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Mettre fin au cancer du col de l'utérus - Tout ce qu’il faut savoir

Dans cette séquence en deux parties, Jenna et les médecins généralistes Dr Natasha Behl et Dr Bola Owolabi nous expliquent comment le dépistage du cancer du col de l'utérus et la vaccination contre le virus du papillome humain (HPV) pourraient à la fois éliminer le cancer du col de l'utérus, et nous protéger collectivement contre d'autres formes de cancers.

Fin au cancer du col de l'utérusFin au cancer du col de l'utérus
Écrit par Article Partenaire
Publié le 29 février 2024, mis à jour le 7 mars 2024

Après son premier dépistage du cancer du col de l'utérus à l'âge de 25 ans, Jenna a su qu'elle était porteuse du virus HPV, et que cela augmentait donc son risque de cancer. Un traitement médical n'était pas nécessaire dans l’immédiat et on lui a conseillé de revenir se faire dépister dans six mois. Mais deux ans se sont écoulés avant qu'elle n’y retourne et qu’on lui découvre des modifications de cellules cervicales, devenues anormales à cause du HPV. Jenna a alors reçu un traitement pour détruire ces cellules.
 

Jenna
Jenna


Le dépistage du cancer du col de l'utérus : est-ce pour moi ?

Le Dr Bola Owolabi, médecin généraliste dans les Midlands et directeur national des inégalités en matière de santé, nous explique l’importance de bien s’informer sur le dépistage du cancer du col de l'utérus. Celui-ci est proposé aux personnes dotées d'un col de l'utérus (entrée de l'utérus), de 25 à 64 ans. « Ne partez pas du principe que c'est inutile, sous prétexte que vous êtes jeune ou âgé. »

 

Dr Bola
Dr Bola Owolabi


Jenna témoigne : « Quand j'avais 25 ans, je suis allée faire mon premier dépistage. On m'a appris que j’avais un HPV, avec une anomalie modérée des cellules cervicales. Cela voulait potentiellement dire un autre dépistage du col de l'utérus 6 mois plus tard, pour vérifier l’absence d’un développement inquiétant. »

« Le dépistage du col de l'utérus ne prend que quelques minutes et pourrait bien vous sauver la vie, mais certaines personnes passent à côté - , nous dit le Dr Owolabi.

Certains oublient de répondre à leur invitation, ou bien ont du mal à se libérer à cause du travail ou des responsabilités familiales. Pour d'autres, la gêne, la peur, l'absence de symptômes ou encore la désinformation, font qu'ils ne réalisent pas l'importance du dépistage.

Si vous êtes doté d’un col de l'utérus et que vous avez déjà eu des rapports sexuels (récemment ou non), répondez sans tarder aux invitations à vous faire dépister. »

Nous sommes là pour vous

Jenna poursuit : « Malheureusement, mon premier dépistage n’a pas été une très bonne expérience. Le médecin m'a posé des questions sur ma vie sexuelle, et quand j'ai répondu, j'ai eu l'impression qu'il me culpabilisait. Après, j’étais trop anxieuse à l’idée d’y retourner. »

« Jenna n'aurait jamais dû être culpabilisée » , se désole le Dr Natasha Behl.

« Notre rôle est d’aider les gens à bénéficier de cet examen qui sauve des vies. »

Jenna continue :

« Deux ans plus tard, je n'y étais toujours pas retournée. Et puis la même année, mon partenaire a soudainement subi une crise cardiaque. Cela m’a fait un choc, et j’ai réalisé que je devais être plus attentive à ma propre santé.

Mon test s’est déroulé de manière très différente. J'ai dit à l'infirmière que j’étais inquiète à cause de l’expérience négative de mon premier test et parce que j’avais peur que le HPV soit toujours là.

L'infirmière a été adorable - elle a pris son temps, m'a écoutée, et a vraiment tout fait pour me mettre à l’aise. »

Le Dr Behl est ravie que Jenna se soit sentie épaulée lors de son dépistage. « En tant que personnel soignant, nous savons l’état de grande vulnérabilité dans lequel les gens peuvent se trouver. Nous devons les aider à comprendre la procédure et à se sentir parfaitement à l'aise. En leur rappelant par exemple qu’ils peuvent voir si leur rendez-vous prévu se fera avec une clinicienne ou bien un clinicien. Ou en leur faisant savoir que, pour plus de confort pendant l’examen, ils peuvent requérir une autre taille de spéculum, l’instrument médical utilisé pour le dépistage.
 

Dr Natasha BEHL
Dr Natasha Behl


Si vous avez vécu une expérience traumatique par le passé, que vous avez subi des abus, une grossesse difficile ou avez simplement peur de l’examen, n’hésitez pas à demander de l'aide avant votre rendez-vous. Vous pouvez pour cela contacter une association comme : Jo's Cervical Cancer Trust, The Caribbean and African Health Network (CAHN) ou Safeena Muslim Cancer Support. »

Vos résultats de dépistage du col de l'utérus

Pendant la procédure, un petit échantillon de cellules est prélevé du col de l'utérus à l'aide d'une brossette gynécologique, maniée par un professionnel de santé. Ce prélèvement est examiné afin de détecter la présence du virus HPV. Une détection précoce facilite la mise en place de traitements efficaces, qui éliminent les cellules anormales causées par l'infection à HPV à haut risque, et préviennent l'apparition de cancer.
 

