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DÉVELOPPEMENT DURABLE - Du biogaz à la portée de tous

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 13 octobre 2013, mis à jour le 8 février 2018

Offrir du biogaz aux familles pauvres. Telle est l'une des initiatives du programme PADEE (Project for Agricultural Development and Economic Empowerment) qui s'appuie, pour ce faire, sur l'expertise du National Biodigester Programme (NBP) et la Netherland Development Organisation (SNV). Depuis quelques jours, des digesteurs à moindre coût sont entrés en service. S'ils s'avèrent efficaces, ils pourraient rapidement essaimer à travers tout le Cambodge.

 

Commune de Roka Chonleung (province de Kandal)- Par le passé, quand sous son toit vivaient six personnes, Mme Chop Sat et deux des siens consacraient en moyenne une journée tous les quinze jours à la collecte de bois. Par la suite, après le départ de certains de ses enfants, elle avait décidé d'acheter le combustible nécessaire à la cuisine, plutôt que de continuer à s'enfoncer, sans cesse plus profondément, dans la forêt. Il lui fallait alors débourser chaque mois quelque 40.000 riels ou 10 dollars. Une petite fortune pour cette agricultrice de 62 ans.

Si bien que l'installation d'un digesteur de 2m3 à l'arrière de sa maison est en passe de lui changer la vie. Voilà moins une semaine que cette installation, composée entre autres d'anneaux de béton enterrés, fonctionne. S'en échappe un fin tuyau bleu qui conduit du gaz jusqu'à un réchaud installé dans cuisine sur lequel bout de l'eau. "C'est si facile !", sourit Mme Chop Sat.

La production du gaz elle-même n'est guère plus compliquée. Il suffit à Mme Chop Sat de recueillir les bouses de ses deux vaches et de les mélanger avec de l'eau dans un réceptacle communiquant avec un digesteur. Placé dans un milieu anaérobie, c'est-à-dire sans air, ces déjections produiront bientôt le précieux gaz grâce à un procédé de méthanisation des matières organiques. "Quant au purin restant, il constitue un fertiliseur d'excellente qualité, considéré supérieur même aux engrais chimiques ou au fumier classique. Il améliore la qualité des sols, accroît leur capacité d'absorption de l'eau, diminue l'érosion et améliore l'activité des microbes dans le sol", explique Eric Buysman, conseiller technique du projet pour SNV. A noter aussi parmi les autres avantages du procédé, un meilleur environnement sanitaire – pour les humains et les animaux - et par conséquent des frais médicaux moindres ainsi qu'une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les divers équipements ont été fournis gracieusement à Mme Chop Sat dans le cadre du programme PADEE. Ce programme, financé à hauteur de 43 millions de dollars par le Fonds international pour le développement de l'agriculture (FIDA), vise à aider les 50 foyers les plus pauvres dans 900 villages sélectionnés des cinq provinces bénéficiaires (Kampot, Kandal, Prey Veng, Svay Rieng et Takéo), tant en leur ouvrant la voie à des nouvelles technologies en matière d'agriculture ou d'élevage qu'en leur permettant d'accéder au micro-crédit. Au total, ce sont près de 50.000 familles qui bénéficient de ces aides. Parmi elles, 4.000 devraient avoir accès dans les années à venir à ce biogaz bon marché.

 

Dans la phase pilote du "pro-poor biodigesteur", les ingénieurs du NBP épaulés par leurs collègues de SNV ont donc conçu des équipements moins coûteux que les 20.000 aujourd'hui utilisés un peu partout à travers le royaume. Le digesteur de 2m3, parfaitement adapté à des familles possédant deux ou trois vaches qui produisent de 10 à 20 kilos de déjections chaque jour, devrait être commercialisé autour de 300 dollars et sera garanti deux ans. PADEE se propose de subventionner à hauteur de 100 dollars chaque achat effectué par un de ses bénéficiaires. Si bien, qu'au bout du compte, une famille pourra en acquérir un pour 200 dollars. "L'investissement est de taille, aucun doute, admet Eric Buysman. Mais ensuite finis les achats de bois, de charbon ou d'engrais. Normalement, en deux ans, l'investissement est amorti". De plus, pour les acquéreurs, des crédits spéciaux à taux préférentiel – autour de 1,2% par mois – sont en passe d'être négociés auprès d'institutions de microfinance.

En mars prochain, une première évaluation de ces nouveaux équipements sera conduite. Si leur efficacité est démontrée, ces digesteurs pourraient alors rapidement se propager parmi les bénéficiaires du projet PADEE. Eric Buysman espère que d'ici cinq ou six ans 4.000 foyers en seront dotés. La soixantaine de constructeurs, qui fabriquent les modèles plus coûteux, seront alors en mesure de répondre à cette demande. "Notre ambition est qu'à terme le marché fonctionne seul", souligne l'expert.

Dans la commune de Roka Chonleung, la demande devrait être au rendez-vous. La mise en service des premiers digesteurs a en effet aiguisé l'intérêt des uns et des autres. "Pas de doute, beaucoup sont ouverts à l'idée d'adopter ce procédé, explique Ti Thoan, conseillère du programme PADEE. Mais la plupart restent prudents. Avant d'emprunter de l'argent et de l'investir dans cette technologie, ils attendent d'abord de juger sur pièce les résultats".

(www.lepetitjournal.com/cambodge) lundi 14 octobre 2013

 

Contacts pour en savoir davantage :

National Biodigester Programme :

- Mrs Lam Saoleng, Programme Coordinator : 017 961 056 – vibol@nbp.org.kh

- Mr Meng Chanvibol, Technical Manager : 012 726 336 – saoleng@nbp.org.kh

 

Netherland Development Organisation (SNV) :

Eric Buysman, Pro-poor biodigester Technology Advisor : 012 625 086 – ebuysman@snvworld.org

 

 

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Publié le 13 octobre 2013, mis à jour le 8 février 2018

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