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French Touch - Sylvie Marek : “La langue française est une force, en Pologne”

Franco-polonaise, Sylvie Marek a grandi à Paris, ses parents étant arrivés de Pologne en 1983, avec leur langue et leur culture dans leurs bagages, qu’ils ont transmis à leur fille. Elle fait ses classes en sport-études, réunissant des élèves à haut potentiel sportif ainsi que des sportifs de haut niveau, Sylvie Marek a jonglé dès l’enfance entre un agenda de ministre, la rigueur, l'effort, la compétition, ses cours et spectacles de danse classique, de piano, des entraînements de karting, le tout, sans jamais faillir. Sous son visage blond, angélique, c’est une dure à cuire, discrète et travailleuse qui trace patiemment sa route. Diplômée de la plus grande école de commerce de Pologne (SGH), Sylvie Marek, qui prend part à l’aventure La French Touch depuis le début en Pologne, a accepté de revenir pour nous sur son départ de Paris, son parcours, la francophonie, sans oublier, l’édition 2024 de l’un des événements francophones les plus attendus de l’année.

Sylvie Marek, le 16 mars 2024 à Varsovie. Photo Justyna Radzyminska  www.justynaradzyminska.comSylvie Marek, le 16 mars 2024 à Varsovie. Photo Justyna Radzyminska  www.justynaradzyminska.com
Sylvie Marek, lors du concert de Francis Cabrel à Varsovie. Photo Justyna Radzyminska - www.justynaradzyminska.com
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 2 avril 2024, mis à jour le 14 avril 2024

Lepetitjournal.com Varsovie : Franco-polonaise, vous avez grandi en France et actuellement, c’est en Pologne, que vous travaillez et vivez. Sylvie Marek, voulez-vous revenir pour nos lecteurs, sur votre parcours bi culturel et bi national entre les deux pays ? 

Sylvie Marek : Mes parents sont arrivés à Paris en 1983 depuis le sud de la Pologne puis avec le temps ils ont reçu la nationalité française. Quand je suis née à Paris, j’ai donc eu la double nationalité. Je leur suis reconnaissante de m’avoir permis d’apprendre le polonais, l’anglais et le français. Les langues sont très importantes, surtout dans le monde du travail. 

Grâce à eux, je n’ai pas été obligée d’apprendre le polonais à l’âge adulte, c’est une langue très compliquée, d’ailleurs j’ai suivi des cours pour essayer de comprendre les déclinaisons qui n’existent pas dans la langue française, mais rien n’y fait, heureusement chez moi c’est instinctif même si je fais des fautes. 

Sinon culturellement, je dirais que ça ne m’a fait aucun choc de vivre entre les deux pays, qui sont historiquement catholiques. Je pense que le plus grand manque que j’ai pu ressentir en Pologne a été le manque de produits alimentaires français. J’envie vraiment le choix immense qu’on peut avoir en France dans les magasins, les boulangeries, les boucheries… C’est toujours le même problème 15 ans après, même si cela s’atténue. 

 

Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie de venir vous installer en Pologne ?

L’élément déclencheur principal a été l’insécurité, lorsque je vivais au quotidien à Paris. Ça me fait beaucoup de la peine de dire cela de Paris, car c’est une ville magnifique, mais avec ma famille nous avons dû faire face à plusieurs cambriolages, mon frère s’est fait attaquer au taser par des jeunes de 10 ans qui voulaient lui voler son téléphone, plusieurs fois nous nous sommes fait agresser dans notre voiture avec ma mère, alors qu’on essayait de nous voler, j’ai dû me faire siffler et aborder dans la rue des centaines de fois au moins… 

Ce n’était plus vivable : j’avais peur de sortir dans la rue en journée, le soir je restais cloîtrée chez moi. Sincèrement, tout  me terrifiait : avoir un sac avec moi, porter autre chose qu’un pantalon… 

Je suis heureuse de voir que ce thème est enfin au cœur de l’actualité en France : il est vraiment important que tout le monde en prenne conscience, c’est un réel problème de société ! 

Le second point qui a fait pencher la balance, c’est la force de la langue française en Pologne. Les jeunes diplômés en France ont du mal à trouver un emploi après leurs études. 

À Varsovie, non seulement le taux de chômage est beaucoup plus bas, mais je suis arrivée avec un atout que tous les Polonais n’ont pas, je parle français. 

Certes, j’ai eu mon master après 5 ans dans la plus grande école de commerce de Pologne (SGH), afin d’avoir toutes les chances de mon côté, mais c’est vraiment la capacité de parler français qui a fait la différence, je pense. Il suffit de voir le nombre d’entreprises françaises en Pologne et la grande communauté que nous avons ici. 

 

À travers La French Touch La Belle Vie, vous continuez à œuvrer pour la francophonie en Pologne, comment cette aventure a débuté ?

