ENTREPRISE – Le covoiturage, une solution économique, écologique et sociale pour se déplacer

Toni Jorge, jeune informaticien franco-portugais et adepte du covoiturage, a commencé à développer un projet de covoiturage en Hongrie en 2012. Si cette pratique est commune en France ce n´est pas le cas dans d´autres pays d´Europe  et plus particulièrement au Portugal. C´est en venant travailler à Porto, il y a de cela deux ans, qu´il a décidé de mener à bien son projet dans son pays d´origine. Il nous raconte ce qui l´a conduit à relever ce défi.
 
Lepetitjournal : Quand a démarré votre projet ?
Toni Jorge : Il a démarré en 2012 en Hongrie, où j'ai vécu pendant 4 ans. Avec un ami franco-hongrois, nous avons remarqué que le covoiturage, dont nous sommes nous même adeptes et qui est si populaire en France, était une pratique à fort potentiel relativement peu développée dans certains pays. Voilà pourquoi nous avons conçu notre plateforme et donné naissance aux portails www.autosztunk.hu et www.boleia.net, pour permettre aux personnes de partager leurs voitures et de se déplacer ainsi de manière plus économique, écologique et sociale.

Quelles sont les caractéristiques de ce projet qui vous ont conduit à le développer et plus particulièrement au Portugal ?
Étant portugais et connaissant, le marché et la culture portugaise, il était évident pour moi dès le début que le covoiturage avait sa place ici, notamment en temps de crise économique. L'absence de plateforme de covoiturage avait d'ailleurs fait fleurir des dizaines de groupes Facebook liés à cette pratique.

Voilà pourquoi mon arrivée à Porto a été l'occasion d'être sur place pour lancer notre portail Boleia.net: le marché portugais est d'ailleurs aujourd'hui notre priorité.
Nous aidons aujourd'hui les personnes à covoiturer sur de longues distances mais également sur des trajets plus courts et plus régulier comme les trajets "domicile - travail" avec notre service "Empresas à Boleia", destiné en particulier aux entreprises et leurs employés.

Pourquoi avez-vous commencé par développer votre projet à Porto et les résultats sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
Porto est la ville qui m'a "accueilli" et ceci malgré mes racines à Fátima et une familiarité plus grande à l'époque avec Lisbonne, je suis tout de même resté dans le nord. Un des principaux partenaires de notre société est d'ailleurs le FC Porto pour qui nous avons créé "Dragões à Boleia", un portail de covoiturage ayant pour but d'aider les supporters du club dans leurs déplacements pour soutenir leur équipe favorite.
(Photos: Bolei.net)

Dans quelle mesure pensez-vous que le marché portugais est réceptif à vos services ?
Une récente étude de Cetelem a montré que 43 % des portugais souhaitent covoiturer pour diminuer leur frais : il n'y a a aucun doute que les problèmes économiques qui affectent le pays ont une grande influence sur le développement du covoiturage au Portugal. D'autre part, la prise de conscience écologique écologique globale a poussé les administrations à prendre une série d'initiatives qui favorisent la pratique. Par exemple, l'attribution d'avantages fiscaux aux entreprises qui facilitent le covoiturage pour les employés dans leurs trajets "domicile ? travail".

Un autre point qui favorise le covoiturage au Portugal est l'alternative qu'il représente face a un réseau de transport en commun peu adapté dans beaucoup d'endroits (que ce soit en terme d'accessibilité, d'horaires, temps de trajets ou même de prix): par exemple, le réseau ferré est quasi inexistant ailleurs que sur le littoral et une nouvelle étude a montré que 6 personnes sur 10 à Lisbonne et sa périphérie n'utilisent pas les transports en commun!

Comment se présente les débuts de votre projet et quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Nous avons déjà obtenu une certaine notoriété de part l'intérêt des médias concernant le sujet et les pas effectués au niveau administratif vers la promotion du covoiturage laissent présager le meilleur.

Toutefois, et malgré notre communauté de plus de 10.000 membres et des avantages clairs, la pratique représente un changement d'habitude qui a besoin d'être motivé, raison pour laquelle nous avons opté pour une stratégie basée sur des partenariats avec des entités mieux "connues" du public (les entreprises, clubs de football, etc?). Nous sommes en contact aujourd'hui avec certaines des plus grandes entreprises du pays qui sont, en général, conscientes des difficultés de leurs employés et souhaitent profiter de nos services pour l'intégrer une politique plus attentive aux ressources humaines de l´entreprise.

Propos recueillis par Maria Sobral (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) jeudi 14 mai 2015