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Caroline Klein-"Je suis un peu comme la maman des familles françaises"

Caroline Klein-"Je suis un peu comme la maman des familles françaises"Caroline Klein-"Je suis un peu comme la maman des familles françaises"
(Photos VK lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 28 août 2017, mis à jour le 2 septembre 2018

Entre deux poêlées de crêpes, des devoirs à superviser, des sorties à organiser avec les mamans du lycée français, Caroline Klein ne s'arrête jamais. Hyperactive, curieuse et toujours prête à aider, celle que l'on appelle à Francfort "la marraine des marraines" nous a gentiment ouvert la porte de sa maison à Bad Homburg pour répondre à nos questions sur le réseau d'accueil des familles dont elle s'occupe sans relâche depuis 2008.

Française mariée à un Allemand et maman de Félix, 14 ans, élève au lycée français Victor Hugo, Caroline Klein, née de parents français qui se sont installés en Allemagne en 1968, a grandi à Bad-Homburg près de Francfort.

Européenne dès le plus jeune âge, Caroline a fréquenté le jardin d'enfants en Allemagne, a fait sa première année d'école primaire en Angleterre avant de revenir outre-Rhin faire sa scolarité jusqu'au baccalauréat, puis a poursuivi ses études supérieures en France et en Allemagne et effectué de nombreux stages dans différents pays. Rencontre.

Lepetitjournal.com/francfort : vous habitez en Allemagne depuis de nombreuses années et semblez, pour ceux qui vous connaissent, être un pilier de l'école française de Francfort. Parlez-nous un peu de votre parcours.

Caroline Klein : je suis née à Neuilly-sur-Seine mais j'ai grandi en Allemagne. L'école française et moi, c'est une longue histoire ! une histoire de famille même (Rires). J'ai fréquenté ce qu'on appelait "la petite école française de Francfort" dont les locaux étaient partagés avec une école allemande. J'y ai fait ma scolarité jusqu'au baccalauréat que j'ai passé en 1987. Mes parents étaient très actifs au sein de l'association des parents d'élèves. L'école était en gestion directe, cela veut dire que ce sont les parents qui s'occupaient de son bon fonctionnement. C'est même papa qui a créé le premier tampon de l'école et j'en suis très fière.

Vous avez toujours évolué dans ce contexte français à l'étranger ?

Non justement. J'ai effectué les classes préparatoires HEC à Paris (Jouy-en-Josas). Mon grand rêve était de poursuivre des études à l'EAP en cursus européen. Je ne me suis jamais sentie "Française en Allemagne" mais réellement européenne. Mes parents m'ont envoyée étudier dans le 16ème arrondissement de Paris, dans un établissement privé car j'étais mauvaise en maths. C'était une catastrophe. La mentalité ne me convenait pas, je n'étais pas à ma place. Les Français ne me considéraient pas comme une Française. J'habitais selon eux chez les "beaufs" en Allemagne. Comme j'ai grandi en Allemagne, même si on parlait français à la maison, il y avait des mots que je ne connaissais pas, comme le rallye, la danse, j'étais déphasée. Puis j'ai eu la chance de pouvoir intégrer l'école internationale de management, le Cesem. C'était le bonheur. J'ai ainsi suivi un cursus franco-allemand de 1988 à 1992 à Reims puis à Reutlingen pendant deux ans. Au bout de quatre ans, j'ai effectué deux stages de six mois chacun dans différents pays. Mon double diplôme en poche, je pensais naïvement que le monde m'attendait. J'ai cependant trouvé un premier poste dans l'entreprise Swatch à Bad-Soden puis j'ai rencontré mon futur mari.

Vous avez suivi un parcours plutôt international. Pourquoi avoir choisi de scolariser votre enfant à l'école française dès le plus jeune âge ?

