PERSONNAGES DE LA REGION – Justus Liebig, professeur de faculté à Gießen révolutionne l’enseignement de la chimie

Pour cette deuxième partie du dossier consacré à Justus Liebig, penchons-nous sur la période de vie où le grand chimiste du 19ème siècle, a brillamment enseigné à l'Université de Gießen et participé activement à la réforme de l'enseignement de la chimie.

Le Liebigmuseum de Gießen et ses parcelles expérimentales

(Photo IF lepetitjournal.com/francfort)

Le laboratoire : un centre de recherches de grande portée devenu monument historique aujourd'hui

Le Liebigmuseum de Gießen compte parmi les plus importants musées de chimie au monde. Il s'agit du laboratoire original de Liebig qui, de 1824 à 1852, y a fait de la recherche et a enseigné, après avoir été nommé professeur extraordinaire à l'âge de 21 ans et professeur ordinaire un an plus tard. Vu l'importance de ce laboratoire, principalement en raison de la multitude d'appareils et de documents conservés dans leur état original, il est classé "Site Historique des Sciences". Parmi les appareils exposés, on trouve entre autres une invention fondamentale de Liebig, le fameux tube à cinq boules (Fünf-Kugel-Apparat), petit instrument de verre qui a permis d'accélérer et de faciliter la microanalyse élémentaire organique (= détermination du carbone, de l'hydrogène, de l'azote, de l'oxygène et du soufre) de sorte que cette procédure jusque-là compliquée devienne une routine. Nombre de ses recherches seront basées sur cette analyse et c'est une des raisons pour lesquelles Liebig est considéré comme un des pères fondateurs de la chimie organique.

Tube à cinq boules (Wikipedia commons)

Querelles autour du chloroforme

Il est impossible de mentionner ici toutes les recherches et découvertes de Liebig, tant elles sont nombreuses et bien souvent en connexion avec les recherches d'autres chimistes de son temps. Il n'est pas rare qu'une découverte ait été effectuée en même temps, indépendamment, par des chercheurs dans différents pays.Très souvent ils travaillaient sur des problèmes similaires. Le "copyright" n'étant pas encore en vigueur à l'époque, ils s'échangeaient entre eux, se "fécondaient" mutuellement, mais faisaient aussi usage de ce qu'on appellerait aujourd'hui "plagiat" ou "piraterie en matière de propriété intellectuelle". Ainsi la découverte simultanée (et très probablement indépendante) du chloroforme en 1831 provoque une querelle d'antériorité entre Liebig, le Français Eugène Soubeiran et l'Anglais Samuel Guthrie. Il faudra cependant encore attendre dix années avant que l'effet anesthésique soit découvert par des médecins anglais et français et cinq ans avant que l'obstétricien écossais James Young Simpson introduise le chloroforme dans la pratique médicale - une mesure à l'époque révolutionnaire.

Réforme de l'enseignement universitaire

Si on veut rendre hommage à Liebig, le grand scientifique, sans uniquement s'adresser à des spécialistes, on peut diviser ses mérites grosso modo en deux grandes parties : ses recherches et découvertes d'un côté et l'enseignement et la popularisation de la science de l'autre. Tout d'abord, Liebig a profondément réformé l'enseignement universitaire de la chimie en Allemagne ; il l'a élevée au rang de la science naturelle exacte, la chimie étant jusque-là un peu méprisée

comme appendice de la pharmacie ou de la médecine, d'une valeur mineure et purement auxiliaire. Sous l'influence de sa formation à Paris, Liebig a établi en Allemagne la chimie comme science autonome. Dans ce contexte, il a fait de la chimie une matière étudiable en établissant des cours expérimentaux - nouveauté à l'époque où la chimie s'apprenait uniquement dans les livres. Son laboratoire était à la fois atelier et auditoire. Très vite ce modèle d'enseignement s'est propagé dans le monde entier. C'est également dans le but de communiquer et rendre compréhensible les connaissances en matière de chimie que Liebig a déployé une très grande activité de journaliste et d'écrivain. Il n'a pas seulement publié des manuels et des essais scientifiques tels que Chimie organique appliquée à la physiologie végétale et à l'agriculture. Par ses cinquante Lettres sur la chimie, essais écrits en style science populaire, il atteint un plus large public. D'abord publiées successivement dans un supplément du journal "Augsburger Allgemeine Zeitung ", un recueil en est publié en 1844 et traduit en français en 1845 puis en huit autres langues. Photo Etudiants au laboratoire (Wikipedia commons)

Ingrid Frieg (www.lepetitjournal.com/francfort), mercredi 17 février 2016

Relire la partie 1 du dossier

PERSONNAGES DE LA REGION ? Justus Liebig : le célèbre chimiste allemand du 19ème siècle a cotoyé les plus grands maîtres à Paris

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