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POLITIQUE - L’Union Européenne prendrait-elle le risque de destabiliser un pays fragile?

Écrit par Lepetitjournal Haiti
Publié le 11 juin 2016, mis à jour le 16 juin 2016

Après les élections frauduleuses qui se sont tenues en Haïti à la fin de l'année 2015, il avait été décidé de former une commission de vérification des élections pour le recomptage d'un échantillon de 25% des votes. Ce recomptage s'avérait nécessaire afin d'éviter un chambardement qui pourrait même aboutir à une guerre civile. Cependant toutes les instances, surtout certaines missions internationales, fatiguées de voir les élections renvoyées, voulaient procéder au deuxième tour, malgré les fraudes constatées.

Après un mois de travail cette commission de vérification (CIEVE) constata la fraude et  recommanda l'annulation et la reprise des élections au niveau présidentielle tout en maintenant les législatives.

Par rapport à ces recommandations, en date du 30 mai 2016, le nouveau conseil électoral CEP adopta une résolution en plusieurs points dont l'un sera de reprendre le 1er tour de la présidentielle, dans le cadre de la poursuite du processus électoral.

« Le nouveau conseil électoral compte prendre toutes les mesures indispensables, visant à améliorer la machine électorale et à la rendre plus transparente, plus rigoureuse et plus fiable », soulignait son président, Léopold Berlanger.

Cependant L'Union Européenne, dans une note de presse, déclare ne pas accepter que les élections présidentielles frauduleuses se fassent à nouveau et met ainsi fin à sa mission d'observation électorale. Une annonce qui risque de provoquer des conséquences graves sur l'avenir d'Haïti et peut créer et raviver les risques de guerre civile. La Haute Représentante de l'Union Européenne a-t-elle été mal conseillée ou a-t-elle été influencée au point de prendre une position qui va à l'encontre des conclusions de la Commission de Verification des Elections (CIEVE). Conclusions qui finalement ont obtenu l'assentiment de tous, exceptés bien sur de ceux qui sont directement ciblés par les fraudes.

La Haute Représentante de l'UE pour les Affaires Etrangères et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, affirme avoir décidé de clôturer cette mission, après consultation de Elena Valenciano, chef de la mission d'observation électorale de l'UE en Haïti. Elle appelle en outre les autorités haïtiennes et tous les acteurs politiques à faire preuve de sens de responsabilité face aux nombreux défis urgents auxquels fait face le pays. L'Union Européenne ne se rend t'elle pas compte du danger auquel ces déclarations exposent le pays ?

Elena Valenciano déclare que « les conditions ne sont plus réunies pour la continuation des travaux de la MOE-UE ». Dans une déclaration en date du 8 juin, transmise à AlterPresse, elle souligne que la décision finale de suivre le processus électoral revient maintenant à la haute représentante de l'UE pour les Affaires Etrangères et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini.

Elle invite les autorités haïtiennes à déployer tous les efforts pour sauvegarder le cadre institutionnel en place.

Cette action est importante « afin de reconnaître l'engagement civique des haïtiens qui se sont rendus aux urnes, en démontrant ainsi leur volonté d'avancer dans la construction d'un pays démocratique et juste », ajoute-t-elle.

Ce sont des valeurs auxquelles nous restons particulièrement attachés, poursuit Valenciano.

D'après l'Agence AlterPresse, déployée en Haïti depuis juillet 2015 pour observer les législatives, municipales et le premier tour de la présidentielle d'octobre 2015, la Moe UE avait conclu que celles-ci étaient globalement conformes aux normes internationales, en dépit d'un certain nombre de failles et d'irrégularités observées. Celles-ci, selon elle, n'étaient pas de nature à altérer les résultats dans leur ensemble. Mais ce n'était pas l'avis de plusieurs organismes et organisations qui ont aussi participé à titre d'observateurs.

La mission de l'UE s'en est prise au travail de la Commission Indépendante d'Evaluation et de vérification électorale (CIEVE) qui, dit-elle, comporte de nombreuses faiblesses factuelles, légales, conceptuelles et méthodologiques.

