Face aux mouvements de protestation qui traversent l'Europe et en particulier la France, les agriculteurs espagnols appellent à leur tour à manifester et pointe du doigt Mercosur et le Maroc pour concurrence déloyale.
Pendant que de l'autre côté des Pyrénées, les agriculteurs en colère bloquent les routes et montent sur Paris, les organisations majoritaires agricoles en Espagne ASAJA, COAG et UPA ont décidé ce mardi de mettre en place un calendrier de manifestations pour exiger un plan de choc ambitieux comprenant des mesures au niveau de l'UE, du gouvernement espagnol et des communautés autonomes. Dans un premier temps, les manifestations se dérouleront à un niveau plus régional.
Concurrence déloyale de pays extracommunautaires
Le secteur agricole en Europe et en Espagne est plongé dans un malaise croissant en raison des conditions difficiles et de la bureaucratie étouffante générées par les réglementations de l'UE. "Les agriculteurs luttent face à un marché déréglementé qui importe des produits agricoles de pays tiers à des prix bas qui exercent une pression à la baisse sur les produits de l'UE et ceux produits en Espagne -soulignent les trois organisations agricoles. Ces produits extracommunautaires ne respectent pas les réglementations internes de l'UE et représentent une contradiction et une hypocrisie dans l'action politique de l'UE, entre la politique commerciale et sa propre politique agricole commune. Cette concurrence déloyale menace la viabilité de milliers d'exploitations agricoles en Espagne et en Europe".
La France pointe du doigt l'Espagne et l'Espagne, le Maroc
Alors qu'à nouveau les agriculteurs français s'en prennent aux camions espagnols et que le gouvernement français les soutient en accusant les agriculteurs espagnols et italiens de concurrence déloyale, la campagne espagnole accuse de son côté le Maroc et les accords avec des pays extracommunautaires. Pour cette raison, l'une de leurs principales revendications est de demander l'arrêt des négociations d'accords tels que le MERCOSUR, la non-ratification de l'accord avec la Nouvelle-Zélande et l'arrêt des négociations avec le Chili, le Kenya, le Mexique, l'Inde et l'Australie.
Renforcer les contrôles à la frontière avec le Maroc
En outre, ASAJA, COAG et l'UPA exigent que le gouvernement espagnol renforce les contrôles à la frontière avec le Maroc, sous la supervision de la Commission européenne, afin de s'assurer que les produits agricoles marocains importés respectent les réglementations internes de l'UE et les quantités tarifaires établies dans l'accord de libre-échange. "Il est indispensable de retrouver la préférence communautaire pour récupérer et garantir notre souveraineté alimentaire", affirment les trois organisations agricoles.
La sècheresse en Espagne a aggravé le problème
Il est rare de voir les agriculteurs espagnols se mobiliser de la sorte. Les Espagnols, à la différence des Français, sont loin d'être des gilets jaunes et n'ont pas l'habitude de faire la grève ni de se manifester. C'est un peuple qui fait preuve d'une grande abnégation et qui supporte beaucoup, en silence, jusqu'au moment où la coupe est pleine... ou vide, dans ce cas-là à cause du manque d'eau. En effet, les producteurs espagnols, qui souffrent des mêmes problèmes que leurs collègues français, ont dû en plus faire face à une sécheresse particulièrement sévère qui a touché les cultures phares du pays: la dernière production céréalière a chuté de 40%; les oliveraies auront une saison inférieure de 34% à la moyenne et le vin aura une récolte inférieure de 15% cette année. Les agriculteurs espagnols sont donc prêts à tout, comme a prévenu le président d'ASAJA: "Ce ne sera pas très différent de ce qui se passe dans tous les pays de l'UE".
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