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De plus en plus de "riches" abandonnent la Catalogne pour Madrid

Entre 2016 et 2019, 6.000 changements de résidence ont eu lieu parmi les contribuables aux revenus les plus élevés et la moitié d'entre eux se sont dirigés vers la capitale espagnole.

Le Madrid des affaires 4 toursLe Madrid des affaires 4 tours
@Madrid destino
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 9 avril 2024, mis à jour le 14 avril 2024

Une récente étude de l'Institut d'études fiscales, qui dépend du ministère des Finances, met en lumière un phénomène curieux: la croissante migration interrégionale des élites économiques en Espagne, dont la principale destination est la Communauté de Madrid.

42,44% des plus riches ont déménagé à Madrid

Ainsi, au cours de la période comprise entre 2016 et 2019, environ 6.000 changements de résidence ont été enregistrés parmi les contribuables appartenant au 1% supérieur de l'échelle des revenus ou des patrimoines. Parmi ces mouvements, près de la moitié (42,44%) ont eu lieu vers la capitale espagnole. Ce flux vers Madrid dépasse les mouvements vers d'autres communautés autonomes, telles que l'Andalousie, Valence, la Galice, la Catalogne et les îles Baléares.

Madrid se distingue, en attirant près de six fois plus de contribuables riches que les trois autres régions réunies

Pourquoi cet exode entre régions?

L'étude détaille ces données et souligne que seules quatre communautés autonomes ont connu un solde positif dans la migration des hauts revenus au cours de cette période. Madrid est en tête de ce groupe, suivie de la Galice, de la Cantabrie et de l'Estrémadure. Mais c'est Madrid qui se distingue, en attirant près de six fois plus que les trois autres régions réunies. Selon le rapport de l'Institut d'études fiscales, la combinaison de facteurs fiscaux et non fiscaux contribue à cette délocalisation. Madrid, épicentre économique et politique de l'Espagne, bénéficie de cette convergence d'avantages. La ville capitalise sur la présence d'institutions publiques clés, de multinationales et d'universités prestigieuses, consolidant ainsi son attractivité pour les élites économiques. Cette tendance est accentuée par l'écart socio-économique croissant entre Madrid et le reste de l'Espagne, multiplié par une politique fiscale particulièrement favorable.

Pourquoi la Catalogne perd le plus de "riches"?

En revanche, la Catalogne apparaît comme la région dont le solde négatif est le plus prononcé. Il se trouve que les années analysées ont été celles de la plus grande instabilité politique en Catalogne, avec notamment la tenue du référendum illégal du 1er octobre 2017. En outre, elle maintient également une charge fiscale élevée, avec jusqu'à onze impôts propres. Elle se classe également au troisième rang des droits de succession nets et au quatrième rang des donations. Mais ce qui est le plus significatif pour les fiscalistes, ce sont les différences régionales en matière d'imposition du patrimoine et de l'impôt sur le revenu des personnes physiques. Il convient de rappeler qu'en Catalogne, le taux maximum de l'impôt sur le revenu des personnes physiques est de 50%, alors qu'à Madrid, il est inférieur de cinq points.

 

Enfin, rappelons qu'en 2023, la Catalogne était à nouveau en tête des pertes d'entreprises en Espagne avec un solde négatif de 128. Un phénomène qui s'est aggravé au dernier trimestre de l'année sur fond de discussions sur l'amnistie fiscale et le pacte entre le PSOE et Junts visant à favoriser le retour de ces entreprises en Catalogne.

 

Bien que ces changements de résidence des élites économiques ne représentent qu'une infime partie de la population riche totale, leur impact fiscal est significatif. La migration des gros contribuables implique une redistribution des ressources entre les différentes régions du pays, avec des implications économiques et sociales.

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