« Les conclusions principales de la CIEVE se fondent essentiellement sur l'analyse des procès-verbaux de carence et les listes d'émargement ».

Le CORE Group qui s'est aussi montré réticent à une vérification des élections de 2015 au même titre que la Moe UE a appelé « tous les acteurs haïtiens à respecter scrupuleusement » le nouveau calendrier électoral 2016-2017. Quelle sagesse! Ne vaut-il pas mieux reconnaitre qu'on s'est trompé et continuer à aller de l'avant ?

Au cours des élections frauduleuses du 25 octobre 2015, la mission d'observation électorale de l'Union Européenne (Moe UE) a dressé un bilan positif du déroulement des élections législatives, municipales et de la présidentielle du dimanche 25 octobre 2015, à travers les différents départements du pays, lors d'une conférence de presse, donnée à la mi-journée et à laquelle avait assisté l'agence en ligne AlterPresse.

 « On aura réussi  à écouter clairement la voix des Haïtiennes et des Haïtiens, leurs opinions, leurs souhaits ainsi que leurs désirs pour ce pays », relève le chef de la Moe UE, l'Espagnole Elena Valenciano.

Elle en profita pour relater des retards dans l'ouverture de plusieurs centres de vote, à cause du temps pris pour contrôler les bulletins de vote disponibles.

Il y a eu une très bonne volonté de la part des responsables de bureaux, des mandataires et des électeurs, constatait-t-elle a l'encontre de la plupart des observateurs et organismes de défense des droits humains.

Les incidents relevés ne sont pas si graves, tentait-t-elle de rassurer, tout en applaudissant la présence très visible de la Police nationale d'Haïti (PNH) pour garantir une ambiance de sécurité, favorable au vote sans faire mention, bien sur, des mises en garde de Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains, concernant la participation d'agents de cette même force de police dans la fraude électorale.

Les mesures, adoptées par le CEP, ont aidé à ce que cette journée soit beaucoup mieux préparée, indique-t-elle.

Une meilleure formation des responsables de bureaux, la clarté des listes électorales et le rôle des mandataires ont été parmi les aspects positifs soulignés.

 

Pourquoi Mme Velenciano trouve des circonstances atténuantes à l'ex CEP de 2015 et pas à la Commission d'Evaluation (CIEVE) en tenant compte de la précarité des infrastructures et équipements?

 

Pendant que Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), dénonçait que «ce qui s'était passé était un accroc à la démocratie en Haïti et que les droits du peuple haïtien avaient été bafoués» et affirmait qu' «avec la complicité de la police et de la justice haïtienne, des individus sont entrés dans les centres de vote avec des armes automatiques pour empêcher les citoyens de voter», Mme Elena Valenciano chef de la mission de l'UE disait constater une grande participation à l'ambiance calme et sécuritaire qui avait régné durant la journée électorale et en dépit des retards et irrégularités observés dans plusieurs centres de vote de plusieurs départements du pays, la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE-UE) disait-elle a dressé un bilan positif du déroulement de cette journée électorale. C'était au déshonneur de toute l'Union Européenne dont les membres les plus courageux vivant dans le pays se sont sentis obliges de signer conjointement une pétition pour bien se démarquer de leurs représentants inconséquents.

Parce que nous ne voulons pas rester dans un silence complice.

Lettre ouverte aux ambassades des pays membres du « CORE Group » et à l'Union Européenne en date du mercredi 27 janvier 2016. 

Le vendredi 22 janvier, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) a annulé pour la troisième fois le second tour des élections présidentielles en Haïti. Quelques heures plus tôt le même CEP renouvelait sa confiance dans la réalisation des joutes. Le président Martelly avait également confirmé la tenue du scrutin du 24 janvier dans une adresse à la nation le jeudi 21 dans la soirée. Les retournements de situation des derniers jours ont achevé de décrédibiliser un processus électoral démarré il y a près de 6 mois, et décrié chaque jour un peu plus fort au sein de la société haïtienne, depuis le premier tour du scrutin législatif, le 9 août.

