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Temples de Koh Ker : l’harmonie de la nature et de la culture

Dans le silence de la nature, engloutis par les racines des arbres qui se sont étendues sur leurs structures de grès et de briques au fil des siècles, les temples de Koh Ker illustrent parfaitement le bras de fer qui oppose depuis des siècles la nature aux monuments du pays, chaque fois que les Cambodgiens ont cessé d'utiliser ou de prendre soin de l'un ou de l'autre.

Photo : Ky ChamnaPhoto : Ky Chamna
Photo : Ky Chamna
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 21 avril 2024, mis à jour le 23 avril 2024

Prasat Pram, dont le nom khmer signifie cinq temples, est en fait un groupe de cinq temples hindous à tour unique situés sur le site archéologique de Koh Ker, qui a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO le 17 septembre 2023. 

À Koh Ker, Prasat Pram a jusqu'à présent été éclipsé par le temple voisin de Prasat Prang, plus grand, qui, avec sa forme pyramidale impressionnante, tend à attirer davantage de visiteurs. Néanmoins, Prasat Pram vaut vraiment la peine d'être visité. Son agencement comprend une ligne de trois structures principales et une autre ligne de deux structures secondaires.

Photo : Ky Chamna
Photo : Ky Chamna

Le Prasat Pram a été créé par le roi Rajendravarman au cours du 10e siècle de notre ère. Normalement, les monuments anciens de ce type possèdent un ou deux bâtiments secondaires situés à l'avant, que les experts appellent "bibliothèques". Dans le cas du Prasat Pram, les deux bâtiments secondaires sont au contraire situés à l'arrière, tandis que les trois tours principales se trouvent à l'avant. Toutes les vraies portes sont orientées vers l'est et trois fausses portes sont orientées vers les trois autres directions.

Photo : Thmey Thmey
Photo : Thmey Thmey

L'une des tours porte encore des lignes d'inscriptions anciennes bien conservées sur ses cadres de porte. L'inscription parle d'un gourou de haut rang qui a offert son admiration aux dieux et aux rois. Ces lignes  sont cruciales pour l'étude de l'alphabétisation en sanskrit et en khmer ancien.

Photo : Thmey Thmey
Photo : Thmey Thmey

Les rapports du chercheur français Lunet de Lajonquière datant de 1902 indiquent qu'il y avait des bas-reliefs et des textes gravés sur les grès ornementaux tels que ceux des linteaux ou des colonnettes. Cependant, ceux-ci ont probablement été détruits pendant les périodes de conflits.

Au cours des siècles, les bâtisseurs préangkoriens et angkoriens ont utilisé la brique, la latérite et le grès pour construire les temples de l'empire khmer. Le grès était généralement utilisé pour créer des éléments architecturaux tels que des linteaux, des frontons, des encadrements de portes ou des colonnettes sur lesquels étaient sculptés des éléments complexes. Les briques étaient quant à elles privilégiées pour la forme générale de la structure. La latérite était utilisée pour les fondations et les murs extérieurs. Malheureusement, le temple de Prasat Pram semble avoir été laissé inachevé. 

Photo : Ky Chamna
Photo : Ky Chamna 

Comme la nature l'a fait pour les temples de Ta Prohm et de Beng Mealea dans le parc d'Angkor, deux des cinq tours du Prasat Pram sont presque entièrement englouties par les racines et les branches d'arbres en forme de serpent, donnant l'impression que le monument est vieux et détérioré, tout en donnant un exemple clair d'une véritable ingénierie humaine qui a résisté à l'épreuve du temps avec une technologie vieille de plus d'un millénaire.

"Le site d'Angkor se caractérise par une harmonie particulière entre ce qui a été construit et ce que la nature a fait", affirme Mounir Bouchenaki, membre du Comité international de coordination d'Angkor (CIC-Angkor) et membre du groupe d'experts ad hoc du CIC pour la conservation. "C'est une harmonie qui est considérée comme devant être respectée : C'est une alliance entre la nature et la culture.”

Photo : Cambodianess
Photo : Cambodianess 

"La nature est ce que les dieux ont donné à cette Terre", a-t-il ajouté. "La culture est ce que les hommes ont construit. Il est important dans certains endroits de conserver les témoignages tels qu'ils sont touchés par le temps. C'est ce qu'on appelle le romantisme de l'archéologie.

Photo : Ky Chamna
Photo : Ky Chamna

Poser le pied à Koh Ker, c'est comme remonter dans le temps, surtout pendant la mousson, lorsque d'épaisses canopées, des branches d'arbres enchevêtrées, de la mousse et un sol détrempé, ainsi qu'un ciel sombre, créent une atmosphère unique.

Des piliers de pierre, dont certains de plusieurs mètres de haut, à moitié tombés, et des temples dont certaines parties gisent sur le sol, rappellent ce que la nature peut faire lorsqu'il n'y a pas d'intervention humaine pour préserver une structure de pierre, même solide.

Photo : Ky Chamna
Photo : Ky Chamna 

D'après les recherches archéologiques, la région de Koh Ker, bien que largement abandonnée, a été habitée du 10e au 15e siècle. La raison pour laquelle Koh Ker est restée une ville importante pendant des siècles est peut-être due à sa situation géographique, car elle reliait la région d'Angkor au temple de Wat Phu, dans l'actuel Laos, ainsi qu'à d'autres parties de l'empire khmer.

Ce site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO comprend 196 sites historiques, 76 temples ainsi qu'un certain nombre de routes, d'étangs, de réservoirs et de digues.

Photo : Ky Chamna
Photo : Ky Chamna 

Le billet d'une journée pour visiter le site de Koh Ker coûte 15 dollars par adulte pour les étrangers et est gratuit pour les Cambodgiens. Les billets peuvent être achetés sur place.

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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