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“The Time is Always Now” met le regard afrodescendant au cœur du portrait moderne

Du 22 février au 19 mai 2024, la National Portrait Gallery de Londres explore la réappropriation de la “figure noire” par la diaspora africaine dans le portrait moderne à l'occasion d’une exposition émouvante conçue par l'écrivain Ekow Eshun.

the time is always nowthe time is always now
Écrit par Yoni Binh
Publié le 27 février 2024, mis à jour le 27 février 2024

Quel effet cela fait-il de regarder le monde à partir de l'expérience d’une personne noire ?”, nous a demandé l’auteur et conservateur britannique Ekow Eshun lors de l’ouverture de son exposition “The Time is Always Now. Artists Reframe the Black Figure” à la National Portrait Gallery.

Du 22 février au 19 mai 2024, le musée accueille 55 sculptures, dessins et peintures créées par 22 artistes issus de la diaspora africaine installée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. 

 

statue the time is always now

As Sounds Turn to Noise, Thomas J Price (2023)

 

Une exposition “subjective” en forme de ”conversation avec l’histoire”

 

Il n'y a jamais de moment dans l'avenir où nous travaillerons à notre salut. Le défi est dans l'instant, le bon moment, c'est toujours maintenant”, a décrété l’auteur américain James Baldwin de son analyse de la fin de la ségrégation. C’est sur cette déclaration poignante que les concepteurs de cette nouvelle exposition londonienne à ne pas manquer ont décidé de se baser. 

D'après Ekow Eshun, la recherche de l'égalité et de la reconnaissance de la légitimité de la voix des artistes afrodescendants est un combat permanent : “Si les artistes noirs connaissent aujourd’hui un moment d'épanouissement, leur travail s'inscrit dans une lignée artistique en constante évolution” dont ils doivent se saisir. 

Des artistes comme Michael Armitage, Hurvin Anderson et Noah David sont donc invités à témoigner de manière très personnelle dans “The Time is Always Now”, qui s’ouvre sur une sculpture de bronze monumentale signée Thomas J Price.  

Alors que la représentation des personnes a été le monopole des artistes occidentaux pendant des siècles, cette exposition a pour vocation de mettre en lumière le travail d’artistes afrodescendants, en adoptant un point de vue personnel et intime loin des clichés et des stéréotypes qui collent à la peau de leur communauté.

 

Les artistes afrodescendants s’expriment avec poésie sur le passé et le présent de leur communauté

 

“The Time Is Always Now” est soigneusement décomposée en trois parties thématiques destinées à honorer les œuvres d’art de la diaspora africaine et leur message dans toute leur diversité : Double Consciousness, Persistence of History et Our Aliveness.

Dans Double Consciousness, les peintures questionnent l'identité noire et la Négritude en tant qu'expérience psychosociale en s’appuyant sur le travail du sociologue W.E.B du Bois. Les peintres Claudette Johnson, Amy Sherald et Nathaniel Mary Quinn nous invitent alors à changer de perspective en adoptant le regard des artistes noirs afin d’observer des représentations renouvelées de la “figure noire”. 

 

seeing through time titus kaphar
Seeing Through Time, Titus Kaphar (2018)

 

“The Time Is Always Now” est aussi une exposition mémorielle. Les trois parties sont dotées de nombreux tableaux qui ne cessent de nous rappeler le passé traumatique et la charge émotionnels lourds dont la diaspora africaine des pays occidentaux a hérité.

La deuxième partie de l’exposition, Persistence of History, interroge la présence - et l’absence - des Noirs dans les récits de l’histoire occidentale. Le but ? Rendre un hommage artistique aux personnalités noires oubliées et négligées dans ces récits mémoriels.  

Se refusant à tout discours misérabiliste, le chapitre final de l’exposition - Our Aliveness -  célèbre la vie sociale du quotidien et les moments d'allégresse partagés par la diaspora, qui triomphent malgré la douleur du passé et les combats du présent.

 


"The Time is Always Now" célèbre une période de foisonnement extraordinaire dans le travail des artistes de la diaspora africaine. J'espère que l'exposition encouragera le public à s'intéresser de plus près à la portée imaginative des artistes exposés, à la manière dont ils mettent en lumière la richesse et la complexité de la vie des Noirs à travers la figuration, tout en posant des questions fondamentales sur la race, l'identité et l'histoire. Le tout en créant des œuvres d'art éblouissantes. - Ekow Eshun

 

Les événements de l’exposition "The Time Is Always Now"
 

La National Portrait Gallery propose une série d'événements exclusifs en lien avec les thématiques abordées par l’exposition. Voici une sélection des temps forts à ne pas manquer :

WORKSHOP - “Piecing together our histories: Making collage portraits with archival materials”, le samedi 2 mars de 11h à 17h

The Time Is Always Now aux LATES de la National Portrait Gallery, le vendredi 8 mars, de 17h30 à 20h30 : le musée accueillera le public pour une soirée de photographie, DJ sets, performances live et une projection spéciale de Black Poirot, suivie d'une conversation avec la réalisatrice Rosa Johan Uddo.

CONFÉRENCE - “Trespassing: Art and Black belonging in a colonial landscape”, le vendredi 5 avril, de 19h00 à 20h00.

COURS DU SOIR  - "Our Aliveness" : Photographie de la vie nocturne, le vendredi 8 mars 2024 - Rejoignez le photographe Eddie Othere, qui animera deux cours du soir permettant aux participants de réaliser des portraits passionnants et intimes de leurs amis.

 

Que lire si vous avez aimé “The Time Is Always Now. Artists Reframe the Black Figure” ?

Natives. Race & Class in the Ruins of Empire, par Akala (2018)
Blessing The Boats, de Lucille Clifton (Recueil de poèmes paru en 2023)
A Black Boy At Eton, de Dillibe Onyeama (1974)
Manifesto On Never Giving Up, de Bernardine Evaristo (2021)
Sister Outsider, d’Audre Lorde (1984)