Selon les chiffres des Nations Unies, on estime qu'une femme sur trois dans le monde en moyenne est battue, victime de violence sexuelle ou maltraitée par un partenaire durant sa vie. Un phénomène qui n'épargne pas l'Italie. En 2013, toutes les 48 heures, une femme a été tuée dans le pays, et le plus souvent par un proche. Depuis quelques années, la société italienne dénonce et se mobilise.
Une journée de mobilisation
"Certaines meurent juste parce que ce sont des femmes", déplore Angelica Vasile, présidente de l'association Fermati Otello. La jeune femme distribue des prospectus sur lesquels sont inscrits les cordonnées des centres anti-violence de la ville. Comme elle, Francesca, Luca, Dario et bien d'autres ont décidé d'aller à la rencontre des Milanais pour les sensibiliser.
Le froid commence à les gagner. Depuis 7h, ce samedi 22 novembre, ils arpentent les rues de la ville. Cet après-midi, la vingtaine de volontaires a choisi le Parco Sempione comme champ d'action. Accompagnés de l'adjoint au maire, chargé des Politiques sociales et de Santé, Pierfrancesco Majorino, ils distribuent de la documentation. Autour d'eux, des petits groupes se forment et prêtent une oreille au concert organisé pour l'occasion.
Chaque 25 novembre, et ce depuis 15 ans, des actions sont organisées partout en Italie et dans le monde pour dénoncer ces violences. La jeune association milanaise Fermati Otello a choisi d'organiser un tour en camping-car à travers les rues de la ville, quelques jours avant cette date : sur les marchés, devant un lycée, au Parco Sempione, dans le quartier de Brera ou des Navigli, à la Balera dell'Ortica ou encore au Circolo Arci Ohibò, etc.
L'initiative 24 ore per parlarti d'amore (24h pour te parler d'amour) a d'ailleurs été soutenue par la mairie de Milan. Le premier adjoint
2013, l'année noire
Harcèlement physique ou psychologique, coups pouvant mener jusqu'à l'homicide. Selon le ministère de l'Intérieur italien, 38.142 plaintes ont été déposées pour violences entre le 1er août 2012 et le 31 juillet 2013. Dans le pays, 179 féminicides ont été recensés l'année passée, soit 14% de plus qu'en 2012. Dans 70% des cas, ces homicides ont été commis par un proche.
Le rapport Eures sorti récemment et repris en grande partie par les médias italiens, souligne "l'inefficacité de la réponse institutionnelle à la demande d'aide des femmes victimes de violences à l'intérieur d'un couple. En 2013, 51,9% des futures victimes d'homicide avaient déjà signalés ou dénoncés les violences subies." Le travail à mener dans la société italienne, comme dans de nombreux pays, prend du temps.
"A travers l'éducation, nous pouvons faire un grand pas en avant", affirme Angelica Vasile. Tout naturellement, l'association souhaite faire de la prévention dans les écoles et les lycées. "Les violences commencent déjà lors de l'adolescence."
Fermati Otello ne s'arrête pas là. Toutes les strates de la société sont concernées, comme les forces de l'ordre, le corps médical, les proches des victimes. "Il est important que celui qui recueille la plainte sache comment aider." La cible est toujours plus large. "Nous nous adressons en grande partie aux hommes."
En septembre, l'association avait déjà organisé un tournoi de football mixte. Douze équipes, composées des forces de l'ordre, de médias ou de politiques, s'étaient retrouvées sur le terrain pour dénoncer ces violences.
La journée d'aujourd'hui s'ouvre avec un shooting photo. Puis de 13h à 19h, la campagne antiviolence, intitulée #uominisenzaviolenza se déroulera devant le Palazzo Marino. De 14h30 à 16h, un débat sur les anciennes et nouvelles formes de violences contre les femmes, notamment online, se tiendra à l'Università Bicocca. Enfin tous ceux qui le souhaitent peuvent participer à une veillée aux chandelles, organisée par la Province de Milan. Elle partira à 16h45 du corso Monforte.
Toinon Debenne (Lepetitjournal.com de Milan) ? mardi 25 novembre 2014
Crédits photos : T.D pour lepetitjournal.com
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