Même si j'ai fréquenté l'école française jusqu'au bac, je ne suis pas vraiment restée en contact avec mes camarades de classe, l'ambiance était à l'époque trop "cocorico" et je me sentais résolument européenne, je ne voulais pas m'enfermer dans une sphère de Français vivant à l'étranger. Mais lorsque j'ai été enceinte, s'est posée la question du système d'éducation pour notre enfant. Nous avons alors fait le choix, mon mari et moi, d'inscrire Félix à l'école française en 2006. En effet, l'école a beaucoup changé, le public aussi. L'école est davantage tournée vers l'extérieur et revêt une dimension plus internationale avec des filières bilingues et un apprentissage de l'allemand dès la maternelle. Aussi, une fois maman, j'avoue avoir éprouvé beaucoup de plaisir à retrouver la communauté française à Francfort, notamment par le biais de l'UPEA, l'association des parents d'élèves.

Vous êtes connue à Francfort pour être "la marraine des marraines". En quoi consiste exactement le réseau des marraines ?

L'idée de ce réseau est d'accueillir les familles qui arrivent à Francfort et dans la région et scolarisent leurs enfants au lycée français. Les marraines rencontrent les nouvelles familles avant le jour de la rentrée ainsi que l'équipe administrative de l'école, les associations en rapport avec l'école. En dehors de ces moments forts de la vie scolaire, les marraines sont là tout au long de l'année pour aider, orienter les familles, créer un climat agréable et un lien fort au sein de la communauté francophone. C'est d'autant plus important pour les familles qui débarquent dans la région sans connaître qui que ce soit et sans parler la langue du pays.

Comment vous est venue l'idée de lancer le réseau des marraines ?

Le réseau des marraines existait déjà lorsque j'ai repris le flambeau fin 2008. Il a été mis en place par l' UPEA, l'association des parents d'élèves il y a déjà plusieurs années. Pour ma part, j'ai très vite répondu à l'appel de Florence Rouquet qui s'en est occupée pendant des années et cherchait la relève. J'ai d'abord été marraine à Bad Homburg en 2007 et 2008 et très vite, Florence partant aux Etats-Unis, j'ai pris sa place en tant que marraine des marraines, c'est-à-dire en tant que coordinatrice d'un réseau constitué principalement de mamans impliquées comme marraines.

Caroline Klein
(Photo © VK lepetitjournal.com/francfort)

Comment s'organise le réseau des marraines ? Les marraines sont-elles rémunérées ou bien oeuvrent-t-elles bénévolement ?

C'est un service de l'UPEA proposé à toutes les familles, qu'elles soient membres de l'association des parents d'élèves ou pas. Le réseau comprend vingt-six marraines et un parrain, tous entièrement bénévoles, qui s'occupent de différents quartiers. Il y a une à deux marraines par quartier dans Francfort mais aussi dans des villes autour de Francfort où vivent des familles dont les enfants sont scolarisés à l'école française et même à l'école européenne toute proche. Le réseau s'étend jusqu'à Bad Homburg, Neu-Isenburg et même jusqu'à Darmstadt au sud de Francfort. Nous travaillons en concertation au sein du réseau des marraines. Nous sommes apolitiques et laïques.

Qui peut être marraine ou parrain ? Et comment peut-on rejoindre le réseau ?

Pour être parrain ou marraine, il faut avant tout avoir envie d'aider les autres, de rencontrer d'autres parents, de donner un peu de son temps, de faire partager des bons plans. Ce sont en général - à part un des bénévoles qui est un homme - des mamans d'enfants scolarisés à l'école française, certaines travaillent, d'autres pas. Le réseau doit pouvoir s'appuyer sur des personnes fiables sur lesquelles on peut réellement compter. En principe, nous proposons en priorité à des personnes que l'on connait de rejoindre le réseau des marraines, aux membres des familles qui en font déjà partie et reçoivent déjà nos infos. Nous cherchons des bénévoles prêts à s'engager, en général dès l'accueil de pré-rentrée qui a lieu soit en août soit en septembre, suivant la date de rentrée qui diffère d'une année à l'autre dans le land.

Concrètement, quel type d'infos les marraines partagent-elles avec les familles ?

