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INDUSTRIE – France et Italie, même combat ?

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 4 décembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

Alors que l'Italie est davantage touchée par la crise économique que la France, son modèle industriel semble pourtant plus compétitif. Si seulement le pays n'était pas desservi par des inégalités régionales criantes?

Crédit : Wikimedia ? Uwe Hermann

Tous les Nords ne se ressemblent pas
L'Italie est la 8ème puissance économique du monde. Le Nord est la locomotive industrielle du pays, réalisant 60% de la production nationale. Comparable à ceux de Londres ou Paris, le PIB par habitant y est l'un des plus élevés de l'Union européenne.

Historiquement, la région du Pô accueille les groupes industriels les plus performants d'Italie. Milan, c?ur économique et financier du pays, abrite de nombreux sièges sociaux d'entreprises. A Turin, le producteur automobile Fiat, créé en 1899 par la famille Agnelli, est le symbole de la réussite à l'italienne. Le groupe subit toutefois la contraction du nombre de voitures vendues en Europe et en Italie, respectivement en recul de 6,3% et 19,7% au premier semestre 2012. Le dynamisme du Nord s'étend jusqu'à Gênes, premier port de la péninsule et l'un des leaders européens du transport maritime ? malgré la concurrence de Fos-Marseille en France et de Barcelone en Espagne.

Contrairement à son voisin, le Nord de la France est l'une des régions métropolitaines les plus sinistrées. Faute de rendements, les bassins industriels du Nord-Pas-de-Calais et de la Lorraine n'ont pas résisté aux chocs pétroliers des années 1970. L'exploitation du charbon et du fer, la sidérurgie, la métallurgie et l'industrie du textile ne sont pas parvenues à s'intégrer à la mondialisation.

Bienvenue dans le Sud ?
Si le Nord se porte bien, l'économie italienne souffre de fortes disparités régionales. 80% des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté habitent le Sud du pays. La région reste en effet plombée par un secteur agricole peu productif ? malgré le programme national Cassa per il Mezzogiorno ou les subventions européennes du FEDER (Fond européen de développement régional). Cette fracture entre Nord et Sud structure même la vie politique, les revendications autonomistes de la Ligue du Nord ayant acquis un poids électoral important depuis les années 1990. A l'image du succès du film français qui l'a inspiré ? Bienvenue chez les Ch'tis ?, Benvenuti al Sud est un exemple frappant de cette Italie coupée en deux, dépeinte de façon humoristique.

Quelques initiatives industrielles, visant à accompagner le développement du Mezzogiorno, ont toutefois été prometteuses. Depuis 2004, le port de Gioia Tauro en Calabre est ainsi devenu la deuxième plate-forme de conteneurs en Méditerranée.

Le Sud français est quant à lui plus attractif. Dans les années 1990, le littoral méditerranéen a bénéficié de la main-d'?uvre d'un million d'individus originaires du Nord du pays. Symbole d'une reconversion industrielle réussie, La Ciotat a achevé son dernier chantier naval à la fin des années 1980 et s'est depuis transformée en un pôle d'excellence de réparation des yachts de luxe. La Côte-d'Azur et le Languedoc-Roussillon se sont également reconvertis dans le tertiaire, en investissant notamment dans le tourisme de masse. La région PACA est d'ailleurs la première destination des voyageurs français et la seconde pour les étrangers ? après Paris.

En dépit de ces succès, les inégalités régionales sont pourtant moins criantes en France qu'en Italie puisque le marasme économique touche tant le Nord que le Sud de l'Hexagone. Au premier semestre 2012, selon l'INSEE, le bassin méditerranéen était paralysé par 12% de chômage, soit presque autant que les régions septentrionales où 11,4% de la population active étaient à la recherche d'un emploi. Tandis qu'en Italie la moyenne s'élève à 11,1% ? taux le plus élevé depuis la publication de données mensuelles par l'Istat en janvier 2004 ?, le chômage continue également d'augmenter en France, atteignant les 10,6% en octobre dernier.

L'Italie, petite s?ur de l'Allemagne
Un dense tissu de PME, implantées du nord-est au Latium, soutient l'activité économique italienne depuis les années 1980. Appelées "Troisième Italie", ces industries familiales ont construit leur succès autour de produits manufacturiers très ciblés, tels que l'ameublement, l'optique, la mode et le luxe ou la céramique. La ville de Friuli en Vénétie exporte à l'étranger environ 30% de la production de chaises, sa spécialité. Le savoir-faire et la flexibilité de ces entreprises locales boostent l'Italie, qui a même renoué avec une balance commerciale excédentaire de près d'un milliard d'euros en mai 2012, contre -2,2 milliards en mai 2011.

A contrario, pas assez productive, la croissance française est moins orientée vers l'international. En novembre dernier, le rapport Gallois présenté à François Hollande dénonçait le manque d'aides consenties aux  PME, contrairement aux modèles allemands et italiens. Dans la tradition colbertiste du XVIIème siècle, l'Etat préfère soutenir les secteurs de pointe, à l'instar du nucléaire (Areva), du luxe (LVMH), de l'armement (Dassault) ou du transport ferroviaire (TGV) et aérien (Airbus).

Le Nord industriel italien jouit d'une compétitivité internationale comparable à celle de l'Allemagne. Cette reconversion économique, en partie inversée à celle de la France, marginalise d'autant plus le Sud du pays peu productif. Bien que fortement endettée, l'Italie continue d'être réputée pour ses industries innovantes alors que la haute-technologie made in France est souvent trop chère.

Martin CANGELOSI (www.lepetitjournal.com/Rome) Mardi 4 décembre 2012

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Publié le 4 décembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

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