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SOK CHENDA SOPHEA – Cambodge, cap sur 2050

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 10 mai 2017, mis à jour le 18 mai 2017

 

Sok Chenda Sophea, secrétaire général du Conseil pour le développement du Cambodge, nous explique quelles dispositions ont été mises en place pour ouvrir la voie aux investisseurs étrangers. Avec l'ambition de devenir une économie à haut revenu d'ici 2050, le Cambodge regarde au loin, à la fois au niveau régional et mondial.

Vous êtes très optimiste quant à l'avenir économique du Cambodge. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

Le Cambodge a de forts atouts à promouvoir. Tout d'abord, nous sommes l'un des pays les plus accueillants de l'ASEAN pour les investisseurs. Nous offrons un environnement libéral avec peu de restrictions. Bien sûr, il est nécessaire d'adopter des politiques d'orientation, sinon nous risquerions de devenir un pays capitaliste débridé mais notre gouvernement a mis en place un cadre réglementaire dans lequel le secteur privé pourra prospérer. Deuxièmement, nous avons une population jeune avec un grand potentiel, à la fois en tant que main-d'?uvre et en tant que consommateurs. 68% de notre population a moins de 35 ans.

Enfin, notre position géographique en ASEAN est stratégique. Le Cambodge est un lien clé dans la chaîne globale d'approvisionnement de l'ASEAN, où les transports et les infrastructures sont essentiels pour répondre aux nouvelles exigences de production.

Dans l'économie d'aujourd'hui, il existe une fragmentation de la production: le travail est divisé entre les zones géographiques qui ont développé une expertise spécifique. Le Cambodge devrait pouvoir jouer un rôle dans cette chaîne de production dans de nombreuses industries telles que le caoutchouc, l'électronique et l'automobile.

Voyez-vous les autres pays de l'ASEAN comme concurrents?

Absolument pas. Nos mots clés sont connectivité et complémentarité. Nous devons construire ensemble les réseaux physiques et numériques qui nous aideront à interagir dans cette économie mondialisée. La mise en ?uvre intégrale de l'Accord sur les Transports Transfrontaliers (Cross Border Transport Agreement) sera un facteur clé de succès pour nos pays, car il abolira les goulets d'étranglement aux frontières. Si nous avons une liaison ferroviaire entre Phnom Penh et Bangkok, les deux villes pourront échanger des produits en seulement sept ou huit heures par rail. Mais si le processus de franchissement de la frontière prend quatre heures, la connectivité n'est pas là et nous perdrons l'avantage de notre infrastructure commune.

Les pays de l'ASEAN progresseront ensemble. Nous avons besoin d'une approche collective, et non d'une approche égocentrique. Considérez la région du Mékong, avec la Thaïlande, le Myanmar, le Laos et le Vietnam. Voyez comment nos pays changent en ce moment, le Cambodge devenant une économie à "revenu moyen inférieur" et le Myanmar adoptant un nouveau régime politique et économique. Les pays du Mékong sont en effet un marché émergent prometteur. Nos pays doivent équilibrer leurs économies entre leurs marchés internes et leurs exportations, et l'ASEAN est un marché à fort potentiel pour nos industries. C'est une transformation complète du paysage. Ensemble, nous construisons notre avenir dans cette économie connectée.

La réalisation de la Communauté économique de l'ASEAN entraînera davantage de flux commerciaux et d'investissements au sein de l'ASEAN. Mais il existe des avantages potentiels encore plus importants dans la réalisation du Partenariat économique global régional (Regional Comprehensive Economic Partnership) avec l'ASEAN comme base, avec la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l'Inde, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Le RCEP favorisera le commerce régional et les flux d'investissements régionaux asiatiques plus vastes. Il comprend également des dispositions importantes pour renforcer la coopération économique afin de réduire l'écart de développement dans la région.

Du point de vue de la production, de nombreuses entreprises internationales ont adopté la stratégie «+1»: elles opèrent dans un pays de base puis dans un second pour diversifier leurs unités de production et réduire le risque d'augmentation des coûts de production. Dans cette stratégie "Chine + 1" ou "Thaïlande + 1", le Cambodge peut être le pays secondaire pour ces investisseurs.

Ces ambitions ont besoin d'une bonne gouvernance. Comment cela fonctionne-t-il au Cambodge?

Le rôle du gouvernement est de définir la vision, la direction vers laquelle nous aimerions que le pays se dirige. Mais c'est le secteur privé qui est le moteur de la croissance. Dans cet esprit, notre gouvernement s'est félicité du partenariat avec celui-ci.

Depuis 1999, à l'initiative de Samdech Techo, Premier ministre du Royaume du Cambodge, un mécanisme de dialogue a été créé : le Forum gouvernement-secteur privé (Government Private Sector Forum), lors duquel, chaque année, le Premier ministre lui-même préside une réunion en présence de l'ensemble du Conseil des ministres, de tous les gouverneurs provinciaux et de représentants de la communauté d'affaires. Ces forums ont fourni une plateforme pour que le secteur privé puisse faire entendre leurs préoccupations et proposer des recommandations politiques. En outre, 11 groupes de travail sectoriels, coprésidés par un ministre et un chef d'entreprise, se rencontrent régulièrement pour trouver des solutions aux problèmes auxquels sont confrontés les investisseurs dans leurs activités.

Existe-t-il un défi particulier que le Cambodge doit aborder en premier?

Beaucoup de nos investisseurs se plaignent de la pénurie de main d'?uvre qualifiée. Mais rappelez-vous d'où nous venons. Au cours des années 1990, nos priorités étaient le développement des routes, de l'eau, de l'énergie et des ressources humaines. Le moment est venu pour le Cambodge d'investir davantage dans sa force de travail pour que le développement des ressources humaines devienne la première priorité.

En ce qui concerne les mesures rapidement efficaces, nous devrions concevoir des programmes de formation professionnelle plus poussés afin de fournir les travailleurs et techniciens nécessaires aux industries. Ceci est essentiel pour continuer à attirer les investisseurs et soutenir notre objectif de diversification de l'économie et de créer plus de valeur ajoutée dans le pays.

 

Traduit de Management Insider, May 2017, www.managementinsider.asia (www.lepetitjournal.com/cambodge) jeudi 11 mai 2017

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Publié le 10 mai 2017, mis à jour le 18 mai 2017

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