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Fruit Chan : “Garder vivant le cinéma indépendant à Hong Kong ”

Fruit Chan et son œuvre sont mis à l’honneur cette année par le 48ème Festival International du Film de Hong Kong qui se tient du 28 mars au 8 avril. Nous avons eu le privilège d’interviewer le célèbre réalisateur hongkongais qui anime cette année le jury du Prix du Jeune Cinéma, occasion de revenir avec lui sur sa carrière et ses projets.

fruit chanfruit chan
Écrit par Didier Pujol
Publié le 20 mars 2024, mis à jour le 22 mars 2024

Fruit Chan, cinéaste du quotidien de Hong Kong

Plus que tout autre, la filmographie de Fruit Chan se distingue par l’intérêt pour la vie des gens ordinaires et les bouleversements sociologiques qui affectent Hong Kong, ayant souvent recours à des acteurs amateurs. Révélé par « Made in Hong Kong » en 1997, année de la Rétrocession de Hong Kong à la Chine, Fruit Chan a aussi fait parler de lui avec sa trilogie de la prostitution avec «Durian Durian», « Hollywood Hong Kong » et le dernier en date « Trois maris » en 2018, tantôt comique tantôt provocateur, dont les protagonistes vivent sur un bateau au large de Tai O avec le pont de Macao en toile de fond. Son traitement de la société hongkongaise en mutation obéit à un style dépouillé, inspiré du maître japonais Ōshima qu’il admire.

Je fais les films dont j’ai envie

Vous avez documenté la transformation de Hong Kong. Quels changements voyez-vous et comment vous adaptez-vous ?

Les changements sont énormes à Hong Kong ces dernières années mais ce qui me frappe le plus, c’est la perte de ce qui rendait Hong Kong si spécial. Le renforcement du contrôle de la Chine continentale joue énormément dans l’industrie du cinéma et il faut naturellement tenir compte du contexte si l’on veut tourner un film important. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer de créer des histoires originales. Le contexte est différent, c’est tout. Jusqu’à ce jour, je continue de faire les films qui me conviennent, de façon indépendante. Je ne cherche pas à plaire mais à faire les films dont j’ai envie, sans format prédéfini et dans plusieurs styles. Le fait que je travaille à petit budget me permet de rester relativement libre et j’espère que les nouvelles générations de cinéastes pourront continuer à travailler ainsi.

Les changements sont sources de créativité

Qu’est ce qui a changé pour le cinéma depuis vos débuts il y a 40 ans ?

Hong Kong est devenue une petite ville et il est difficile de prévoir ce que le futur nous réserve. Il est vrai que le cinéma traditionnel de Hong Kong rencontre plus de difficultés aujourd’hui car la concurrence des films de Chine continentale qui disposent de moyens colossaux est rude. Ceci étant, pour les jeunes les changements sont certainement facteurs de nouvelles opportunités car pour les jeunes réalisateurs qui veulent sortir du main stream, les évolutions sont aussi sources de créativité. Je suis de tout cœur avec la nouvelle génération et suis certain que de nouveaux talents vont émerger.

Tant que je tourne, je ne me sens pas vieillir

Vous contribuez au cinéma comme scénariste, producteur, réalisateur et producteur. Que préférez-vous et sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Je ne suis pas fermé du moment que je peux travailler sur des sujets intéressants. La multiplication des expériences me permet de progresser et je suis heureux de contribuer à la réussite de projets grâce à mon propre savoir-faire. Je suis encore en train de finir un film et qui va bientôt entrer en post-production. Si tout va bien, il devrait sortir à la fin de l’année. Je ne sais pas encore ce que je vais faire après mais je souhaite continuer à travailler de la manière la plus indépendante possible. À ce titre, je suis heureux de voir que mes films sont appréciés en dehors de Hong Kong et cela m’encourage à continuer à faire des films toujours plus variés. Filmer est ma raison d’être et tant que je tourne, je ne me sens pas vieillir.

190 films d’exception à voir à Hong Kong

Avec 62 pays pour 190 films projetés, dont 10 des films les plus emblématiques de Fruit Chan, l'édition 2024 du Festival est particulièrement riche. Parmi les nouveaux films, on retient tout particulièrement « All shall be well » du Hongkongais Ray Yeung qui met en lumière la communauté LGBTQ+ marginalisée de Hong Kong, à travers une histoire d'émancipation tardive. Magnifique et sensible « Love Lies » de Ho Miu-ki, une histoire de romance virtuelle qui se révèle être une arnaque en ligne qui pose la question de ce qu’est le « véritable amour » car l'amour, une fois cru, est réel. « Fresh Off Markham », une comédie noire à trois mains de Kurt Yuen, Cyrus Lo, Trevor Choi qui met en scène un immigrant chinois et un petit escroc tentant de cambrioler un restaurant japonais au Canadas avant de fuir en compagnie d’un chauffeur Uber noir et d’un influenceur hongkongais. Une satire sur l'absurdité à laquelle sont confrontés les immigrants chinois. « Cinema Strada » de Donna Ong, une promenade au fil de la carrière de Law Kar, alias Oncle Kar, permet de mesurer les 80 ans de changements et d’histoire du cinéma de Hong Kong à travers un voyage nostalgique. Mémorable ! « Obedience » de Wong Siu-pong : Pendant que les morts sont transportés dans le quartier de Hung Hom vers les salons funéraires voisins, les vivants envahissent les rues animées. Ce film est en sélection officielle du Festival international du film de Rotterdam.

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