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La dégradation des relations franco-allemandes dans le contexte de l'Ukraine

Un nouveau sommet sur l'Ukraine s'est tenu ce vendredi 15 mars 2024 à Berlin entre la France, l'Allemagne et la Pologne, qui ont affiché un front uni après plusieurs polémiques.

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© Carl Gruner - Unsplash
Écrit par Agnès Blanc-Dubreuil
Publié le 20 mars 2024, mis à jour le 20 mars 2024

Le Président Emmanuel Macron, Olaf Scholz et le Premier Ministre polonais Donal Tusk se sont rencontrés le 15 mars 2024 à Berlin pour recadrer la position européenne sur le soutien commun à l’Ukraine. Après des déclarations polémiques du président français sur l’envoi possible de soldats sur le front, et des fuites de la Bundeswehr qui ont mis en difficulté le gouvernement allemand, il fallait absolument réaffirmer un soutien clair et uni. 

C’est donc ce qui a été fait par les trois dirigeants qui n’ont pas laissé transparaître le moindre désaccord. Ils ont une fois de plus rappelé leur soutien indéfectible à l’Ukraine, dans la continuité de la conférence du 26 février à Paris où 27 pays se sont engagés sur cinq axes d’action qui constituent les nouvelles initiatives européennes dans cette guerre.  Le sommet à Berlin a permis de suivre les travaux lancés par cette conférence en passant outre les controverses qui y avaient été soulevées. C’est notamment la mise en place d’une économie de guerre, avec la production de munitions, de missiles et de systèmes de défense, qui doit être accélérée et soutenue par les pays européens.

« Nous continuerons de soutenir aussi longtemps que nécessaire l'Ukraine et son peuple et nous continuerons, comme nous l'avons fait depuis le premier jour, à ne jamais prendre l'initiative de quelque escalade. » Président E. Macron lors de son déplacement à Berlin

Une brouille de longue date entre Macron et Scholz

L’enjeu de cette rencontre était bien d’apaiser les tensions entre la France et l’Allemagne, qui révèlent de plus en plus des attitudes antagonistes et ne sont manifestement pas sur la même longueur d’onde. Ces divergences alertent puisqu’elles paraissent d’abord profiter à Moscou, qui pourrait profiter d’une désunion européenne. Malgré tout, la question centrale reste de savoir comment empêcher la Russie de gagner, et les alliés ne devraient pas laisser ces aspects empiéter sur leur capacité d'action.

Les relations entre Olaf Scholz et Emmanuel Macron sont perturbées depuis longtemps. Les médias et observateurs constatent que ce sont des personnalités différentes qui n’arrivent pas, malgré leurs efforts respectifs, à se faire confiance. Les derniers mois ont été ponctués de discordances dans la diplomatie bilatérale, avec des déclarations isolées qui ont vexé l’un et l’autre, des annonces surprises, des oppositions à tous les niveaux. Si certains sujets les divisent effectivement (notamment l’énergie, la défense, les dépenses budgétaires), c’est aussi un problème de communication et d’harmonie dans les relations qui plombe leur entente. Il est apparu à de multiples reprises ces dernières années à quel point les deux pays semblent ne plus arriver à être d’accord sur bon nombre de sujets. 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les tensions entre les deux chefs d’Etat sont perçues comme encore plus irresponsables puisqu’elles affaiblissent toute la défense européenne face à la Russie. Sur ce sujet en particulier, l’escalade est allée loin dernièrement, quand Emmanuel Macron a indirectement visé l’Allemagne en parlant des pays qui au début de la guerre ne voulaient envoyer que « des sacs de couchage et des casques », sous-entendant que les allemands avaient été un peu prudents. Il est aussi reproché à Berlin de ne s’adresser qu’aux Etats-Unis et de négliger la sphère européenne.

L’Allemagne traverse de son côté une crise intérieure, entre l’économie en grande difficulté, les troubles sociaux et la coalition gouvernementale constamment sous le feu des critiques. C’est dans ce contexte qu’elle redéfinit ses relations internationales au détriment du couple franco-allemand (pour en savoir plus : France-Allemagne : la fin du moteur franco-allemand ? C. Le Mitouard, G. Wright, Institut Montaigne, 9 mai 2023). Pourtant, elle est aussi le premier pays dans l’envoi d’aide militaire à l’Ukraine après les Etats-Unis, et loin devant la France. Cette situation est donc complexe et très instable.

 

 

 

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