La communauté internationale ? à quelques exceptions près ?continue pourtant à soutenir ledit processus. Dans son dernier communiqué du dimanche 24, la Mission d'Observation Electorale de l'UE (MOE-UE), « réitère son soutien au processus électoral haïtien et elle maintient la nécessité de respecter les résultats électoraux du scrutin du 25 octobre 2015 qui a placé les candidats Jovenel Moïse et Jude Célestin au second tour des élections présidentielles. » Et pourtant...

Le rapport de la commission d'évaluation électorale indépendante (CEEI) des élections du 25 octobre 2015 révèle que « certains résultats obtenus indiquent que le niveau de certaines irrégularités graves est très élevé » et recommande un « examen plus approfondi au plan technique de la responsabilité de la machine électorale dans les irrégularités souvent assimilées à de la fraude massive ». [1] Le même rapport recommande vivement « un dialogue politique entre les différents acteurs du pays pour poursuivre le processus et espérer une participation appréciable aux élections et la paix sociale ».

Dans son rapport [2] la MOE-UE quant à elle, semble ne pas avoir vu d'irrégularités suffisamment graves pour remettre en doute le processus. Ce rapport conforte les rares partisans d'une poursuite du processus. De son côté, l'UE salue le rapport de la CEEI mais préfère défendre l'application des « recommandations et analyses » de « sa » mission d'observation [3]. Ainsi, alors que les deux principales recommandations formulées dans les conclusions du rapport de la CEEI n'ont pas été suivies d'effets, l'UE est restée « déterminée à poursuivre son appui au processus électoral et à continuer à l'accompagner dans les différentes phases ».

Les observateurs internationaux n'auraient donc pas « vu » d'irrégularités pouvant laisser présager des fraudes massives, mais les représentants des « pays amis » ont-ils fait le décompte des secteurs de la société civile haïtienne qui soutiennent encore le processus électoral ? Ces derniers jours, le forum économique, les Eglises Catholique et Protestante, les principales organisations de la société civile haïtienne - les mêmes que l'UE soutient de longue date à travers ses programmes de renforcement de la société civile - se sont tour à tour prononcés contre la poursuite de cette course électorale.

Les représentants des pays amis n'ont-ils pas vu, ces derniers mois et ces derniers jours, se multiplier les actes de répressions ? N'ont-ils pas entendu les alertes lancées par de nombreuses personnalités du secteur des droits humains ? Ignorent-ils que des affrontements liés au processus électoral bloquent des villes entières ?

Au cours du weekend écoulé, les signes inquiétants de polarisation de la situation se sont faits de plus en plus clairs, et il en faudrait peu pour que tout cela ne dégénère très sérieusement, ajoutant aux difficultés de la population haïtienne. Dans un contexte aussi explosif, et après des mois de jusqu'auboutisme, les acteurs de la diplomatie, souvent taxés d'ingérence dans le pays, devraient, selon nous, s'en tenir à une neutralité claire et s'abstenir de toute ambiguïté. La résolution de la crise actuelle revient aux acteurs haïtiens.

Nous regrettons l'amalgame ? certes compréhensible - entre les étrangers, les ONG ou entreprises étrangères et les ambassades, alors même que beaucoup d'entre nous ne partagent pas la position des dites ambassades.

Nous, citoyens de pays membres du « Core Group », nous sentons très inconfortables dans la prise de position de nos représentants, nous ne la comprenons pas et voulons le faire savoir.

 

 «En 2015, on ne peut pas organiser des élections comme ça en Haïti», s'énerve Pierre Espérance. «Les autorités haïtiennes doivent beaucoup plus de respect pour le peuple haïtien».