Nous communiquons aux nouveaux arrivants des informations pratiques sur l'emplacement de l'école, les lignes de transports en commun... Pour ma part, en fin d'année scolaire, je demande aux familles si des logements se libèrent, que ce soit à la location ou à l'achat. Je dispose ainsi d'une liste de logements vacants. Je recense aussi en général les agences immobilières et de relocation de la région, principalement celles qui ont du personnel francophone afin de permettre de répondre plus largement aux besoins des familles sur le point de déménager. Nous avons également une liste non exhaustive d'infos utiles comprenant les adresses de médecins, pédiatres, les associations françaises ou franco-allemandes, les organisations ou adresses de particuliers proposant du baby-sitting ou du soutien scolaire... bref tout autant de tuyaux permettant de mieux "atterrir" dans un nouveau pays d'adoption, mais aussi de trouver des copains, de se constituer un nouvel environnement social et amical. Les informations diffusées tout au long de l'année par le réseau des marraines permettent également aux familles de savoir comment occuper les enfants le week-end et pendant les vacances par exemple, de connaitre les sorties culturelles à ne pas manquer à Francfort et dans la région. Chaque marraine dispose de ses propres listes, en fonction du quartier dont elle s'occupe. Cependant, une marraine a eu l'idée de rassembler l'ensemble des informations pratiques pouvant être utiles à tous indépendamment du quartier.

Cela signifie-t-il qu'à part la rencontre de pré-rentrée, les échanges sont uniquement virtuels ?

Non. Une fois par mois, j'organise "Les matinales culturelles". Il s'agit d'une sortie en français autour d'une exposition dans un musée. Par ailleurs des amitiés se créent dans le réseau et donnent l'occasion de se rencontrer autour d'événements ou tout simplement autour d'un café ou d'un dîner.

Comment trouvez-vous toutes ces adresses utiles et idées de sorties ?

Je suis d'une nature curieuse et m'intéresse à pas mal de choses. Je note systématiquement les activités que je trouve au gré de mes recherches sur internet et qui me semblent intéressantes. Parfois je tombe même par hasard sur une expo, un concert, une sortie au cirque et je les couche tout de suite sur le papier. En général, j'évite de mentionner ce qui me parait trop commercial. Mon choix est totalement subjectif. J'essaie cependant de repérer ce qui est en langue française car des familles ne parlent pas forcément allemand lorsqu'elles viennent s'installer ici mais aussi des activités en allemand qui peuvent toutefois intéresser ceux qui maitrisent déjà la langue et sont installés depuis longtemps en Allemagne. Je partage même régulièrement des informations publiées dans lepetitjournal.com/francfort, notamment les infos pratiques et quelques idées de sorties. Une véritable mine d'or !

C'est un travail qui semble colossal. Quelle est votre motivation pour être marraine des marraines ?

Oui c'est beaucoup de travail mais aussi beaucoup de plaisir. Humm.. ma motivation ? C'est un mélange de curiosité, le désir d'aider les autres. J'ai fait beaucoup de bénévolat dans ma vie, les familles sont comme des enfants qu'on accompagne. Et nos échanges par mail ou lorsque nous nous rencontrons, un sourire, un mot de remerciement, tout cela est très gratifiant. Accueillir et rencontrer des gens, mettre en relation, avoir le sentiment d'être utile... me procure beaucoup de joie, je suppose que c'est ce que ressentent aussi nos marraines qui sont là depuis des années pour la plupart. En ce qui me concerne, je me sens en quelque sorte "la maman des familles".

Comment les familles intéressées peuvent-elles vous trouver ?

Nous sommes mentionnés sur le site du lycée français Victor Hugo de Francfort et toute personne qui s'adresse à l'UPEA à Francfort, l'association de parents d'élèves, est systématiquement informée de notre existence. Avec l'UPEA, le réseau des marraines, est en quelque sorte la mémoire du lycée français Victor Hugo de Francfort !

Interview réalisée par Valérie Keyser (www.lepetitjournal.com/francfort), mercredi 30 août 2017

Rediffusion du lundi 27 mars 2017

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Publié le 28 août 2017, mis à jour le 2 septembre 2018

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