact avec les conseillers consulaires de ma circonscription et leur ai dit « On le fait, je suis pour le débat ! ». Il me semblait nécessaire d’aller à la rencontre des concitoyens de la circonscription, de leur permettre de s’exprimer, de faire remonter leurs impressions, idées et revendications. Les Français ont été nombreux à participer aux réunions autour du Grand Débat, et heureux de rencontrer également d’autres Français qui ne partagent pas tous le même avis. 


Comment est perçue la crise des gilets jaunes dans votre circonscription ? Le mouvement y est-il soutenu ou plutôt montré du doigt  ?

Les Français sont surpris, inquiets, préoccupés, tristes, en colère devant l’ampleur du mouvement. Ils éprouvent aussi de la frustration, des regrets et perçoivent le malaise dans leur pays face au gouvernement, dénoncé par les gilets jaunes. Certains ont évoqué des dysfonctionnements qui datent de plus de 40 ans et surtout de très grandes inégalités qui s’expriment entre villes et campagnes dans l’Hexagone. La taxe carbone a fait déborder le vase. Il y a des gilets jaunes parmi les Français de la circonscription. J’ai rencontré notamment un Français retraité qui se déplace en France régulièrement pour aller manifester et soutenir le mouvement. Un autre Français dont les parents retraités en France ont du mal à joindre les deux bouts, m’a dit avec une certaine amertume : « Hier ce sont mes parents qui m’aidaient, aujourd’hui c’est moi qui les aide ». 


Vous évoquez dans un de vos communiqués la foule comme danger pour la démocratie. La France vous semble-t-elle prise en otage ? Quel regard portez-vous en tant que député des Français établis hors de France sur la crise des gilets jaunes ?

Non, la France n’est pas prise en otage mais il s’agit néanmoins d’une crise grave, profonde, on sent la fracture citoyenne à travers ce mouvement. Les gilets jaunes font résonner quelque chose qui est vrai et d’ailleurs François Bayrou, président du MoDem, mettait déjà en garde Emmanuel Macron en novembre dernier pour qu’il limite la hausse des carburants et que les gilets jaunes soient entendus. Oui la foule menace la démocratie selon moi, il est notamment intéressant de faire un parallèle avec l’époque de la Grèce antique où Socrate a été lynché par le peuple à Athènes, où « le demos » s’opposait à « l'oikos ». J’ai été moi-même insulté, il m’a été reproché d’être contre le peuple ; ce qui n’est pas le cas. La foule représente un danger car il s’agit d’un objet manipulable, la foule c'est la simplification, c'est Panurge, c'est le lynchage en Amérique qui est d'ailleurs définitivement considéré hors la  loi par un vote du Sénat américain depuis décembre 2018 seulement. 


Ce mouvement aura-t-il selon vous des répercussions sur les élections européennes qui auront lieu en mai prochain ?

La crise des gilets jaunes réveille les consciences. Peut-être qu’elle permettra justement un sursaut de citoyenneté, amenant davantage d’électeurs à voter, car c’est par le vote qu’on pourra faire avancer les choses dans une Europe en proie à la montée des populismes. Je suis ouvert au débat et à toute forme d’expression, je ne verrais pas d’un mauvais œil une liste de gilets jaunes aux européennes.J'invite également vos lecteurs à consulter sur ma page le texte de la Déclaration de Bilbao du 8 février dernier qui est un pacte européen concret et humain qui pose les problématiques de la campagne qui je l'espère, sera une campagne réellement européenne..


Etablissez-vous un lien entre les récents actes antisémites à Paris et le mouvement des gilets jaunes ? 

Non pas vraiment. Je ne pense pas que l’antisémitisme évolue aussi vite, il y a eu régulièrement des actes antisémites ces dernières années. Mais il y a en ce moment plus d’occasions de faire le larron.


A Francfort, un rassemblement d’une soixantaine de Français qui, pour la plupart, ont arboré fièrement leur gilet bleu, a eu lieu devant le Consulat général de France le 27 janvier dernier en soutien à la démocratie et pour dénoncer la montée des populismes en Europe. Avez-vous eu un retour de ces Français et encouragez-vous ce type de rassemblement ? Doit-on craindre un nouvel effet de foule que vous dénoncez avec les gilets jaunes ?

Je n’étais pas présent mais j’ai été informé que le rassemblement initié par le comité En Marche local s’est déroulé dans de très bonnes conditions, c’était plutôt bon enfant et pacifiste. Les Français présents étaient venus malgré le froid défendre les couleurs de l’Europe et la démocratie. Ils souhaitaient véhiculer des valeurs fortes de paix et d’unité. Tout comme les rassemblements pour l’Europe de « Pulse for Europe », il ne s’agit pas là d’un objet manipulable et je ne crains pas les débordements. L’idée du pique nique pour l’Europe, qui se veut pacifiste et convivial, me plaît aussi. 


Le 22 janvier dernier, le nouveau Traité de l’Elysée a été signé à Aix-la-Chapelle par Emmanuel Macron et Angela Merkel. Qu’est-ce que cela va changer selon vous pour les Français d’Allemagne ? 

Avec ce Traité, les deux pays vont coopérer davantage dans les domaines de la diplomatie, de la sécurité, de l’économie et de l’environnement. L’apport le plus significatif de ce Traité d’amitié va se situer, selon moi, au niveau des régions transfrontalières qui ont une définition un peu différente par rapport à d’autres régions comme l’Alsace par exemple. L’idée est de créer des espaces transfrontaliers, d’instaurer une harmonisation des procédures, un droit des affaires commun, mais aussi d’avoir une représentation plus forte du franco-allemand à l’étranger au-delà de la France et de l’Allemagne, de pouvoir travailler sur des projets très concrets comme l’AbiBac par exemple. L’instauration de l’AbiBac est d’ailleurs un projet que je suis de près à Zagreb. Sur le plan culturel, les Instituts français pourront travailler plus aisément avec les Instituts Goethe… 


Avez-vous un message à adresser aux Français de la 7e circonscription et plus particulièrement en Allemagne ?

Ce qui est dangereux, c’est de quitter les réunions autour du Grand Débat avec une frustration. Il ne faut pas hésiter à me contacter via mon site internet, je réponds à toutes les questions.

Site de Frédéric Petit : http://frederic-petit.eu/
Les propositions des Français de la 7e circonscription lors des réunions publiques seront intégrées au site du député d'ici le 15 mars.
Déclaration de Bilbao : http://frederic-petit.eu/index.php/2019/02/11/declaration-de-bilbao-du-8-fevrier-le-texte-complet/

Valérie Keyser
Publié le 1 mars 2019, mis à jour le 23 mai 2019

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