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Hong Kong devient un acteur majeur de la dédollarisation

Depuis le lundi 19 juin, la Bourse de Hong Kong vient de donner la possibilité d’acheter 24 de ses plus grandes actions en renminbis, alors qu’elles n’étaient jusqu’à présent payables qu’en dollars de Hong Kong. Il s’agit d’une nouvelle étape vers la dédollarisation de la Chine et du monde.

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"Billets de 100 dollars américains et de 100 yuans" par br컞torres@gmail.com. Public Domain Mark 1.0.
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 26 juin 2023, mis à jour le 26 juin 2023

De grandes actions en yuans

Tencent Holding, Ali Baba Group, AIA Group… Il est désormais possible d’acheter des actions de ces géants chinois à la Bourse de Hong Kong en renminbis. Certes, le démarrage a été timide lundi 19 juin. Ce jour-là, les trois premiers compteurs de yuans les plus négociés en nombre d’actions échangées étaient CNOOC, China Mobile et Geely Auto, trois titres en hausse alors que l’indice hongkongais était en baisse.

Cette entrée progressive en matière s’explique par le fait que les achats ne peuvent être financés pour l’instant que par les 833 milliards de la réserve offshore de yuans de Hong Kong. Mais à terme, le Hong Kong Stock Exchange (HKEX) souhaite attirer également les investisseurs du Mainland à travers le canal d’investissement Stock Connect qui relie les places financières de Hong Kong, Shenzhen et Shanghai.

Le yuan numérique s’impose

Au-delà des places boursières, le yuan s’invite de plus en plus dans la vie quotidienne des Hongkongais. Ainsi, en décembre 2022, la Bank of China a offert de nombreux cadeaux aux 500 premiers Hongkongais qui ouvraient des comptes en yuans numériques (e-CNY), et a très vite trouvé preneur.

Au niveau du pays dans son ensemble, depuis janvier 2023, Pékin a décidé d’inclure l’e-CNY dans le calcul de sa masse monétaire. Il faut dire que depuis deux ans, des expériences ont permis d’utiliser ce yuan numérique dans des essais de vente au détail. A terme, si elle parvient à étendre ce système, la Chine espère ainsi déloger le dollar américain de son statut de monnaie d’échange du commerce international, du moins en Asie et au Moyen-Orient.

D’ores et déjà, de plus en plus de transactions internationales s’effectuent en yuans, par exemple la récente importation de pétrole brut russe par le Pakistan ou encore l’échange de gaz naturel liquéfié en mars entre TotalEnergies et CNOOC.

De plus, avec l’essor de la fintech, le yuan numérique pourrait même s’imposer dans les transactions quotidiennes de nombreux pays. Comme il n’existe pas de dollar numérique pour l’instant, la Chine pourrait ainsi bénéficier d’une prime au premier entrant.

Motifs stratégiques

Le but pour la Chine est donc de fournir une devise numérique sûre, facilement réutilisable, qui, surtout, évitera les soucis juridiques, financiers et stratégiques du « tout-dollar ». Sur le plan du droit, les sanctions contre les oligarques russes ont incité de nombreux pays non alignés à éviter à tout prix l’usage de dollars qui les rend justiciables au pays de l’Oncle Sam. Sur le plan financier, la dette américaine galopante fait craindre à de plus en plus d’investisseurs le moment où les détenteurs de billets verts voudront s’en débarrasser à tout prix, faisant ainsi s’effondrer le cours du dollar.

Enfin, sur le plan stratégique, il devient de l’intérêt de nombreux pays, y compris alliés des Etats-Unis, d’éviter un monde monétaire unipolaire, où Washington aurait le droit de vie ou de mort économique sur de nombreuses entreprises en leur coupant l’accès au dollar. L’objectif est encore lointain. Même si, au quatrième trimestre 2022, le dollar ne représente plus que 58% des réserves de devises dans le monde, il se trouve encore impliqué dans 90% des transactions de change dans le monde.

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