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LANGUE – Comment comprendre les Chiliens ?

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 7 août 2015, mis à jour le 3 août 2015

Vous pensiez qu'en comprenant la phrase « ¿Buen weón, me cachay, po ? », vous saviez tout sur le parlé chilien ? Détrompez-vous, cette langue regorge d'expressions, et le petitjournal.com de Santiago vous en propose ici un aperçu

Le site guioteca.com a recensé une dizaine de particularités idiomatiques chiliennes, dont voici la traduction :


L'élargissement des voyelles, pour exprimer une emphase : « Qué calooor » quand il fait très chaud par exemple.

Les diminutifs, eux aussi immanquables, mais souvent plus formels que réels : « un asadito » (qui a déjà vu un « petit » barbecue au Chili ?), « una cervezita », « un vinito », etc.

Les contradictions qui ne veulent rien dire : « ¿ Cómo estas ? – No, igual bien » ; « ¿Te vas a la ferria ? No, sí, me voy en cinco minutos ».

La répétition, sans raison apparente : « ¿Cómo estás? ¿Bien bien y tu ? ¿Bien y tú ? », ou encore les « hola hola » et autre « ciao ciao », qui équivalent à notre « salut salut ».

Les expressions construites sur les noms d'animaux : « hacer una vaca » (faire une collecte d'argent), « irse al chancho » (exagérer, en faire trop), « echarse al pollo » (s'en aller d'un lieu, parfois rapidement ou sans demander son reste), « estar para el gato », plus souvent prononcé « estar pa'l gato » (être malade ou en petite forme).

Parler avec dérision d'un sujet qui ne s'y prête pas forcément : « mi abuela está super enferma : está probabando el pijama de palo » (« ma grand-mère est super malade, elle essaye son cercueil »). Pour parler d'une situation grave ou du cas d'une personne potentiellement à l'article de la mort, nous avons « ça sent le sapin » ; les Chiliens préfèrent eux le glaïeul : « Huele a gladiolo ».

Le manque de clarté quand les Chiliens refusent de faire quelque chose. Ils prétendent alors souvent la remettre à plus tard – et dans ce cas, vous pouvez toujours courir - « te confirmo después », « hablemos en la semana »…

Faire du second degré juste en rajoutant un « ¿buaa te cachay ? » à la fin d'une phrase : « Podria ponerle el gorro a mi pololo con quien quisiera… ¿buaa te cachay ? » : « Ma copine pourrait me tromper avec qui elle veut… Non je déconne »

Les comparaisons superlatives. Elles existent dans toutes les langues, mais elles sont ici le reflet par excellence de l'inventivité, de l'excès et de l'humour chilien : « Hace más frío que pasillo de yogurt » (« il fait plus froid qu'au rayon frais ») ; « Está más asustado que monja con atraso » (« il est plus inquiet qu'une nonne avec du retard », sous-entendu dans ses règles) ; « Más fome que bailar con la hermana » (« c'est plus chiant que de danser avec sa sœur »). A ce jeu des « más … que … », où les Chiliens excellent, on peut aussi évoquer le « Más corto que patada de chanco », littéralement « plus petit/court qu'un coup de pied de cochon ». Quand on vous dit que les Chiliens ont de l'imagination

Transformer les mots en personnages ou en nom propre : « ¿Y voh' ? » (« et vous ? ») devient « ¿ Y Boston ? », « estoy lista » se transforme en « estoy Liz Taylor », etc. La pratique existe dans d'autres pays hispanophones mais y semble moins répandue.

A noter que dans sa rubrique « Artes y Letras », le Mercurio de ce dimanche consacrait une double-page aux traits caractéristiques de la langue chilienne. Parmi les nombreux « chilénismos » évoqués, on retiendra le « métaphysique » : « No estoy ni ahí », « bijou de l'existentialisme créole », jouant sur la différence entre ser et estar, servant à exprimer un éloignement vis à vis du locuteur, et que nous Français traduirions, assez platement par un triste « Je m'en fous ».

Fabien Leboucq (www.lepetitjournal.com/Santiago). Reprise du mardi 16 septembre 2014

 

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Publié le 7 août 2015, mis à jour le 3 août 2015

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