Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Chine-Australie : des liens plus… pacifiques !

La levée des taxes chinoises sur le vin australien met fin à six années de brouille. La même détente se constate aussi avec la Nouvelle-Zélande, alors que la France pourrait être la grande perdante de ce rapprochement.

Australie Chine reprise des échangesAustralie Chine reprise des échanges
La Chine et l'Australie, deux puissances majeures de la région, se rapprochent actuellement.
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 15 avril 2024, mis à jour le 18 avril 2024

Le vin de l’amitié pour la Chine

La récente visite de Wang Yi, ministre des Affaires étrangères chinois, en Australie, constitue un événement diplomatique. En effet, depuis six ans, les deux pays avaient plutôt pris l’habitude de se rendre coup pour coup.

En 2018, tout avait commencé par la décision australienne d’exclure Huawei du réseau 5G de l’île-continent. Deux ans plus tard, Canberra avait franchi un pas de plus en demandant une enquête internationale sur les origines du Covid-19. En guise de représailles, Pékin avait établi des barrières douanières sur de nombreux produits australiens, de l’orge au charbon en passant par le bœuf et les grumes de bois.

Depuis, la plupart de ces barrières avaient été levées, mais il restait la plus importante d’entre elles : des droits de douane de 218% sur le vin australien. C’est cette taxe qui a été levée jeudi 28 mars, pour le plus grand bonheur des viticulteurs de Victoria et de Nouvelles-Galles du Sud.                                                                       

Une relation gagnant-gagnant

En effet, en trois ans, ces taxes avaient fait plonger de 97% les ventes de vin australien en Chine, causant une perte de revenus estimée à plus d’un milliard d’euros en 2021. En perdant ainsi leur premier marché d’exportation, les producteurs australiens avaient plus que souffert. En 2023, on ne comptait plus que 1300 exportateurs viticoles en Australie, contre près de 2800 en 2019.

Dans l’autre sens, Pékin a aussi intérêt à de bonnes relations avec l’Australie, qui lui fournit notamment le minerai de fer indispensable à son industrie. Même si Pékin a réorienté ses achats de nickel vers l’Indonésie ces dernières années, la reprise de ses importations d’orge et de charbon en font le premier partenaire commercial des Australiens. Canberra destine aujourd’hui 38% de l’ensemble de ses exportations à la Chine, alors que ce chiffre était tombé à 27% mi-2022.

Dans ces conditions, il faut également considérer comme un signe de détente l’annonce faite par Wang Yi que Wang Wang et Fu Yi, les deux pandas prêtés à l’Australie depuis 2009, allaient finalement rester dans ce pays dans un futur proche. Tout cela augure de nouvelles discussions sur les sujets qui restent à traiter entre les Etats, comme les taxes restantes sur le bœuf et le homard, ou la stabilisation du prix du nickel.

La France, dindon de la farce ?

Dans la foulée, la Chine a aussi renforcé ses relations avec le voisin néozélandais, autre étape de la tournée de Wang Yi dans la région. Wellington était déjà le membre des « Five Eyes » ayant gardé les meilleures relations avec Pékin. Il s’agira ici surtout de développer davantage les communications face aux problèmes régionaux communs.

En revanche, la France pourrait pâtir de ce rapprochement entre la Chine et l’Australie. En effet, les vins australiens représentaient 27% des importations chinoises en 2020, contre 0,14% aujourd’hui. Les vins de Bordeaux, qui totalisent à eux seuls 9% de parts de marché, avaient été les grands gagnants (avec les Chiliens) de cette guerre commerciale. Aujourd’hui, la situation va de nouveau ressembler à celle d’avant 2019, quand les vins australiens bénéficiaient d’un avantage tarifaire de 14% sur leurs concurrents grâce à un accord de libre-échange signé en 2015.

Pire encore, après le début d’une enquête européenne sur les voitures électriques chinoises, ce sont maintenant les cognacs français qui font l’objet de droits de douane dans le Mainland. Si de nouvelles représailles devaient intervenir entre Paris et Pékin, les exportateurs australiens pourraient même rapidement plier le match face aux Français.

Sujets du moment

Flash infos