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JEUX DE HASARD – Quand l’Italie se transforme en casino

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 15 octobre 2013

Une machine à sous au bistrot du coin, des bingos déjà grattés plein la poubelle du bureau de tabac, des salles de jeux qui s'invitent dans toutes les villes de la péninsule? Depuis la libération des jeux en ligne et des machines à sous en 2011, l'Italie semble se transformer en véritable casino. Afin d'enrayer le phénomène, un groupe de maires s'est réuni la semaine dernière à Milan. L'idée est de légiférer sur ce phénomène grandissant afin de limiter l'implantation des salles de jeux sur le territoire.

Des maires contre les jeux de hasard
Le 9 octobre dernier, 310 maires d'Italie ont signé une proposition de loi présentée au Palazzo Marino, la mairie de Milan afin de réguler les jeux de hasard. Les Italiens seraient considérés comme les plus gros joueurs du monde puisqu'ils seraient 32 millions (54% de la population) à avoir dépenser 88 milliards d'euros en 2012 en jeux d'argent.

L'association Libera fait état de plus de 800 000 Italiens qui seraient devenus dépendants aux jeux de hasard. Il y aurait plus d'un million de joueurs compulsifs sur la péninsule. Le poker et les machines à sous, jouets préférés des classes aisées sont désormais prisés par toute une population sans distinction d'âges, ni de classes sociales.

Dans la proposition de loi d'initiative populaire, il est demandé à ce que les maires aient un pouvoir de décision sur l'ouverture d'une salle de jeu. L'idée est de diminuer l'essor grandissant et anarchique des machines à sous. La loi prévoit aussi l'interdiction aux mineurs et une plus grande transparence afin d'éviter toute implication mafieuse ou évasion fiscale.

C'est un véritable engouement que les Italiens ont pour les jeux d'argent. Au casino, la clientèle est de plus en plus variée. En journée, il n'est pas rare de croiser retraités ou ménagères. Dans les salles de jeux mais surtout dans les cafés les machines à sous, les fameux slot sont en libre accès depuis leur légalisation en 2011.

L'Italie, nouveau ?'Vegas'' européen ?
La ville de Pegli, station balnéaire à quelques kilomètres de Gênes est en passe de devenir la nouvelle capitale du jeu. C'était sans compter sur les mouvements qui se manifestent depuis quelques temps contre la multiplication des salles de jeux qui prolifèrent en Italie. En effet, le 1er mars 2013, la ville devait inaugurer la Nuova Slot House, un mini-casino. Mais l'intervention du prêtre Génois Don Gallo, décédé le 22 mai dernier a quelque peu changé la donne. Celui-ci s'opposait furieusement à cette ouverture qu'il qualifiait de "claque contre la pauvreté".

La municipalité s'est également fait entendre. "C'est la quatrième salle de jeux ouverte en quatre mois seulement, dans une région où se concentre 70% de logements sociaux" décrie un élu. La mairie ayant fait valoir ses droits sur la législation portant sur la place et le stationnement, la salle n'a pas pu ouvrir ses portes comme prévu. Le Parti démocrate et le MoVimento 5 Stelle s'étaient également manifestés contre cette inauguration. Un fait divers devenu monnaie courante en Italie et qui présente ici tous les acteurs de la problématique des jeux de hasard qui secoue le pays depuis un an déjà.

L'Italie possède seulement cinq casinos, considérés comme propriétés de l'état, petit joueur face à la France qui en compte une centaine. Cependant, les salles de jeux s'apparentant à des casinos miniatures, poussent comme des champignons sur le sol italien. Le Vatican qui s'est toujours opposé, pour des raisons morales, à l'expansion de nouveaux casinos dans le pays, profite de son influence pour limiter leurs multiplications. Mais cela n'empêche pas les jeux de hasard d'envahir les cafés et les bureaux de tabac. S'élève alors un véritable paradoxe entre l'interdiction des casinos et le libre accès aux machines à sous dans le café du coin ; entre la crise qui sévit en Italie et les jeux d'argent qui gagnent du terrain.

Où va l'argent des machines à sous ?
Depuis la légalisation des jeux en ligne, en 2011, poker et jeux de casinos sont désormais à la portée de n'importe quelle souris d'ordinateur. Et c'est l'Etat le véritable gagnant de cette loterie géante, puisque grâce aux joueurs de plus en plus nombreux il engrange à lui seul des milliards d'euros. Grâce aux taxes et autres impôts prélevés sur les salles de jeux et les machines à sous, ce sont 9,2 milliards d'euros qui sont entrés dans les caisses de l'état en 2011. Les jeux en ligne, quant à eux, ont généré 14 milliards d'euros de taxes.

L'argent des ménages dépensé dans les jeux de hasard serait-elle la solution au déficit budgétaire que connait le pays ? L'Etat encourage l'établissement de ces salles de jeux dont il prélève 75 % des recettes chaque semaine. De l'argent gagné toutefois sans prendre en compte la situation parfois précaire des joueurs et l'addiction que peut entraîner l'appât du gain. Mais l'Etat n'est pas le seul à profiter du phénomène. Les tripots clandestins se multipliant aussi vite que les salles légales, c'est une mise de 10 milliards d'euros que s'est partagée la mafia en 2012.

Florine Tirole (Lepetitjournal.com de Milan) ? mardi 15 octobre 2013

Crédits photos : captures d'écran Youtube

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Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 15 octobre 2013