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Fête de la Francophonie : Rencontre avec la pétillante écrivaine Kim Thuy

L'auteure québécoise d'origine vietnamienne, Kim Thuy, était présente le 10 avril à l'Université NOVA de Lisbonne afin d'échanger avec ses lecteurs.

Kim-ThuyKim-Thuy
©Agathe Trigueiro
Écrit par Agathe Trigueiro
Publié le 11 avril 2024, mis à jour le 15 avril 2024

 

L'auteure québécoise d'origine vietnamienne, Kim Thuy,  était présente le 10 avril à l'Université NOVA de Lisbonne afin d'échanger avec ses lecteurs lors d´une masterclass organisée pour clôturer la fête de la francophonie 2024 qui s'est déroulé pendant tout le mois de mars. Lepetitjournal est partie à sa rencontre et a eu l'occasion de s’entretenir un moment avec cette personnalité hors du commun.

 

Kim Thuy, une personnalité lumineuse

Afin d'échanger avec son public, un bocal rempli de divers mots était mis à disposition de Kim Thuy qui piochait dedans de bon cœur afin de laisser le public voguer sur le flot de sa pensée et de sa manière d’aborder le langage. De nombreux thèmes sont abordés par l’écrivaine : L'identité, l’amour, les privilèges, le racisme, la famille, l'école... tant de sujets que cette dernière évoque avec une joie communicative. Son rapport à la langue est ambigu car il est intimement lié à une identité qu'elle a longtemps cherchée. Kim Thuy a d'abord vécu le communisme et la guerre au Vietnam, puis la dureté des camps de réfugiés dans lequel elle a évolué lorsqu’elle avait à peine dix ans, pour finalement atterrir au Québec, où son amour pour la langue française a commencé à fleurir. Longtemps persuadée qu'elle n'était ni vietnamienne, ni québécoise, et que l'anglais ne la rendait pas canadienne, cette dernière pensait n'être rien. Puis elle a commencé à embrasser ses origines afin de s'apercevoir qu’en réalité, elle était tout. Et elle est vraiment tout! En témoignent les éclats de rires et les moments d'émotions qu'elle suscite lorsqu´elle évoque sa vie et son rapport à l'écriture. Kim Thuy admet que l’histoire est multiple, qu’elle n'est jamais faite d'une seule voix. Et c'est la sienne qui a su captiver des lecteurs aux quatre coins du monde ces dernières années.

L'écriture est venue à elle presque par hasard. Elle écrivait de petits feuillets entre deux feux rouges lorsqu'elle rentrait le soir, tard, après la fermeture d’un restaurant qu’elle avait ouvert au Québec. Tout ce tas de feuillets donné en vrac a été remis à l'un de ses plus fidèles clients. Elle trouve ensuite son premier éditeur, puis très vite, se retrouve projetée sur le devant de la scène internationale. Elle ne perd rien de sa simplicité, de son accessibilité, et aime rire avec les gens qui l'entourent. Son verbe favori c'est aimer. Et elle veut penser que l'amour est la seule notion qu’il faille imposer au monde.
 
Lepetitjournal s'est entretenu avec Kim Thuy :

Vous choisissez systématiquement des titres monosyllabiques vietnamiens pour vos ouvrages. Pourtant, vous parlez du français comme votre langue de cœur, et celle de la nuance. Comment l’expliquez-vous ?

Lorsque j'écris, je découvre la langue vietnamienne au travers de la langue française. « Em », qui veut dire petit frère ou petite soeur, est un mot vietnamien. Il y a une homonymie avec « aime » en français. Je trouve ce mot très beau. Au départ, je me disais qu'aimer ne pouvait pas être un impératif. Mais finalement, si. On doit imposer le verbe aimer, l'enseigner à l'école. On doit aimer l’autre, alors l'impératif est peut-être possible. Dans la famille vietnamienne, on n'a pas de pronom personnel. On protège les nôtres en fonction du nom qu’on leur donne. « Em », c'est le plus petit. On l’aime et on le protège. Il y a un lien entre les langues: « Vi » c'est le microcosmique en vietnamien, et c'est la vie en français. Mais les plus petites choses ne font-elles pas une vie ?

Comment avez-vous accueilli la volonté de faire un film sur « Ru » ?

C’était extraordinaire que quelqu'un s'intéresse à mon livre ! Puis je me demandais si la mise à l'écran était possible. Charles-Olivier Michaud a travaillé 7 ans sur ce film. Qui donne 7 ans de sa vie comme cela ? Rencontrer une équipe de 100 personnes qui œuvre pour que ce film advienne, c’est au-delà de l'imaginable et je ne le réalise pas encore honnêtement.
 
Cultivez-vous un lien avec le Portugal ? Qu'est ce que ce pays vous évoque ?

Mon amoureux travaillait pour une compagnie qui avait une filiale au Portugal. Cette dernière était la plus petite filiale de la compagnie mais aussi la plus performante alors il parlait du Portugal avec enthousiasme ! J’ai également un ami sommelier que je suis sur Instagram car il fait des photos de paysages du Portugal absolument sublimes, j'ai donc toujours appréhendé le Portugal comme un pays de rêve ! Je dois aussi dire que depuis que je suis arrivée, et cela fait seulement 36 heures, les gens sont incroyablement gentils avec moi, et il est rare de se sentir très vite chez soi dans un pays mais c'est mon cas avec le Portugal.
 
Avez-vous de prochains projets ?

Je suis en train d'écrire une pièce de théâtre. Rien n'est encore fixé. Et à l'aéroport, avant de prendre l'avion, j'ai également eu l'idée d'une série télévisée qui a commencé à germer dans mon esprit. Nous verrons ce que tout cela donne !

En savoir plus : Festadafrancofonia.com

 

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