Lundi dernier, au sein de l'hôpital La Fe, le Dr Pedro Cavadas, avec le soutien de plus de 35 médecins, infirmières et assistants, a réalisé une grande première mondiale : une greffe des deux jambes. L'occasion de rappeler les efforts menés par l'Espagne en matière de transplantation
(Photo : http://www.photo-libre.fr)
Le patient, dont l'identité n'a pas été révélée, avait perdu ses deux membres inférieurs dans un accident et était condamné à se déplacer en fauteuil roulant. En effet, il ne pouvait utiliser les prothèses actuellement disponibles sur le marché, car celles-ci ne s'adaptaient pas à son cas. La solution ? Une greffe des deux jambes.
Un parcours semé d'embuches
Comme toute opération chirurgicale expérimentale, le processus d'approbation fut long et complexe afin d'assurer la sécurité du patient. L'hôpital La Fe obtint des autorités compétentes l'autorisation d'effectuer l'implant de membres inférieurs il y a plus d'un an, en mai 2010. Après avoir identifié le patient et un donneur susceptible de répondre aux caractéristiques physiques du receveur, l'intervention a finalement été validée et a pu être déclenchée dimanche dernier. Elle s'est achevée lundi matin, après une dizaine d'heures d'un minutieux travail dans le bloc opératoire.
Le docteur Pedro Cavadas, spécialisé dans ce type de greffes, avait déjà réalisé en 2008 la deuxième double greffe de bras au Monde et l'année suivante, il réitérait l'exploit en effectuant la première greffe de visage en Espagne. Lorsqu'on l'interroge sur sa dernière intervention, Cavadas préfère reste sur la réserve : "Il s'agit là d'une première mondiale et compte-tenu qu'il n'existe aucun antécédent, il convient d'être prudent et d'attendre de voir l'évolution". En effet, plusieurs semaines seront maintenant nécessaires pour pouvoir finalement couronner ou non de succès l'opération. Selon les estimations du chirurgien, si tout se déroule comme prévu, d'ici trois semaines, le patient devrait pouvoir bouger les genoux et dans six à sept mois, il serait à même de marcher avec des béquilles, du moins dans un premier temps.
L'Espagne : une référence dans le domaine du don et de la transplantation
Avec cette intervention chirurgicale historique, l'Espagne rappelle, une fois de plus, son leadership dans le secteur. Depuis déjà 19 ans, le pays obtient les meilleurs résultats européens, et même mondiaux, pour l'activité de prélèvement et de greffe, comme l'affirmait en janvier dernier le Secrétaire Général chargé de la Santé, José Martinez Olmos, lors d'une conférence dressant le bilan 2010 de l'Organisation Nationale des Greffes en Espagne (ONT).
A cette occasion, il soulignait "la solidarité exemplaire de la société espagnole, qui a permis de rendre possible le leadership mondial de notre pays en termes de taux de dons et de transplantations".
Malgré un léger déclin des chiffres en 2010, José Martinez Olmos présentait alors l'Espagne comme étant le pays ayant "le taux de dons d'organes le plus élevé au monde, bien au-delà des chiffres enregistrés dans l'UE, aux États-Unis ou dans tout autre État".
En 2010, l'Espagne a enregistré un total de 1.502 donneurs d'organes, permettant ainsi la réalisation de 3.773 greffes. Parmi elles, a priori rien d'aussi spectaculaire que ce que vient de réaliser le docteur Cavadas. Mais avec 2.225 greffes de reins, 971 du foie, 235 du c?ur, 243 des poumons, 94 du pancréas et 5 de l'intestin, ce sont des milliers de vies qui ont été sauvées.
Reste à rappeler qu'au 1er janvier 2011, l'Espagne comptait toujours 5.500 malades en attente d'une transplantation.
Sara CANUS (Lepetitjournal.com - Valence) mercredi 13 juillet 2011
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