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ARMES – L’enquête qui inquiète

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 22 décembre 2014, mis à jour le 24 décembre 2014

Le Chili, nouveau Far-West ? Il y est facile de s'y procurer des armes à feu, dans le commerce ou sur le marché noir, et leur nombre inquiète. Le CIPER a enquêté

Les armes au Chili sont bien plus nombreuses à circuler sur le marché noir que dans le cadre de la législation régissant leur usage et leur commerce. Alors que la Direction Générale de la Mobilisation Nationale (DGMN, qui dépend de l'armée) compte presque 800 000 armes à feu enregistrées légalement, l'ONG Activa et l'Association Chilienne des Municipalités estiment à deux millions le nombre d'armes circulant sur le marché noir.

Le CIPER met en avant, au fil d'une enquête fouillée, plusieurs éléments expliquant la prospérité du marché noir des armes au Chili. Tout d'abord il est relativement facile d'obtenir une arme, mais surtout de contourner les lois qui en régulent l'obtention. Pour être légalement armé, il  faut être majeur, avoir un domicile, réinscrire l'arme tous les cinq ans, passer un examen théorique (98% de réussite), et posséder une carte de chasseur ou d'appartenance à un club de tir. Qui plus est, le test psychologique et physique, qui doit permettre de savoir si une personne est apte au port d'arme, peut être réalisé en moins de 10 minutes auprès des médecins les plus conciliants. Depuis le début des années 2000, il est aussi demandé aux personnes voulant acquérir une arme de ne pas avoir d'antécédents pénaux ou de violence familiale.

Armuriers et policiers

Cependant, ces restrictions n'empêchent en rien les armuriers peu consciencieux d'inscrire à leur insu plusieurs armes au nom d'un client en possédant déjà une, et ensuite de les revendre au marché noir. Selon le CIPER, certains armuriers sont aussi prêts à modifier les mécanismes des armes de gros calibres pour permettre aux utilisateurs d'augmenter leur cadence de tir (les modes « rafale » ou « automatique » étant pourtant normalement réservés aux forces armées), transformant ainsi les armes de chasse en armes de guerre. Signe révélateur : ce n'est pas tant la multiplication des assauts contre des convoyeurs de fonds qui inquiète actuellement les autorités, mais surtout le type d'armes utilisées lors de ces braquages.

Il est aussi courant que des armes achetées légalement soient déclarées perdues par leurs propriétaires : c'est souvent ainsi qu'elles se retrouvent sur le marché noir. Face à tous ces contournements de la loi, les autorités s'avouent débordées : les fonctionnaires en charge du contrôle des armes ne sont qu'environ 300, dont une quarantaine rien qu'à Santiago. Qui plus est le dédoublement des organismes chargés de la régulation des armes ne facilite pas les procédures (entre l'unité OS11 des Carabineros et la DGMN rattachée à l'armée). Et selon les responsables chargés d'enquêter sur le marché noir du côté des Carabineros, les investigations ont dû être interrompues quand des écoutes téléphoniques ont révélé qu'au moins un fonctionnaire de la DGMN aidait les armuriers à vendre illégalement des armes. 

Fabien Leboucq (www.lepetitjournal.com/santiago) lundi 22 décembre 2014

 

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Publié le 22 décembre 2014, mis à jour le 24 décembre 2014

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