A cette époque Elena Valenciano, chef de la mission d'observation électorale de l'Union européenne, dans des déclarations à l'AFP reconnaissait les lacunes :

«On a visité des centres de vote qui étaient vraiment très petits et où, forcément, les isoloirs et les listes étaient sur la même table», Mais parce qu'il n'y avait qu'une petite table. Et donc c'est aussi à voir pour les prochaines élections d'essayer d'avoir une infrastructure un peu meilleure. Mais c'est vrai que ce pays a beaucoup de problèmes par rapport aux infrastructures : tous ces centres qui ont été détruits et qui n'ont pas encore été reconstruits. C'est vraiment presque une logistique de guerre que nous avons ici en Haïti. »

«Il suffit qu'un seul Haïtien n'ait pas pu exercer son droit de vote pour que ce soit un souci pour nous», soulignait-t-elle.

«Le pays a beaucoup de problèmes d'infrastructures, avec tous les centres qui ont été détruits et pas encore reconstruits. C'est vraiment presque une logistique de guerre celle que nous observons ici en Haïti», selon la parlementaire européenne.

Pourquoi  Mme Valenciano s'étonne t-elle et n'accepte t-elle pas les résultats de la Commission de Vérification (CIEVE), d'autant plus qu'elle regrettait tant que les droits civiques des Haïtiens n'aient pas pu être respectés, à cause des violences et du manque de moyens ?

 Elle promettait alors que la mission qu'elle dirige saurait respecter son mandat qui est « uniquement d'observer et non pas se verser dans l'interprétation et la manipulation des résultats des urnes ».

 « Tant que je suis à la tête de cette mission, nous serons là pour aider, mais pas pour rendre plus difficile pour les Haïtiens un processus déjà compliqué »,

« Nous sommes conscients qu'en Haïti comme ailleurs, il y a des attitudes qui ne sont pas correctes », « On n'interviendra pas sur les résultats ni sur l'interprétation des résultats », avait-elle  assuré.  

Mme Valenciano, Haïti vous supplie de tenir votre promesse de l'aider et ne faites pas partie de ceux qui veulent diviser les fils de cette nation pour la tuer à petit feu.

 

Haïti souffre maintenant d'une autre crise politique qui pourrait annuler les gains de ces dernières années.

 

Après les déclarations de Mme Valenciano, nous avons retenus les déclarations de Mme Mogherini, Haute Représentante de l'UE pour les Affaires Etrangères et vice-présidente de la Commission Européenne, patronne de Mme Valenciano, au cours d'une visite en Haïti :

« [...] Haïti a besoin de gouvernement stable et efficace et une opposition constructive, s'élevant au-dessus des différences partisanes, pour diriger la Nation vers un développement durable.

 Je m'attends que tous les acteurs politiques en Haïti assument leur responsabilité pour la stabilité et le progrès. La priorité devrait également être accordée au renouveau législatif, à travers des élections justes et transparentes dès que possible.

 

L'Union Européenne  reste un ami indéfectible du peuple haïtien et continuera à travailler avec ceux qui ont les meilleurs intérêts du pays à c?ur. Nous espérons que cinq ans après [...] Haïti peut aller de l'avant dans l'unité ».

 

En guise de conclusion

 

Mme Mogherini, Haiti  avait entendu votre appel et aujourd'hui vous demande de participer a sa réalisation,  permettez à ce pays d'avoir  enfin tout ce que vous lui souhaitiez au cours de cette visite. L'Union Européenne, amie d'Haïti, doit se ressaisir et nommer immédiatement le remplaçant de Mme Valenciano pour participer à l'observation des prochaines élections prévues pour le 9 octobre 2016, comme le feront d'ailleurs le CORE groupe, les instances internationales et toutes les ambassades étrangères en Haïti, afin d'assurer cette fois la transparence et l'honnêteté des urnes comme il se doit dans toute démocratie, même naissante. La nation haïtienne vous sera reconnaissante. La réussite des élections à venir évitera au pays de connaitre l'instabilité qu'apportent les gouvernements provisoires. Toute tentative de boycotter ces élections ne fera que prolonger l'agonie.

Lundi 13 juin 2016

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Publié le 11 juin 2016, mis à jour le 16 juin 2016

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