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SOCIETE – "Les 33" de San José : une histoire enterrée

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 21 octobre 2014, mis à jour le 21 octobre 2014

En 2010, 33 mineurs chiliens restaient bloqués pendant 69 jours sous terre avant d'être secourus, suite à un effondrement dans la mine de San José à Copiapó. Quatre ans plus tard, ces hommes sont nombreux à avoir sombré dans l'oubli et dans la détresse.

Le 5 août 2010, les galeries de la mine de San José, à Copiapó, s'effondraient, bloquant à 700 mètres sous terre trente-trois de ses mineurs. Deux mois de cauchemar pour ces hommes, libérés seulement le 13 octobre 2010.

Dans son programme « Ils ont fait l'actu » du mercredi 15 octobre repéré par le site Siglo XXI, France Info consacrait trois minutes à ces « 33 », un temps héros d'un Chili soulagé, aujourd'hui (presque) complètement oubliés. A leur libération, les médias internationaux faisaient leurs choux gras ; le président de l'époque, Sebastián Piñera (dont la côte de popularité atteignait alors un record de 83%) leur serrait chaleureusement la main ; un milliardaire chilien les gratifiait de 10 000 dollars chacun ; le pape leur envoyait des chapelets bénis.

La renommée ne dure qu'un temps

Certains se vont vu offrir des voyages, des téléphones portables ; d'autres ont assuré la promotion de l'édition 2011 du Dakar (qui passait par Copiapó), ou ont participé à la campagne publicitaire « Rien n'est impossible pour les Chiliens », organisée par la Banco de Chile à l'occasion de la coupe du monde de football de 2014.

Mais la réalité les a vite rattrapés. Certes, aujourd'hui, les plus âgés et les plus atteints psychologiquement reçoivent une pension équivalente à deux fois le salaire minimum chilien ? moins que ce qu'ils gagnaient en allant à la mine. Une conférence commémorative est aussi organisée à Copiapó tous les ans, et « Super » Mario Sepúlveda, leader charismatique des mineurs, continue d'alimenter son blog et d'attirer tant bien que mal le feu des projecteurs. Cela n'a pourtant pas empêché la plupart des 33 de connaître dépression, addictions, et éloignement vis-à-vis de leurs familles.

Leur calvaire aurait pu faire jurisprudence, mais les magistrats ont botté en touche leurs plaintes contre leurs employeurs et contre l'Etat chilien ; leurs dénonciations de l'insécurité et des conditions de travail exécrables des mines ont été tues, ce qui a poussé les mineurs à déclarer « on nous a enterré une deuxième fois ». Résignés, ils seront cependant récupérés par Hollywood*, qui prépare un film sur leur histoire. Si la rumeur dit que les 33 se divisent à propos de la question du partage des recettes de la production, celle-ci aura au moins le mérite de mettre en lumière l'horreur qu'ils ont vécu sous terre? Et peut-être aussi les difficultés qu'ils ont eu à surmonter leur traumatisme et à retrouver une vie normale.

Fabien Leboucq (www.lepetitjournal.com/santiago) mardi 21 octobre 2014

* L'histoire des 33 a déjà fait l'objet de plusieurs documentaires et long-métrages. Parmi eux, "Los 33", film de la réalisatrice mexicaine Patricia Riggen, sorti en 2014, qui met en scène Juliette Binoche. La Française joue le rôle de la soeur d'un des mineurs, et partage notamment l'affiche avec Antonio Banderas, dans le rôle de Mario Sepúlveda. Récemment interrogée à ce sujet lors d'une conférence au Mexique, l'actrice se disait très émue quant à l'histoire de ces hommes.

 

logofbsantiago
Publié le 21 octobre 2014, mis à jour le 21 octobre 2014

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