Prélèvement


Après leur dépistage et une fois leurs résultats obtenus, de nombreuses personnes ne requièrent aucune prise en charge. Le Dr Behl nous explique : « L'ADN du HPV est retrouvé dans plus de 99 % des cancers du col de l'utérus - si vous n'avez pas de HPV à haut risque cancérogène, le développement d'un cancer du col de l'utérus est très rare, et aucun examen supplémentaire ne sera nécessaire, jusqu'à votre prochain dépistage dans 3 ou 5 ans.

Si le HPV est détecté dans votre prélèvement, mais qu'aucune modification cellulaire anormale n'est constatée, il se peut que vous ayez besoin d'un autre rendez-vous de dépistage dans un an.

Si le HPV est détecté et que des modifications cellulaires anormales sont présentes, une colposcopie pourrait être recommandée. Cette procédure simple permet d'examiner votre col de l'utérus. Une biopsie (une prise d’échantillon) de vos cellules pourrait aussi être effectuée pour évaluer l'étendue des changements cellulaires. »

Faire face à mes résultats

Jenna ajoute : « Des changements cellulaires ont été constatés, ce qui veut dire que cela avait empiré depuis mon dernier test.

Au début, je ne voulais parler à personne de mes résultats. J’avais le sentiment que c'était un sujet tabou, en partie à cause de la peur du cancer, et en partie parce que ce n'était pas beaucoup abordé à l'école. Ma génération n'a pas eu accès au vaccin contre le HPV et personne ne nous parlait vraiment de santé sexuelle ou de MST.

Je suis arabe et métisse, et dans ma culture, une certaine honte était pour moi associée aux sujets liés à la sexualité. C'est souvent intériorisé. On ne parle pas vraiment de sexe aux autres membres de la communauté.

Trouver des gens qui vous ressemblent pour discuter de ces choses-là peut vraiment être utile. Quelqu'un qui comprend ce que vous traversez et pourquoi vous pourriez ressentir un malaise. J'ai aussi trouvé que le site web de Jo’s Trust était très rassurant. »

Aller au-delà du dépistage

« Avoir un HPV à haut risque avec une modification des cellules cervicales ne veut pas dire avoir un cancer. Mais l'équipe médicale peut recommander une colposcopie (une procédure pour observer le col de l'utérus) ou un traitement. » , nous explique le Dr Behl.

Jenna nous décrit son rendez-vous : « L’idée de faire une colposcopie peut être angoissante et j'étais vraiment nerveuse !

« L'équipe était formidable et très attentionnée. Ils m'ont proposé deux options - je pouvais faire enlever mes cellules en mutation, ou bien, je pouvais attendre six mois pour voir si les cellules revenaient d’elles-mêmes à la normale.

« J'ai décidé d’opter pour le traitement. L'équipe soignante m'a longuement expliqué les risques potentiels associés au traitement, mais pour moi, cela ne faisait aucun doute - je ne voulais pas avoir à m’inquiéter d’un cancer.

Heureusement, la procédure était totalement indolore.

La colposcopie suivante n’a rien révélé d’anormal, et je peux maintenant me faire dépister tous les trois ans seulement. Passer par ce léger désagrément m’a peut-être sauvé la vie, et c’est pour cela que je tiens à partager mon expérience, en espérant aider d’autres personnes à prendre rendez-vous pour se faire dépister. »

Éliminer le cancer du col de l'utérus

Jo’s Trust, une association caritative nationale, nous apprend que chaque jour au Royaume-Uni, deux femmes perdent la vie à cause du cancer du col de l'utérus. Le pôle de santé publique britannique (NHS England) s'est engagé à éliminer le cancer du col de l'utérus d'ici 2040.

« Se faire vacciner contre le HPV et participer à des frottis de dépistages est crucial pour éliminer le cancer du col de l’utérus » , nous dit le Dr Owolabi.

Si vous avez un col de l'utérus mais que vous n'êtes pas répertoriée auprès d'un médecin généraliste, ou si vous êtes enregistrée en tant qu'homme, vous pourriez ne pas recevoir d'invitations pour un dépistage régulier du cancer du sein ou du col de l'utérus.

« Demander à votre médecin traitant de vous donner accès à ce service. Si vous n'avez pas de médecin traitant, vous pouvez vous inscrire gratuitement, sans qu'il soit nécessaire d'avoir une adresse fixe au Royaume-Uni ou de bénéficier d’un droit de séjour. Il est parfois possible de demander un dépistage du cancer du col de l'utérus dans un centre dédié à la santé sexuelle ou dans une clinique médicale sans rendez-vous. » , nous informe le Dr Owolabi.

Des informations sur le vaccin contre le HPV et les programmes de dépistage de la NHS sont disponibles sur le site : www.nhs.uk, ou bien en plusieurs langues et avec des formats de lectures faciles sur : www.gov.uk/screening. Découvrez aussi des informations sur le dépistage de la NHS pour les personnes trans et non binaires avec le lien : www.gov.uk.

Publié le 29 février 2024, mis à jour le 7 mars 2024