La French Touch regroupe tout ce que j’aime : les relations entre la France et la Pologne, la langue française et polonaise, le milieu artistique, c’est du marketing avec de l’événementiel, c’est une marque à part entière. 

Cet événement est la suite logique de tout mon apprentissage scolaire et extrascolaire. J’ai eu la chance de prendre part au projet depuis la première édition, les premières idées. 

Je suis ravie d’avoir pu contribuer à ce que La French Touch est aujourd’hui. Un chasseur de têtes à trouvé une annonce que j’avais postée sur le site de la CCIFP (Chambre de Commerce et Industrie France-Pologne) pour trouver du travail, juste après mes études et c’est comme ça que j’ai été contactée et recrutée. 

 

Le milieu artistique, vous connaissiez plutôt bien, car vous avez une formation de danseuse, n’est-ce pas ? 

Tout à fait. J’ai eu énormément de chance d’avoir pu suivre un cursus scolaire en France. J’ai été en sport-études de la 6e au bac. À l'école maternelle, c’était compliqué sans le sport-études, j’étais vraiment très chargé avec toutes les activités que j’exerçais après l’école et en plus le week-end. Le sport-études m’a permis d’intensifier les activités extrascolaires. Mon emploi du temps était bien chargé (rires). L’après-midi, j’allais au conservatoire pour mes cours, surtout de danse classique et de piano, et le week-end j’allais en cours le samedi matin, puis j’avais, soit des entraînements de karting, ou un spectacle de danse classique ou mes concerts de piano

Donc j’ai été habituée à la scène dès mes 6 ans ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas de trac, je l’ai toujours, mais j’ai appris à mieux le gérer. 

D’ailleurs, je pense que mes activités extrascolaires sont celles qui m’aident le plus dans ma carrière professionnelle en dehors des langues et je remercie énormément mes parents de m’avoir poussé à pratiquer ces activités, même lorsque j’étais fatiguée ou que je n’avais tout simplement pas envie… 

Cela m’a appris la détermination, le courage : on ne fait pas toujours ce que l’on veut ! 

Mes activités extrascolaires m’ont permis de développer une grande facilité de mémorisation, d’apprentissage et un certain perfectionnisme, dans ce que je fais.  

 

Quel est votre rôle aujourd’hui au sein de La French Touch La Belle Vie, depuis 5 ans ?

Depuis un prêt de 5 ans, je dirige La French Touch en Pologne. Mon rôle n’a pas été modifié depuis le changement de direction. 

J’ai le devoir de faire en sorte que l’organisation de La French Touch se fasse correctement, qu’elle soit visible par le plus grand nombre afin que cet événement puisse continuer d’exister financièrement. 

Pour ce faire, je m’entoure de gens formidables, déterminés et tous amoureux de La French Touch. Évidemment, en raison de mon expérience et de mes passions, j’apporte mon expertise dans tout ce qui concerne la partie artistique de nos événements. De par mes années French Touch, depuis le changement de Direction - avec à sa tête, dorénavant, Eric Salvat, je prête une attention particulière afin que l’ADN de l’événement soit respecté, car, depuis 9 ans nous avons mis en place une ligne de création qui est propre à cet événement et le respect de son identité est primordial pour la pérennité de son existence. 

 

French Touch La Belle Vie, Sylvie Marek et Eric Salvat
Sylvie Marek et Éric Salvat, lors du concert de Francis Cabrel à Varsovie. Photo Justyna Radzyminska  www.justynaradzyminska.com

 

De plus, La French Touch est unique grâce à une communication qui sait mélanger des outils traditionnels et digitaux, c’est ce qui lui donne son pouvoir. C’est aussi une marque qui est capable de regrouper des entreprises issues de mondes différents, grâce au thème de la France. La French Touch a un potentiel énorme de développement et la nouvelle direction en est tout à fait consciente. Nous sommes sans arrêt en train de chercher de nouvelles idées pour cette année, mais également pour l’année 2025. 

 

Quel est le programme de La French Touch au cours des prochains mois ?

Nous allons faire cette année pour la première fois un événement qui se nomme French Touch Riviera, qui aura lieu avant l’été. Cet événement regroupe une opération commerciale autour du monde de la beauté, incluant évidemment toute une partie médiatique autour de celui-ci. 

Il y aura également un événement musical, mais on vous en dira plus bientôt. Après l’été, comme tous les ans, nous aurons une opération commerciale dans le domaine de l'alimentaire et évidemment le Gala French Touch du 3 octobre à l’Opéra National de Varsovie, toujours avec une partie spectacle de deux heures, ensuite l’After Party, puis enfin la soirée Boîte de Nuit à l’Opera Club. 

Le Gala sera suivi d’une émission de télévision pour tous ceux qui n’auront pas eu la chance de pouvoir assister au spectacle en live. Le programme étant avant tout de faire une année exceptionnelle et très réussie pour les 10 ans !

 

Reportage photo par Justyna Radzyminska