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Nouveaux défis pour Hong Kong au Moyen-Orient

photo John Lee Moyen Orientphoto John Lee Moyen Orient
@HK government
Écrit par Baptiste Salis
Publié le 15 février 2023, mis à jour le 16 février 2023

John Lee, le chef de l’exécutif hongkongais, est rentré souriant samedi matin de sa visite de huit jours au Moyen-Orient. Sa délégation s’est rendue à Riyad, en Arabie Saoudite puis à Abou Dhabi et à Dubaï. Retour sur cette semaine clé pour l'avenir de Hong Kong, qui s'inscrit dans un contexte de redistribution des cartes entre les Etats Unis et la Chine.

Des enjeux importants pour Hong Kong

Parmi les résultats positifs liés à la visite du Chief Executive figurent les discussions fructueuses avec les investisseurs sur place, conclusion de 9 protocoles d'accord, lettres d'intention entre des entreprises de Hong Kong et leurs partenaires du golfe et annonce d’une collaboration dans le domaine de la finance verte et de la durabilité. L’un des objectifs principaux de la visite de John Lee au Moyen-Orient était de rassurer quant à la situation liée au covid-19 dans la RAS. Il a d’ailleurs déclaré que la ville était désormais « largement ouverte » aussi bien au tourisme qu’aux entreprises et qu’elle était de retour « au cœur de l'arène mondiale ». Le but était aussi de poser un jalon pour entretenir à l’avenir des contacts plus réguliers avec la région. 
Le chef de l’exécutif souhaitait montrer qu’Hong Kong avait définitivement renoué avec le monde après trois années de pandémie, en poursuivant l’exploration de nouveaux marchés et en intensifiant la diversification des capitaux au Moyen-Orient. Il s’agit pour Hong Kong de poursuivre sa politique visant à allouer ses capitaux à un plus grand nombre d'actifs, notamment dans des pays en développement, pour éviter l’écueil d’une trop grande volatilité. 

Nouvelles opportunités et nouveaux partenaires

Cette diversification est la tâche essentielle du gouvernement, chargé d’ouvrir de nouvelles opportunités, là où pour l’instant le secteur privé poursuit largement ses investissements en Occident. Dans un tel contexte de tension sino-américaines, ces efforts de promotion et de diversification sont ambitieux, même si de nombreuses entreprises considèrent comme essentiel de maintenir les liens qu’elles entretiennent avec les marchés existants dans les pays développés. 
Le gouvernement s’est déplacé à treize reprises hors du territoire depuis sept mois, date de son entrée en fonction, majoritairement dans des pays d'Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient. Cette visite fut la troisième dans la région.
La mission de John Lee, qui a présenté Hong Kong tout le long de son séjour comme un centre financier international jouissant d’une libre circulation des professionnels et des fonds, a donc consisté à entériner le retour de Hong Kong sur la scène internationale et à renforcer son rôle de facilitateur de longue date de l'initiative "Belt and Road", plan chinois pour s’ouvrir au commerce mondial.

Villes intelligentes et carburants durables pour l'Arabie Saoudite

Les lettres d’intentions signées durant cette visite portent sur l'utilisation de la technologie d’Hong Kong, particulièrement reconnue par les puissances du Golfe, pour le développement de villes intelligentes. John Lee a d’ailleurs noté le vif intérêt des puissances de la zone concernant le renforcement de leur présence à Hong Kong. Pour les deux parties les intérêts sont grands : Pour les institutions et le secteur privé du Moyen-Orient, établir un siège régional à Hong Kong afin de pénétrer le marché chinois, pour Hong Kong, réaffirmer son rôle essentiel de porte d'entrée pour le continent et plus directement pour l'énorme marché de la région de la Grande Baie et du Guangdong.
La visite du chef de l’exécutif au Moyen-Orient aura déjà permis à la société d'intelligence artificielle hongkongaise Insilico de s’associer avec la compagnie pétrolière saoudienne Aramco pour développer notamment des carburants durables et améliorer la longévité des matériaux utilisés dans la construction. Un protocole d’accord a été signé mardi 7 février à Riyad, dans un contexte où de plus en plus de sociétés spécialisées dans la découverte de médicaments grâce à l'intelligence artificielle cherchent à appliquer cette dernière à un plus grand nombre de domaines.

Une opération de séduction réussie

John Lee a fortement encouragé durant sa visite la venue du géant pétrolier public saoudien Aramco, exprimant le souhait qu'il s'introduise en bourse à Hong Kong. Décrocher une double cotation d’ici peu avec le géant saoudien, dont la capitalisation boursière atteint 2400 milliards de dollars (dépassant ainsi Apple Inc.) achèverait l’opération séduction qui a lieu depuis trois mois, après que le ministre des Finances de la ville annonçât lors de son voyage à Riyad fin octobre que la bourse de Hong Kong avait tendu la main au géant pétrolier.
La compagnie pétrolière était entrée en bourse pour la première fois sur le marché intérieur en 2019, ce qui avait constitué la plus grande introduction en bourse jamais réalisée dans l’histoire.
Une double cotation a de nombreux atouts, elle permettrait de réduire la dépendance financière de la compagnie en lui donnant accès à un marché plus important et faciliterait aussi bien la levée de fonds en devise étrangère que l'entrée dans son capital de nouveaux investisseurs. Une double cotation améliorerait également la notoriété d’Aramco et l’accès à ses ressources par ses différents partenaires.

Un contexte international en recomposition

Le contexte de fortes tensions sino-américaines encourage des partenariats comme ceux-ci, motivés par la relation de plus en plus orageuse entre les pays de l’OPEP et les Etats-Unis, depuis que ces derniers sont devenus premier producteur mondial de pétrole et de gaz de schiste, les rendant autosuffisants. Cette nouvelle donne crée une situation géopolitique inédite, qui encourage l’Arabie Saoudite et les autres Etats du Golfe à imaginer l’après-pétrole. Quoi de mieux pour cette dernière que de se tourner désormais moins scrupuleusement vers son premier client et premier fournisseur, la Chine. 
John Lee a donc rencontré Amin Nasser, Président-directeur-général d’Aramco dans une atmosphère qu’il qualifie de « très positive », sans révéler toutefois l’avancement des discussions sur un accord. On sait cependant que les pourparlers se sont bien déroulés, et qu’il s’agira seulement par la suite pour le chef de l’exécutif de préparer le terrain. 

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