Maria Lamas est une figure incontournable du XXème siècle au Portugal. Écrivaine photographe reporter et journaliste, cette femme de tous les combats est une figure féministe trop souvent oubliée dans les livres d'histoire qui n'en est pas moins une personnalité marquante du siècle dernier. Une exposition en son honneur est organisée à la Gulbenkian, à Lisbonne jusqu´au 28 mai et à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars, la médiathèque de l’Institut Français organise également un cercle de réflexion autour des écrits et des vies de Maria Lamas et Maria Archer en ce qu'elles sont des figures féministes du siècle dernier.
Une femme de lettres engagée
Journaliste et écrivaine, pédagogue et chercheuse, traductrice et photographe, combattante des droits humains et civiques en période de dictature, Maria Lamas est une figure humaniste de son siècle. Née en 1893 à Torres Novas et morte un siècle plus tard en 1983 à Lisbonne, Maria da Conceição Vassalo e Silva que nous connaissons mieux sous le nom de Maria Lamas est issue d'une famille bourgeoise et lettrée. Divorcée de son premier mari puis séparée du second, mère de trois enfants issus de deux pères différents, elle figure parmi les personnalités féministes et indépendantes de son siècle. Elle obtient son premier poste en tant que journaliste durant la première guerre mondiale, en écrivant pour les journaux Correio da Manhã et A Época. Elle devient à ce titre l’une des premières femmes journalistes du Portugal, et par la même occasion une figure féministe en tant que femme active subvenant aux besoins de ses deux filles tout en assumant être engagée dans une instance de divorce.
Maria Lamas tient son nom de son second mari, Alfredo Da Cunha Lamas dont elle ne divorce pas, bien qu’ils soient séparés. Maria Lamas commence alors à écrire pour de nombreux journaux tels que O Século, au sein duquel elle dirige la revue féminine Modas & Bordados. Cette revue a ouvert le débat autour de la condition féminine. Entre débat autour du droit au bonheur et lutte pour l'émancipation des femmes, le nom de Maria Lamas commence à être associé à la notion de féminisme au Portugal. Cette dernière rejoint par ailleurs le Conseil National des Femmes Portugaises afin d'élever le débat à une dimension plus politique. Elle écrit à cette même période pour de nombreux journaux tels que O Almonda, A Joaninha, A Voz, A Capital et Diário de Lisboa.
En tant qu’écrivaine, Maria Lamas publie également divers ouvrages allant de recueils de poèmes tels que Humildes en 1923, ou encore des romans comme O Caminho Luminoso en 1928, ou même des livres pour enfants comme La Montanha Maravilhosa en 1933. Elle est aussi connue pour un important travail de recueil d’informations et de photographies dans le cadre de la publication de As Mulheres do Meu País en 1948, ouvrage au sein duquel elle retranscrit la vie de femmes portugaises issues de milieux populaires ou ruraux.
Son activité politique
Ses écrits et opinions ont largement dépassé la sphère journalistique puisque l'engagement de Maria Lamas se prolonge très largement dès 1945 alors que cette dernière commence à travailler pour le Conseil National des Femmes Portugaises. Dès 1946, en combattant le régime fasciste de Salazar, ses idées aussi féministes que libertaires lui valent d'être emprisonnée à plusieurs reprises avant qu'elle ne s'exile à Paris entre 1962 et 1969. Elle y fréquente des cercles éclairés et se liera notamment d'amitié avec Marguerite Yourcenar dont elle partage les idées.
Maria Lamas participe à plusieurs congrès mondiaux pour la paix. Elle s'est déplacée à Hiroshima afin d'assister à la troisième conférence contre les bombes A et H.
Elle revient au Portugal dans les années 1970 et célèbre la révolution des Oeillets. En 1983, elle reçoit la médaille Eugenie Cotton qui lui est attribuée par la Fédération Démocratique Internationale des Femmes en l'honneur de ses nombreux combats et travaux autour de l'émancipation de la Femme.
Une exposition à la Fondation Calouste Gulbenkian en l'honneur de Maria Lamas.
Jusqu’au 28 mai 2024, une exposition sur Maria Lamas est organisée dans le hall de la bibliothèque d´art Gulbenkian. Cette exposition retrace les temps forts de sa vie, donne à voir quelques objets lui ayant appartenus tels que sa machine à écrire, ou même quelques représentations peintes ou sculptées de Maria Lamas par de grands noms tels que Júlio Pomar ou encore Júlio de Sousa. A cela s'ajoute une exposition photographique inédite de 67 clichés qu'elle a capturé dans le cadre de son travail pour As Mulheres do Meu País.
Le 8 mars à 19h la médiathèque de l´Institut Français du Portugal présente « As Duas Marias » : les écrits féministes de Maria Lamas et Maria Archer pendant l’Estado Novo.
Pour célébrer la journée de la femme le vendredi 8 mars, la médiathèque de l’Institut Français organise un événement une table ronde où seront invitées Isabel Henriques de Jesus, Maria Manuela Aguiar, Susana Moreira Marques et Irène Pimentel.
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