Le journaliste sportif installé en Espagne depuis 29 ans publie "C'est ça la France !" (1), véritable dictionnaire amoureux des différentes facettes de l'identité française : de la pétanque à Victor Hugo, en passant par le bal du 14 juillet, la laïcité ou le Tour de France. Un regard plein de nostalgie, d’humour et d'optimisme. Car les Français de l'étranger "sont beaucoup plus clairvoyants sur la grandeur de leur pays". Interview.
Comment est née l'idée de ce livre ?
Après la sortie de la biographie de Zidane (2) mon directeur d'édition Christophe Absi m'avait demandé de réfléchir à l'expatriation et à cette image de la France vue par un Français de l'étranger. Parce que les Français qui vivent hors de France, comme c'est mon cas depuis 29 ans, profitent de cette mise en perspective pour mieux appréhender ce que représente notre pays au plan international. C'est en prenant du recul que l'on devient en somme plus clairvoyant sur la grandeur de la France.
Avec une note nostalgique ?
Oui, mais cela ne renvoie pas au passé : c'est une nostalgie du présent. Parce que tout ce dont je parle dans ce livre existe encore : les monuments aux morts dans chaque village de France, les poèmes de Victor Hugo que l'on apprend à l'école de la République, le Tour de France, la Marinière ou l'art de la table. Tout cela se perpétue et fait notre culture, qui pour moi est un tout. C'est notre histoire et notre identité. Nous l'avons d'ailleurs constaté à travers les réactions et l'émotion unanimes lors de l'incendie de Notre-Dame de Paris, avec ce sentiment que quelque chose d'intime était en danger. Je me suis dit alors que nous n'étions pas près d'oublier nos traditions.
L'universalisme français contre l'obscurantisme
Quel est votre regard aujourd'hui sur la France et les Français ?
Je pense que les Français veulent défendre ce qui fait leur spécificité, leur histoire, leur culture et leur identité, dont l'universalisme est au cœur. Notamment contre la culture "woke" et le déboulonnage des statues. Je crois que la France est un rempart contre cette folie qui s'empare du monde. Comme à l'époque des Lumières, nous représentons cette résistance face à un obscurantisme relayé par des journaux comme le New York Times. La France d'aujourd'hui, c'est l'universalisme contre l'obscurantisme. Je sais aussi que l'on ne peut pas comprendre la France si l'on ne connaît pas la campagne française ; c'est pour cela d'ailleurs que les écologistes sont à mon sens tout à fait à côté de la plaque. Pour être né "les pieds dans la terre" dans un petit village près du Pas-de-Calais, j'ai cet amour des paysans et de la ruralité. Et je sais que la puissance agricole française est plus forte que l'arme nucléaire !.
Être français serait donc un sentiment ?
Bien sûr ! Aimer son pays c'est s'aimer soi-même. J'irai plus loin : ne pas aimer la France lorsqu'on est Français, c'est d'abord avoir un problème psychanalytique personnel. Les Français qui n'aiment ni les paysans, ni la laïcité, ni l'école de la République ont donc un problème avec eux-mêmes. Et tous ceux qui ont eu le cœur serré en voyant Notre-Dame en flammes sont français, parce que c'est un sentiment qui renvoie à notre identité, que l'on soit chrétien, athée, musulman, juif ou bouddhiste. Car nous sommes avant tout Français.
(1) "C'est ça la France !" de Frédéric Hermel, éd. Flammarion, 2021
(2) "Zidane" de Frédéric Hermel, éd. Flammarion, 2019
Sur le même sujet
L'annuaire 
L'agenda 
